Lorsque les étudiants africains veulent étudier à l'étranger, leurs premiers choix sont souvent les universités européennes ou américaines. En 2009, plus de 100 000 Africains étudiaient en France. Ces derniers parlent la langue et visent la qualité et la réputation des diplômes occidentaux. Toutefois, les étudiants africains envisagent maintenant souvent d'étudier dans une université asiatique - un choix judicieux compte tenu de l'importance croissante de l'Est dans le commerce et le développement économique de l'Afrique. Selon les estimations faites par le professeur Adams Bodomo de l'Université de Hong Kong, les universités chinoises ont accueilli près de 28 500 étudiants africains en 2009.
Dans de nombreux pays asiatiques, notamment l'Inde et la Malaisie, le gouvernement cherche à attirer les étudiants étrangers. La Chine offre également de nombreux choix et est une destination privilégiée. Selon les engagements pris en 2009, la Chine offre actuellement 5 500 bourses pour les étudiants étrangers. Il y a 20 partenariats privilégiés entre les universités africaines et chinoises.
Selon une recherche menée à Beijing par le Centre d'études chinoises de l'Université de Stellenbosch (CCS), ces accords sont très importants pour les étudiants africains et leur permettent d'étudier. Ces bourses sont soit entièrement financées par le gouvernement chinois, soit financées à hauteur de 62 % par les gouvernements africains et 34 % par la Chine.
Les étudiants africains en Chine se concentrent dans les formations en économie, en sciences ou en ingénierie. Bien que la barrière de la langue les effraye au début, ils comprennent aussi que la maîtrise du chinois peut bénéficier à leur carrière future.
Les universités chinoises ne surclasseront probablement pas leurs cousines occidentales dans un proche avenir, mais elles offrent aux élèves de nouveaux choix. Si l'Europe et l'Amérique du Nord resteront d'importantes destinations pour les étudiants africains, le continent a aussi besoin d'experts qui comprennent l'Asie. Les anciens liens culturels et historiques entre la Chine et l'Afrique se développent toujours plus.
Mais les recherches de CCS montrent aussi que les élèves doivent être bien informés avant de partir étudier en Chine, car le style d'apprentissage est différent de celui des universités occidentales. Les cours universitaires chinois exigent beaucoup plus de mémorisation et consacrent moins de temps aux discussions. Beaucoup d'étudiants voient également la Chine comme une destination très exotique, et ils s'inquiètent souvent de leur capacité d'intégration dans la société chinoise.
Les étudiants étrangers ont également souligné quelques points à améliorer. Il a été suggéré que les universités organisent des stages dans les entreprises chinoises pour compléter les études académiques. Acquérir une expérience pratique est une grande priorité pour les étudiants africains que nous avons interrogés. Afin de faciliter la période d'adaptation initiale des étudiants étrangers, il pourrait aussi être utile de faire participer plus activement les élèves durant leur séjour à l'étranger, peut-être à travers des programmes d'échanges mutuels qui permettraient aux étudiants chinois de visiter les universités africaines alors que les étudiants africains étudient en Chine. Cela nécessiterait des bourses permettant aux étudiants d'étudier à l'étranger pendant un semestre, tout en restant pleinement inscrit dans une université africaine, et de valider leur séjour à l'étranger contre une partie de leurs études dans leur pays d'origine. Cela aiderait à gommer les différences culturelles et à impliquer davantage les universités africaines.
Dans l'ensemble, visiter et étudier dans d'autres pays - en Chine en particulier - est une opportunité dont les étudiants africains devraient profiter.
(Sven Grimm est directeur du Centre d'études chinoises de l'Université de Stellenbosch en Afrique du Sud)
(Source: Centre pour les études chinoises) |