Un agriculteur observe une fresque de tigres dans le village de Wanggongzhuang au Henan

Depuis 2006, Pan et les membres de son équipe ont visité plus de 200 villages de la province du Shandong dans le cadre d'un projet de recherche sur l'industrie de la culture rurale.

Selon cette recherche, l'industrie de l'art et de l'artisanat est une économie de recyclage typique qui ne pollue pas l'environnement. « Le développement de l'industrie culturelle a favorisé la croissance rurale et la restructuration de l'économie locale », a commenté Pan.

Wanggongzhuang est un des villages qui ont profité de telles mesures. Surtout, la florissante industrie de la peinture lui a permis de prendre un nouvel aspect. Les rues et les places sont propres, les cours sont plus jolies et tout le village est vivifié par la verdure. « Tout cela est dû en partie à la peinture de tigres », a dit Xiao.

Encaisser les profits

Au début des années 1990, Xiao a vendu sept peintures de tigre à 100 yuans ($15,95) chacune. Il a fait sensation dans le petit village. À la fin de la décennie, les « quatre grands maîtres de la peinture de tigres » avaient atteint une certaine renommée. Les voyant tâcher de satisfaire la demande du marché, plusieurs jeunes sont devenus leurs apprentis afin de les aider. Peu à peu, l'industrie a pris forme.

Wang Jianmin, une des quatre maîtres, a dit qu'il n'a plus fait de travail agricole depuis quinze ans. « Je suis reconnaissant envers mon père qui m'a enseigné cet art. » L'artiste tire actuellement plus de 200 000 yuans ($31 898) de revenu par année.

Le commerce a engendré d'importantes retombées économiques pour la population locale. En 2012 seulement, plus de 100 000 peintures de tigres ont été créées et vendues au pays et en dehors, une valeur totale de 60 millions de yuans ($9,57 millions).

Les fermiers du Shandong augmentent aussi leurs revenus en faisant des cerfs-volants, des produits de tissage, de la sculpture sur bois et du macramé chinois, selon la recherche de Pan.

Par exemple, les artistes populaires du village de Yangjiabu ont fabriqué plus de 6,5 millions de cerfs-volants en 2009, pour une valeur totale de 33 millions de yuans ($5,26 millions). Chaque artiste a gagné en moyenne 12 000 yuans ($1 914), ce qui dépasse le revenu moyen des fermiers, soit 7 695 yuans ($1 227) à Weifang la même année.

Les statistiques montrent que le rendement total de l'industrie d'art et d'artisanat en Chine a dépassé 600 milliards de yuans ($95,69 milliards). Neuf provinces dont le Guangdong, le Shandong, le Zhejiang et le Henan sont les plus grands centres de production. 

Envol de l'industrie de la culture rurale

Pour étendre l'industrie culturelle du tigre, Wanggongzhuang a investi 16 millions de yuans ($2,55 millions) dans l'établissement d'une communauté culturelle du tigre comprenant plus de 60 studios pour les fermiers peintres.

À la peinture s'ajoute d'autres produits comme les bonnets en forme de tigre, les chaussures et les oreillers, aussi développés dans ce village et bien accueillis sur le marché.

Actuellement, le village a aussi stimulé l'économie des villages adjacents par son industrie de la peinture.

Toutefois, les arts et l'artisanat qui s'épanouissent dans les régions rurales rencontrent certains problèmes et défis.  

« Il faut accorder davantage d'attention à la qualité quand on fabrique des produits artisanaux », prévient Feng Jicai, membre du 12ème Comité national de la CCPPC, vice-président de la Fédération des cercles d'art et littérature de Chine, et président de la Société nationale d'art et littérature populaires.

Yan Gongda, membre du 12ème Comité national de la CCPPC et vice-président président de la Fédération des cercles d'art et littérature du Jiangsu, est d'accord avec Feng. « Il faut éviter le suremballage et la publicité exagérée, a-t-il déclaré. L'innovation est aussi importante, et les produits doivent satisfaire les besoins pratiques et esthétiques des clients. »

Signification sociale

Comme de plus en plus de fermiers trouvent un emploi dans les villes, la population rurale décroit en plusieurs endroits. Mais dans la province du Shandong, où les arts et l'artisanat sont florissants, de plus en plus de jeunes et de personnes d'âge moyen choisissent de travailler chez eux, selon Pan.

« Il y a des avantages à faire de l'artisanat à la maison. C'est une solution aux problèmes liés à la population vieillissante, et qui incite des travailleurs migrants à retourner en région rurale », dit encore Pan.

« En plus de leurs gains dans la production agricole, les fermiers du Shandong gagent environ 10 000 yuans ($1 595) en moyenne par année en faisant de l'artisanat. C'est un revenu appréciable. »

Travailler chez lui permet à Xiao de passer plus de temps avec sa famille. « Donc il n'y a pas d'enfants laissés sans surveillance et de vieillards abandonnés dans notre village », a insisté Xiao.