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La politique de planification familiale de la Chine a ralenti sa croissance démographique depuis sa mise en œuvre |
Avoir un enfant ou deux ? Ce sera bientôt une question que se poseront plus de 15 millions de couples dans la partie continentale de la Chine. Ils seront éligibles plus tard cette année pour avoir un deuxième enfant si au moins l'un des parents est enfant unique. Cette nouvelle politique, adoptée en novembre 2013, a été mise en place dans 22 régions au niveau provincial avant la fin avril 2014.
La nouvelle politique est considérée comme une initiative du gouvernement central visant à assouplir le contrôle des naissances et à se défaire de l'étiquette de l'enfant unique.
Causes et effets
Durant la période de la guerre dans les années 1940, face à un taux élevé de mortalité infantile et à l'absence de couverture sociale, les couples chinois étaient enclins à avoir plus d'enfants, persuadés que cela permettrait de perpétuer la famille et de leur assurer une vieillesse décente. Cette tendance était tellement populaire, même après la guerre, que la Chine a connu un formidable essor démographique, passant de 600 millions d'habitants en 1953 à un milliard en 1980.
« Une telle croissance démographique a posé de plus en plus de défis en matière d'alimentation, d'habillement, de transport, de santé publique et d'emploi, empêchant le pays de sortir de la pauvreté et de combler son retard à court terme », a expliqué une lettre ouverte publiée par le Comité central du Parti communiste chinois en 1980 au sein duquel la politique de l'enfant unique a été adoptée.
Selon M. Tian Xueyuan, démographe et principal concepteur de la politique de planification familiale chinoise, l'ancienne politique était destinée à abaisser le taux de natalité pour une génération, assurant qu'il y aurait moins de parents pour la génération suivante. Cette politique devait être en vigueur pour trois décennies.
« Au bout de 30 ans, la tension démographique sera atténuée. Alors, nous emprunterons une nouvelle voie », disait l'annonce gouvernementale.
Selon les chiffres officiels, la politique de l'enfant unique a évité 400 millions de naissances au cours de ces trois décennies, contournant une explosion démographique. Les effets pervers ont cependant émergé plus tôt que prévu.
La baisse de la fécondité est devenue une préoccupation majeure dans un pays confronté au vieillissement de sa population et au rétrécissement du réservoir de sa main-d'œuvre. Jusqu'en 2010, la Chine a compté 119 millions d'habitants âgés de 65 ans ou plus et 800 millions de résidents en âge de travailler, avec un ratio jeunes-personnes âgées établi à 8,4:1. Et cette proportion est prévue de diminuer jusqu'à 3:1 en 2035 et 2:1 en 2050.
L'autre problème est le déséquilibre des sexes. Lors de l'application initiale de la politique de l'enfant unique, beaucoup de familles rurales ont pratiqué l'avortement sélectif dans le but d'avoir un garçon. Le gouvernement central a essayé d'éviter ce phénomène en autorisant dès 1980 les familles rurales à avoir un second enfant si leur premier enfant était une fille. Mais aujourd'hui, le rapport hommes-femmes en Chine s'est encore élevé à 118:100, selon le Bureau national des statistiques.
La structure familiale chinoise connaît également une évolution. Les enfants nés au début des années 1980 ont été élevés comme « des petits empereurs » par leurs parents et quatre grands-parents.
Pour remédier à cette situation, un amendement de la politique autorisant les couples constitués de deux enfants uniques à avoir deux enfants fut appliqué dès 2002 dans quelques provinces, avant d'entrer en vigueur dans tout le pays en 2011, soit 31 ans après l'adoption de la première loi sur le contrôle des naissances de 1980.
« Mais une politique de deux enfants applicable pour tous les couples serait impossible pour le moment en raison de la croissance du nombre de nouveau-nés issus de la nouvelle politique ainsi que de la pression pesant sur le service public », a déclaré M. Wang Pei'an, vice-ministre de la Commission nationale de la santé et de la planification familiale (CNSPF).
« Le contrôle des naissances et l'ajustement structurel doivent s'accorder l'un avec l'autre », a dit M. Zhai Zhenwu, professeur en sociologie à l'Université Renmin de Chine et président de l'Association de la population de Chine.
Au cours du premier trimestre de cette année, l'importation des couches pour bébé a connu une croissance de 134 % en glissement annuel dans la province du Fujian, au sud-est du pays. En outre, beaucoup d'entreprises immobilières et automobiles concentrent leur attention sur la conception de logements et de véhicules propices à une nouvelle structure familiale.
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