La coopération Chine-Afrique a connu un regain de croissance dans les dernières décennies. Les échanges non-gouvernementaux ont particulièrement réussi à encourager les peuples à apprendre davantage les uns des autres. Et aujourd'hui, cette coopération s'oriente de plus en plus vers les besoins du continent africain.
« L'aide dont nous avons besoin doit servir à construire notre capacité d'auto-développement », explique Luka Biong Deng, économiste et ancien ministre soudanais. Son propos souligne la nouvelle direction de la coopération sino-africaine.
Ces dernières années, les ONG ont joué un rôle de plus en plus actif dans cette coopération. La plupart de ces organisations se consacrent à l'amélioration des conditions de vie des peuples à travers une série de programmes.
En novembre 2010, le réseau chinois des ONG pour les échanges internationaux (China NGO Network for International Exchange ou CNIE), avec d'autres organisations chinoises, mène le programme médical « Opération Lumière au Malawi et au Zimbabwe ». Des médecins chinois mènent des opérations de cataractes sur 600 patients et autres personnes affectées par des maladies oculaires, à coût zéro pour les patients. En 2011, le CNIE a aidé à creuser trois puits à eau au Kenya et au Soudan du Sud. D'autres projets liés à la prévention et au traitement du SIDA et à la protection de l'environnement sont également en cours.
Rita U. Zirimwabagabo est vice-présidente de la Fondation Imbuto, une organisation non-gouvernementale rwandaise. En juillet, elle est arrivée en Chine à l'invitation du CNIE pour participer au deuxième Forum des peuples Chine-Afrique. Le Forum a été organisé pour fournir aux Chinois et aux Africains une occasion de se réunir, de se parler et d'être entendus.
Entouré de ses nouveaux collègues chinois et africains, Zirimwabagabo a fait avancer ses propres idées dans la discussion. « Ce dont l'Afrique a réellement besoin, c'est de l'expérience de la Chine », explique-t-elle. « La Chine devrait nous apprendre à pêcher et non pas seulement nous donner du poisson. Les Africains doivent apprendre à se débrouiller par eux-mêmes. »
Zirimwabagabo pense que la coopération commerciale n'est pas suffisante pour les relations sino-africaines. Les pays occidentaux, explique-t-elle, sont habitués à considérer l'Afrique comme un droit pour obtenir des bénéfices grâce à l'exploitation économique, mais la Chine devrait agir différemment.
Son idée trouve un écho auprès d'Alebachew Zenebe, directeur exécutif du réseau éthiopien Basic Education. « Le modèle de coopération basé sur l'aide extérieure vient tout juste de s'achever », explique ce dernier. « Il est temps de bâtir notre capacité à l'auto-développement. »
En ce qui concerne l'aide chinoise à l'Afrique, de nombreux Africains, même s'ils sont reconnaissants, estiment qu'un modèle donnant-donnant n'est pas suffisant pour le continent.
De nouveaux types de programmes sont désormais accueillis. C'est le cas du programme Chine-Afrique de formation des juristes, organisé par la société juridique de Chine, dont le but est d'aider les pays africains à former plus de professionnels dans le domaine juridique.
Beaucoup d'Africains participant au forum veulent faire en sorte que les résultats de la participation des ONG soient gagnant-gagnant. « Nous devrions penser à ce que nous pouvons faire pour la Chine », a déclaré Joaquim Alberto Chissano, ancien Président du Mozambique. Ce dernier croit qu'il n'est pas raisonnable de toujours voir la Chine comme donateur, et que l'auto-développement revêt une importance supplémentaire pour l'Afrique aujourd'hui. « Vous ne pouvez pas vous développer sans enrichir votre voisin », explique-t-il.
Afin de mieux se diriger vers cette nouvelle direction, certains programmes émergents servent la coopération d'une manière plus pragmatique pour les deux parties. Le programme Chine-Afrique de formation des hommes d'affaires est l'un d'entre eux.
Dans le cadre de ce programme, des stagiaires africains viennent en Chine pour étudier pendant un an et demi. Tous les coûts générés par ces formations sont payés par l'investissement chinois. Le manque d'hommes d'affaires de haut niveau en Afrique est un frein à la coopération économique, et ce programme devrait bénéficier aux deux parties.
La coopération technologique était également au centre des discussions du forum. « Le transfert de technologie a toujours été un aspect important de l'aide chinoise à l'Afrique », explique Wei Jianguo, secrétaire général du Centre international des échanges économiques.
Les efforts effectués par les ONG leur ont valu les éloges des gouvernements chinois. Au forum, la première dame éthiopienne a déclaré officiellement : « En tant que membre du Parlement, je sais comment il est difficile pour un gouvernement de répondre aux besoins de son peuple avec un budget limité. Il est donc très important de collaborer avec les ONG. » |