
Publié en novembre 2013, le livre intitulé More Time for China, More Time for Dream (en français, Interrogations sur le rêve chinois) a balayé le marché du livre et a été réimprimé trois fois en six semaines seulement. Wang Wen, un des quatre auteurs, a partagé des idées derrière le livre et a expliqué comment il est né.
Le rêve chinois est devenu un thème populaire de la société moderne de la Chine. Pourtant, des doutes et des malentendus se succèdent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Mes amis Liu Ge, Shu Taifeng, Lei Sihai et moi-même avons donc décidé de travailler en commun pour élaborer un livre s'interrogeant sur le rêve chinois et son état actuel ainsi que sur les difficultés et les perspectives auxquelles il est confronté.
À l'issue de six mois de travail acharné, le livre a finalement vu le jour et a acquis une grande popularité.
Le processus de rédaction était un vrai défi. Le problème le plus épineux était de choisir les dix questions. En outre, vu le nombre de livres portant sur le rêve chinois déjà publiés, comment notre livre pourrait-il s'en distinguer ?
Beaucoup de délibérations ont débouché sur un consensus : les questions doivent refléter les vrais sentiments du peuple et ne peuvent pas contourner les problèmes qui existent. Notre analyse devrait être une évaluation objective de la réalité chinoise, permettant de montrer les attentes pour son avenir.
Enfin, nous avons choisi de nous concentrer sur les aspects suivants : les moyens d'existence, la finance, l'économie, l'éducation, l'urbanisation, la moralité publique, le système judicaire, la population, la guerre et les relations extérieures. Nous avons discuté des avantages et des inconvénients des politiques chinoises dans ces domaines ainsi que de la direction à prendre pour leurs réformes respectives. En plus, nous avons proposé des solutions expérimentales aux problèmes identifiés.
Au cours de la rédaction, j'ai remarqué que les médias chinois étaient généralement plus négatifs que la communauté internationale. Beaucoup de fonctionnaires, de célébrités et d'experts étrangers ont exprimé l'idée selon laquelle « le futur du monde reposerait sur les efforts des Chinois », alors qu'en Chine, les opinions dans les médias, surtout en ligne, courent dans un sens opposé.
La Chine se trouve actuellement dans une période où éclatent des conflits. D'un côté, cette situation contribue aux progrès du pays. De l'autre côté, elle intensifie les conflits internes, rendant le critère fondamental du bien et du mal plus confus, et nie la culture traditionnelle chinoise.
En conséquence, l'anxiété et la peur se répandent dans la société chinoise. Un sentiment selon lequel « la Chine est sur le point de s'effondrer » a fait son apparition et risque de ralentir la renaissance du pays.
En réalité, ces rumeurs, telles que la crainte de l'effondrement, sont absurdes. Elles ne sont pas fondées sur les accomplissements réalisés par la Chine. Il est vrai que celle-ci fait face à de nombreux problèmes sociaux. Cependant, au cours des vingt dernières années, elle a commis moins d'erreurs que toutes les autres grandes économies. Elle a trouvé le chemin de développement le plus distinctif et dispose des meilleures perspectives d'avenir devant elle.
Par conséquent, la première idée qui me vient à l'esprit dès l'achèvement de la rédaction, c'est l'espoir que les Chinois puissent avoir plus de confiance et comprennent que le renouveau de leur pays fait l'histoire. Ainsi, ils pourront éventuellement surmonter l'auto-abaissement et le pessimisme qui prévalent aujourd'hui. La confiance en soi est importante pour la Chine, dont la modernisation est encore à ses premiers stades.
Prenons le processus de la modernisation américaine qui a duré 170 ans (1790-1960) par exemple : le pays a dû faire face à divers problèmes, dont la rébellion anticoloniale, la peste, la guerre civile, les tempêtes de sable, deux guerres mondiales, les troubles sociaux, les conflits ethniques, la pollution environnementale, l'assassinat d'un président, la crise nucléaire et plusieurs autres questions.
Même après les années 1960, le pays a souffert d'une série de crises nationales. Mais, tout cela n'a fait que fortifier les populations américaines et améliorer leur système national. C'était au cours de ce processus que le rêve américain a été nourri et réalisé. Les Chinois doivent tirer parti de leur expérience. Le principal problème de la Chine, c'est qu'elle doit mobiliser tous les moyens possibles pour faire face à l'explosion soudaine de l'information à l'ère du Web 2.0. Les discours ont besoin d'être équilibrés.
La société chinoise ne se détériore pas. À l'ère de l'abondance des informations, les informations négatives prennent des proportions démesurées. En fait, les plaintes du public sont le reflet de l'agitation provoquée par les changements en cours. Les faits sont plus convaincants que les rumeurs. La montée de la Chine prouve de nouveau que les difficultés actuelles sont temporaires, partielles et résolubles.
(L'auteur est le doyen exécutif de l'Institut Chongyang pour les études financières, Université Renmin de Chine) |