Une année s'est écoulée depuis que la nouvelle équipe dirigeante du Parti communiste chinois (PCC) a pris ses fonctions en novembre 2012. Y a-t-il eu une continuité dans la politique africaine de la Chine et quels sont les défis auxquels sont aujourd'hui confrontées les relations sino-africaines ? Dans le contexte de la Troisième session plénière du 18e Comité central du PCC organisée du 9 au 12 novembre à Beijing, des universitaires et spécialistes chinois des affaires africaines ont partagé leurs points de vue sur ces questions avec CHINAFRIQUE. Voici quelques extraits des discussions :
CHINAFRIQUE : Quels sont les points clés de la politique africaine de la nouvelle équipe dirigeante ?
» Liu Guijin, Ancien envoyé spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines et doyen de l'École de commerce international Chine-Afrique de l'Université normale du Zhejiang (ZNU)
Le président Xi Jinping s'est rendu sur le sol africain durant sa première visite d'État, indiquant ainsi que la Chine accorde de l'importance à la relation sino-africaine traditionnelle et souhaite élargir ses relations bilatérales d'amitié dans cette nouvelle ère. La visite réussie du président en Afrique et sa participation au Sommet des BRICS ont consolidé les liens de la Chine avec les pays africains et d'autres économies émergentes. La nouvelle équipe dirigeante met en valeur les contacts des peuples et les échanges culturels, qui feront partie des éléments clés du développement des relations sino-africaines dans les années à venir.
» Yang Lihua, Chercheuse à l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique (IWAAS) de l'Académie chinoise des Sciences sociales
Avec la nouvelle équipe dirigeante, la Chine maintient la cohérence de sa politique africaine en promouvant une coopération sincère, amicale et pragmatique. Cependant, des innovations ont été apportées à notre approche de la coopération. Outre l'aide et le commerce, nous mettons maintenant l'accent sur des projets de coopération axés sur l'investissement, car la Chine et l'Afrique sont confrontées à la nécessité d'ajuster leur structure industrielle et leur mode de développement. Deuxièmement, la nouvelle idée d'une « communauté de destins partagés » mise en avant par le président chinois Xi Jinping a été reprise en Afrique.
» Zhang Zhongxiang, Directeur adjoint du Centre d'études africaines de l'Université normale de Shanghai
La visite de Xi Jinping en Afrique montre que la nouvelle équipe dirigeante chinoise attache une grande importance aux relations sino-africaines. Il a parlé de l'Afrique en termes élogieux et l'a décrite comme « un continent d'espoir et de promesses ». Il est vrai que la Chine et l'Afrique ont des expériences historiques similaires, des défis de développement et des intérêts stratégiques communs, et considèrent le développement de l'autre partie comme des opportunités pour leur nation. La nouvelle direction estime que les relations sino-africaines ont besoin à la fois du « soutien fort » de la coopération économique, et du « propulseur doux » des liens entre les peuples.
Quels ajustements, le cas échéant, doivent être apportés à la politique africaine ?
» Shu Zhan, Chargé de recherche à l'Institut d'études africaines de l'Université normale du Zhejiang et ancien ambassadeur de Chine en Érythrée et au Rwanda
Lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique en 2006, la Chine et l'Afrique ont décidé de créer et de développer « un nouveau type de partenariat stratégique caractérisé par l'égalité politique et la confiance mutuelle, la coopération économique mutuellement bénéfique et les échanges culturels. » Dans le futur, je pense que nous pourrons aussi accroître l'apprentissage mutuel. Premièrement, nous devons en savoir davantage sur l'Afrique, l'état d'esprit des Africains, ainsi que leur manière de gérer les relations humaines et diverses situations. Deuxièmement, bien qu'aujourd'hui certains pays africains ne soient pas aussi développés que la Chine, nous pouvons tout de même apprendre d'eux, par exemple dans la protection de l'environnement et leur conscience écologique.
» Zhang Zhongxiang : Avec le développement des relations sino-africaines au cours de la dernière décennie, les relations de la Chine avec les pays africains ont retenu l'attention des pays occidentaux. Certains politiciens et médias occidentaux ont même qualifié la relation sino-africaine de « néo-colonialisme ». Cette allégation est sans fondement. En réalité, l'Afrique a connu une croissance rapide au cours des dix dernières années en raison de ses liens économiques plus étroits avec d'autres économies émergentes, dont la Chine.
» Yang Lihua : L'un des défis est de savoir comment le développement de la Chine peut être étroitement lié aux besoins de l'Afrique. C'est une exigence beaucoup plus élevée qui va au-delà des transactions commerciales, car cela concerne le développement durable de la Chine et de l'Afrique à long terme. En outre, l'implication de la Chine et des entreprises chinoises en Afrique est attentivement suivie par les médias occidentaux. La pression de ces pays peut également aider les entreprises chinoises en Afrique à s'adapter plus rapidement à l'environnement international.
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