Wang Fei fume depuis trente ans, depuis ses années d'école en fait.
Wang a d'abord été attiré par les fumeurs qu'il voyait dans des films, et fumer lui semblait quelque chose de moderne à partager avec ses copains. Aujourd'hui il consomme deux paquets par jour, mais il se rend compte que les endroits où il peut le faire sont plus rares. La cigarette est de plus en plus bannie des hôtels, restaurants et bureaux.
« En plusieurs occasions, quand je fume dans des endroits public, je sens que les gens me regardent et je me sens obligé d'éteindre », a dit Wang à CHINAFRIQUE, ajoutant que le meilleur endroit pour lui est dans la cuisine à la maison où le ventilateur de cuisson peut avaler sa fumée.
La forte pression exercée sur les fumeurs à travers le monde a pour but d'empêcher les non-fumeurs d'inhaler la fumée des autres et d'améliorer la santé dans le monde.
Il y a un an, le 1er mai 2011, le ministère de la Santé de Chine a annoncé l'interdiction de fumer à l'intérieur des bâtiments publics selon les grandes lignes de la Convention cadre sur le contrôle du tabac, un traité international conçu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Bien que Wang pense que cette interdiction ait aidé à réduire l'espace des fumeurs, plusieurs autres trouvent qu'elle a été un échec à cause de sa faible application.
« Je ne vois aucun effet du bannissement depuis l'an dernier. Un collègue fume encore dans mon bureau et je n'ai pas trouvé de moyen efficace de l'arrêter », a dit Xiao Wei, rédacteur d'une revue de Beijing.
Xiao proteste à sa façon en portant un masque protecteur au travail. Mais pas seulement au travail. « Je vais souvent au restaurant et vois plusieurs personnes fumer malgré les affiches "interdit de fumer". Il est rare que les serveurs interviennent », a-t-il dit.
Un gros marché
L'OMS partage la frustration de Xiao concernant la faible intervention de la Chine quant au bannissement de la cigarette dans les endroits publics.
La Chine a signé la Convention cadre sur le contrôle du tabac en 2003 et l'a ratifiée le 9 janvier 2006. Selon ce document, la Chine, en tant que membre, devait bannir totalement la cigarette dans tous les endroits publics et les moyens de transport avant cinq ans.
Toutefois, cinq ans plus tard, en janvier 2011, l'OMS a émis un rapport intitulé « Contrôle du tabac et avenir de la Chine » à Beijing, évaluant les résultats du contrôle chinois. Sur la base d'un système de 100 points, la Chine marquait 37,3, bien près du bas de l'échelle parmi plus de cent adhérents à la Convention.
Cette piètre performance reflète une industrie du tabac hautement monopolisée en vue du profit. Selon un rapport émis par la banque de l'Industrie (siège au Fujian) en mars cette année, les profits nets de la China National Tobacco Corp. en 2010 ont été de 117,7 milliards de yuans (18,68 milliards de dollars), si bien que les 15,7 milliards de dollars de profit de Wal-Mart semblent minimes en comparaison.
Avec 350 millions de fumeurs en 2011, la Chine est le plus grand producteur et consommateur de tabac au monde.
L'OMS a aussi publié qu'environ 1,2 million de fumeurs chinois meurent des méfaits du tabac chaque année, dépassant le nombre total des victimes du sida/VIH, de la tuberculose, des accidents de la route et du suicide dans le monde.
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