Capitaliser sur les succès
passés
Le Forum sur la coopération
Chine-Afrique (FOCAC) approche et tous les participants se
préparent pour cet événement. Nalana Ta-Ama,
ambassadeur du Togo en Chine et doyen du corps diplomatique des
États africains en Chine, a récemment rencontré CHINAFRIQUE pour
nous faire part de ses attentes concernant le Forum. Voici
les extraits de son interview :
CHINAFRIQUE : La
cinquième Conférence mi-nistérielle du Forum sur la coopération
Chine-Afrique (FOCAC) aura lieu en juillet. Qu'est-ce que vous
attendez de cet événement ?
Nolana Ta-Ama : Pour cette
question, permettez-moi d'affirmer pour commencer, que le Forum sur
la coopération Chine-Afrique fait partie du paysage de la
coopération internationale. Il est ainsi une des composantes de
plus en plus incontournables des relations
Chine-Afrique.
Evidemment, cette décision de
relations spécifiques n'a pas émergé ex nihilo. Elle est née de la
volonté qui anime deux pôles qui cherchent à lutter avec
détermination pour sortir du sous-développement, qui sont victimes
d'un même passé historique et englués dans les mêmes structures
endogènes de pauvreté.
Pour en venir maintenant à
votre question, à savoir l'environnement dans lequel se déroulent
les relations de coopération Chine-Afrique (entendez la Chine et
les Etats d'Afrique qui ont décidé à partir du 30 mai 1956
d'établir des relations diplomatiques), il y a lieu de souligner
avec force que l'exigence de l'égalité et du respect mutuel a été
et est toujours le principe de base de référence.
Ainsi, quand l'environnement
international a fait ressortir la nécessité d'envisager autrement
l'effort pour sortir du sous-développement en collant aux réalités
de ce début du 21ème siècle, la Chine et les pays africains se sont
décidés à endosser les objectifs du millénaire pour le
développement formulés par les Nations Unies et qui sont entre
autres, de réduire l'extrême pauvreté et la faim (1), d'assurer à
tous l'éducation primaire (2), de promouvoir l'égalité des genres
et l'autonomisation des femmes (3), de réduire la mortalité
infantile (4), d'améliorer la santé maternelle (5), de combattre le
VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies (6), d'assurer un
environnement humain durable (7), de construire un partenariat
mondial pour le développement (8).
C'est sans doute sur le
fondement de ce dernier objectif, à savoir construire un
partenariat mondial pour le développement, que le couple
Chine-Afrique a décidé que leur partenariat se structure autour de
la base d'un Forum intitulé « Forum sur la coopération
Chine-Afrique » en convenant que ce partenariat devait
s'exercer avec les critères de la coopération Sud/Sud, en vue
d'instaurer une forme de dialogue qui se présenterait comme une
plate forme institutionnalisée pour promouvoir le développement
économique de l'Afrique.
Dans ce cadre, tous les trois
ans, des consultations visent, depuis notamment le 3ème Forum de
2006 qui a vu la participation des Chefs d'Etat africains et
chinois, l'atteinte d'un partenariat stratégique de plus en plus
renforcé en vue de promouvoir une coopération Chine-Afrique sur une
échelle s'étendant à tous les acteurs du déve-loppent
africain.
Ainsi, concernant cette 5ème
Conférence mi-nistérielle qui aura lieu en juillet prochain et qui
se déroulera autour du thème : « Consolider les acquis et
ouvrir de nouvelles perspectives pour le nouveau partenariat
stratégique sino-africain », il sera question de passer en
revue le chemin parcouru dans le développement des relations
sino-africaines jusqu'à ce jour.
Pour la consolidation des
acquis, il est nécessaire d'élargir les membres du FOCAC, en
incluant par exemple le Président de la Commission de l'Union
Africaine, dans la recherche de la maîtrise de la paix par le
développement des infrastructures interétatiques et celui de la
sécurité à l'intérieur et à l'extérieur des frontières étatiques.
L'ambition des consultations ministérielles de ce FOCAC sera sans
doute orientée vers cette fin.
Lors de la quatrième
Conference à Charm el-Cheikh en Égypte en 2009, la Chine a proposé
huit mesures pour promouvoir la coopération sino-africaine. En ce
qui concerne le Togo, est-ce que ces huit mesures ont été
appliquées ? Dans quels secteurs votre pays a-t-il renforcé sa
coopération avec la Chine, dans le cadre du
FOCAC ?
Pour la deuxième question à
savoir si les huit mesures proposées par le Premier ministre Wen
Jiabao, pour le développement de la coopération sont appliquées
pour ce qui concerne le Togo, je répondrai sans ambages, oui !
En effet, en dehors des prêts à conditions préférentielles pour
l'investissement dans les infrastructures, je peux dire qu'à
l'instar des autres pays les moins avancés, le gouvernement chinois
a approuvé la remise des dettes à notre pays et des projets
concernant principalement le creusement de puits, la construction
d'écoles, l'énergie solaire, la coopération et la démonstration des
technologies agricoles, l'offre d'équipements hospitaliers et des
matériels supplémentaires au Centre de lutte contre le palu-disme,
ainsi que l'offre des médicaments contre le paludisme.
Vers quels secteurs
espérez-vous voir le FOCAC concentrer ses efforts pour promouvoir
le développement conjoint de la Chine et des pays africains ?
Pourquoi ?
Les secteurs qui seront sans
doute mis en exergue dans les futurs efforts de promotion du
développement conjoint de la Chine et de l'Afrique, se
concentreront, comme cela transparaît d'ailleurs dans l'esprit des
projets de textes, sur la recherche de la construction de la paix
et de la sécurité à travers des politiques d'intégration et de
développement dans les cadres de l'Union Africaine et du NEPAD,
pour viser la réalisation du développement durable.
Le mécanisme du FOCAC
est en place depuis plus de dix ans. Pensez-vous que ce mécanisme
devrait être réformé en fonction du nouveau développement des
relations sino-africaines ?
Les dix ans de la coopération à
travers le Forum prouvent à suffisance que le mécanisme établi par
lui fonctionne à souhait grâce à des mécanismes de suivi qui
privilégient les consultations permanentes entre les deux parties
du Forum à savoir la Chine et les pays africains.
Evidemment c'est une
construction humaine et comme toute construction humaine, elle est
perfec-tible et c'est à bon escient que par exemple la base du
Forum s'élargit sans cesse, réunion ministérielle après réunion
ministérielle par l'intégration des femmes, du monde des affaires,
des juristes, des ONG et des Universités qui organisent des
think-thanks.
Nous avons noté que le
centre de démonstration de la technologie agricole du Togo, fruit
de l'aide chinois, a été achevé en avril. Que pensez-vous du rôle
du centre en termes de facilitation des échanges agricoles entre
nos deux pays ?
Abordant la cinquième question,
je voudrais souligner que, quand on sait quelle est la place de
l'agriculture dans tout pays africain, donc au Togo, le centre de
démonstration de la technique est salué unanimement comme une
contribution des plus vitales de la Chine au développement agricole
du Togo et des pays de la région.
C'est donc avec un réel motif
de reconnaissance et de satisfaction qu'on enregistre que le
maintien de la recherche sur le développement agricole tient
toujours une place privilégiée dans l'application de cette
contribution pour le développement agricole et dans l'application
des huit mesures retenues pour le Togo.
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