
Le tourisme intérieur chinois est en pleine expansion (WANG SONG)
Zhu Feng s'est juré de ne plus jamais essayer de nouveau les voyages organisés par les agences de tourisme après avoir eu une mauvaise expérience en février de cette année. Pékinois, il explique que lors de son voyage de cinq jours à Hong Kong, il a été forcé de passer au moins trois heures par jour dans les magasins ou de visiter des « attractions touristiques » inconnues et sans intérêt.
« Le prix du voyage était attractif, mais il s'est avéré être une perte de temps », explique Zhu, qui a dépensé plusieurs milliers de yuans en produits hors de prix lors de son voyage. « J'avais entendu dire que si personne ne dépense de l'argent dans les magasins qu'ils vous font visiter sur le circuit, le guide touristique changeait d'attitude, et vous faisait vous sentir mal à l'aise. »
Des expériences comme celle de Zhu sont monnaie courante. Le secteur du tourisme en Chine a longtemps souffert d'une réputation peu reluisante, due en grande partie à l'absence de législation. Près de 3 milliards de voyages domestiques sont effectués en Chine chaque année, mais jusqu'à récemment, le pays n'avait aucune loi régissant l'industrie du tourisme. Les plaintes des voyageurs, qui se sont multipliées pendant des années, vont pouvoir être entendues après l'adoption d'une nouvelle loi sur le tourisme le 25 avril.
Lois sur le tourisme
La nouvelle loi vise à protéger les droits des touristes et à lutter contre les pratiques problématiques du secteur, notamment les prix gonflés et les opérateurs qui offrent des excursions bon marché mais ensuite pressent les clients d'acheter des souvenirs et des produits locaux. Les pratiques commerciales prédatrices comme celles-ci ont causé des problèmes aux touristes pendant des années.
Cette loi tant attendue est également la première à être adoptée par le Comité permanent de la 12ème Assemblée populaire nationale.
Hong Kong, une destination touristique prisée par les visiteurs du continent chinois depuis des années, fait l'objet d'un grand nombre de plaintes au sujet des « visites à prix zéro ou négatifs », des tours organisés où les touristes sont obligés d'acheter des produits ou qui impliquent des changements d'itinéraires de dernière minute.
Il y a quelques années, la vidéo d'un guide Hong Kong passant un savon à des touristes qui ne désiraient pas dépenser de l'argent dans les boutiques a déclenché un débat public et jeté la lumière sur les pratiques illicites dont souffre l'industrie du tourisme.
La nouvelle loi prévoit des mesures spécifiquement conçues pour répondre à ces problèmes. Elle comprend une déclaration claire interdisant aux agences de voyages d'offrir des visites à prix déraisonnablement bas pour attirer les touristes, et ensuite compenser les déficits financiers en imposant des frais supplémentaires ou en recevant des gratifications des boutiques dans lesquelles ils forcent la main aux clients pour acheter des produits.
La loi stipule également que les contrats de voyages devraient énoncer clairement les itinéraires, le contenu et la durée des visites, y compris les frais de transport, d'hébergement et de restauration.
Shen Hai'en, professeur de droit à l'Université des études internationales de Beijing, explique que les voyages organisés à bas prix et les arrangements commerciaux sont le produit de la concurrence malsaine qui règne dans le secteur du tourisme.
D'après Wang Tianxing, qui a aidé à rédiger la nouvelle loi, la faiblesse des salaires des guides touristiques est une autre raison expliquant les arrangements avec les commerçants. Pour contrer cela, la nouvelle loi sur le tourisme met en valeur la protection des droits des guides touristiques en matière de travail et de rémunération.
|