Le 18e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) est maintenant passé. Cette nouvelle transition politique depuis dix ans est l'occasion de réfléchir sur les relations sino-africaines et observer ce que laisse présager l'avenir.
Les historiens des générations futures regarderont la première décennie du 21e siècle comme une époque de rapprochement entre l'Afrique, le continent comportant le plus grand nombre de pays en développement et la Chine, la nation la plus peuplée du monde en développement.
Avec un volume d'échanges commerciaux entre les deux parties de plus de 160 milliards de dollars, faisant de la Chine le plus important partenaire économique de l'Afrique, il est incontestable que la direction sortante dirigée par le Président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao a géré une période très productive. La coopération sino-africaine sur tous les fronts sous la présidence de Hu et de Wen montre la solidarité Sud-Sud, bien que cette notion ait été contestée par d'autres puissances mondiales à la vue courte.
Il n'est pas étonnant que, dans certains milieux, Hu ait été appelé « l'Africain » en raison de l'impact de la politique étrangère de la Chine de 2006 vis-à-vis de l'Afrique, rigoureusement exécutée par le biais du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA). Les successeurs, le vice-président Xi Jinping et le vice-premier ministre Li Keqiang sont susceptibles d'emboîter le pas pour améliorer encore les relations. En effet, Xi, aujourd'hui secrétaire général du PCC et qui devrait prendre les rênes en tant que président l'année prochaine en mars, s'est déjà entretenu en tête-à-tête avec les dirigeants africains. Son premier voyage en Afrique comme nouveau leader chinois sera prévu bien à l'avance sur le continent.
Les peuples africains montrent un grand intérêt pour le développement de la Chine, qui a touché l'Afrique et poussé l'économie de nombreux pays. Le simple fait que les relations sino-africaines aient attiré l'attention du monde sur le potentiel de l'Afrique à surmonter ses difficultés économiques est déjà une très bonne chose.
La présence de la Chine a bénéficié à l'Afrique de plusieurs manières: créant grâce aux gisements de pétrole une métamorphose économique sans précédent, remaniant les infrastructures intercontinentales et proposant des crédits conséquents pour les projets de développement. En effet, le début des années 2000 était marqué par l'échec du continent africain. Aujourd'hui, il est considéré, au même titre que la Chine, comme un continent en croissance et la direction sortante du PCC a joué un grand rôle dans l'optimisme actuel.
Des chercheurs tels que Dambisa Moyo et Deborah Brautigam l'ont souligné à juste titre ; l'Afrique a bénéficié de l'orientation de la Chine et ces bénéfices sont allés dans les deux sens. Cela reflète bien le modèle de développement, de réforme et d'ouverture de la Chine - en place depuis l'ère Deng Xiaoping - qui met au premier plan les questions économiques avec une ligne idéologique et un système de marché socialiste.
Alors que la Chine, sous l'action du PCC, a toujours offert son aide au développement des pays africains dans divers secteurs, la nouvelle approche axée sur les bénéfices mutuels signifie que l'Afrique a commencé à mettre de côté les effets délétères du « gratuit » et à développer efficacement son activité productive.
En tant que régions en développement, la Chine et l'Afrique font face à des défis économiques, sociaux, culturels et écologiques en cherchant à rattraper les pays développés.
Les dirigeants africains, par exemple, feraient bien d'analyser les « principes de réformes et d'ouverture ». D'une part, cela signifierait que les changements qui ont fait émerger la Chine comme puissance géopolitique majeure deviendraient des lignes directrices. Par exemple, le remaniement prévu du modèle économique pour permettre une plus grande privatisation et les programmes visant à remédier à l'écart de richesse dans la population chinoise sont des questions auxquelles l'Afrique doit aussi faire face. Lorsque le PCC met l'accent sur ces questions cela démontre que la politique du Parti n'est pas non seulement une posture idéologique stérile, mais que celle-ci est mise au service des citoyens pour leur prospérité.
Une des principales leçons que l'Afrique peut retenir de l'expérience de la Chine est que sa politique aurait tout aussi intérêt à être dirigée vers le développement économique et le concours ethnique. De même, la discipline politique ferme affichée par le PCC au cours de la dernière décennie, et controversée surtout en Occident, est quelque chose dont les pays africains peuvent s'inspirer, au regard des risques de guerre civile.
À l'avenir, il est prévu que les relations sino-africaines se poursuivent sur la voie de la croissance. Les points délicats de ces relations tournent bien sûr autour des questions de commerce. Toutefois, lors de la conférence du FCSA en juillet, des mécanismes de recours ont été annoncés, y compris un taux zéro pour les droits de douane sur certains produits africains et une répression à l'encontre des produits qui ne sont pas aux normes et des contrefaçons qui entrent sur les marchés africains. Alors que la nouvelle direction se prépare pour la décennie 2012-2022, beaucoup de défis devront être relevés, telle la question des immigrants chinois, afin de consolider les relations sino-africaines.
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