Pourtant, cette tournée marquée par l'amitié et la coopération se voit affubler arbitrairement du titre de « néocolonialisme » par certains médias occidentaux. La relation sino-africaine s'est rapidement développée au cours d'une dizaine d'années. C'est pourquoi certains politiciens, médias ou organisations non gouvernementales en Occident pensent que les Chinois ont pris leur « place » en Afrique. Leurs regards convergent donc vers l'action du gouvernement chinois, des entreprises ou des individus en Afrique. Ils observent toutes les imperfections possibles des Chinois à la loupe et voient dans le développement normal de la coopération dans le domaine des ressources un « pillage » de leur part.

En fait, grâce à ses relations économiques plus étroites avec les économies émergentes, telle que la Chine, l'Afrique, « continent sans espoir » auparavant, est devenue un « continent de renaissance ». Selon un rapport récemment publié en février 2013 par la Standard Bank, la croissance du commerce des BRICS avec l'Afrique est beaucoup plus rapide que celle avec les autres pays du monde. Le volume total du commerce entre les BRICS et l'Afrique a atteint 340 milliards de dollars en 2012, soit dix fois plus qu'il y a dix ans. Ce volume devrait dépasser 500 milliards de dollars en 2015, dont 60 % pour le commerce entre la Chine et l'Afrique. À cet égard, le développement des relations entre les BRICS et l'Afrique est mutuellement profitable.

La Chine en tant que partenaire apporte bien plus de bénéfices à l'Afrique que les autres pays. Grâce au commerce sino-africain florissant, des produits bon marché de bonne qualité sont accessibles aux Africains, améliorant leur niveau de vie. De plus, l'Afrique sub-Saharienne, avec une croissance annuelle de 6 % ces dernières années, devient une des régions dont la croissance est la plus rapide (le taux de contribution du commerce sino-africain à la croissance économique d'Afrique est de 20 %). Le renforcement de l'aide, des investissements et du commerce de la part de Chine permet à l'Afrique non seulement de diversifier les sources de l'aide et des capitaux, d'avoir plus de choix, de définir la voie de son développement, d'augmenter les emplois et les recettes fiscales, de former de nombreux talents, ainsi que d'apporter des technologies pratiques destinées au développement actuel. En un mot, le partenariat sino-africain gagnant-gagnant n'est pas qu'une belle parole, mais une vraie réalité.

Sur le plan politique, « la démocratie », « les droits de l'homme » ou « la bonne gouvernance » qui ne sont pas propres à certains pays mais représentent l'espoir des peuples du monde entier, dépendent étroitement du développement économique, du niveau d'éducation et de la démocratie. Dans ce sens, les mesures prises par la Chine en Afrique, telles que la coopération économique et commerciale, la construction d'infrastructures, l'amélioration des conditions de vie du peuple, la réduction de la pauvreté et la formation des talents africains, visent à renforcer la base économique et celle des ressources humaines dans la perspective d'installer la démocratie et la bonne gouvernance.

En ce qui concerne les accusations d'une aide « sans condition préalable » accordée à l'Afrique par la Chine et défavorable à la démocratie africaine et à la lutte contre la corruption, Deborah Brautigam, enseignante à l'American University et experte en relations sino-africaines, a objectivement indiqué dans son livre The Dragon's Gift : The Real Story of China in Africa que malgré des problèmes concernant les soutiens de la Chine à l'Afrique, celle-ci n'est pas un mauvais donateur. La Chine aide à contrôler la corruption à travers son soutien et ses investissements commerciaux, qui, contrairement à ceux de la Banque mondiale ou des autres donateurs, ne passent pas entre les mains des gouvernements des pays bénéficiaires. En général, après avoir réalisé un accord, les capitaux sont transférés directement depuis la Banque de Chine à l'entreprise de construction chinoise en charge d'un projet, afin d'éviter toute corruption de la part des fonctionnaires. De plus, rien ne prouve que l'aide inconditionnelle de la Chine ne nuise à la situation de la démocratie du pays receveur.

« Les mentalités ne doivent pas rester ancrées dans le passé alors que l'on rentre dans le 21ème siècle », a déclaré Xi Jinping en visite d'État en Russie. Par conséquent, ceux qui dénoncent le « néocolonialisme » devraient sortir de ce jeu à somme nulle et de cette mentalité de guerre froide pour évaluer objectivement les relations sino-africaines sur la base du développement et des bénéfices réciproques.

(L'auteur est chercheur à l'Institut de Chahar et directeur du bureau d'études en Afrique de l'Académie des Sciences sociales de Chine)