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Le personnel se tient prêt pour l'heure de pointe du dîner |
Une affaire de principes
Certains continuent à dire que Zhang a gaspillé son temps et ses efforts en allant à l'université, mais il n'est pas de cet avis. « Je ne pense pas qu'il soit dégradant de ne pas trouver un emploi directement lié à ses études », affirme-t-il.
« On oublie peu à peu ce que l'on a lu à l'université, mais la manière de penser et d'agir comme en droit sera un atout tout au long de ma vie », résume-t-il. Zhang pense que toute personne éduquée peut réussir dans la carrière de son choix, et que cela est justement le but de l'éducation.
Plutôt que d'embaucher des serveurs, Zhang a installé dans son restaurant trois poubelles différentes : une pour les aliments non consommés, une pour les bols et une pour les baguettes, le papier et les bouteilles. Les clients sont encouragés à se servir eux-mêmes et à débarrasser leur table. Ceux qui le font se voient offrir un fruit frais de saison.
« Cette règle définit les responsabilités des clients et protège leurs droits, et ils sont récompensés s'ils s'y conforment », explique Zhang, en ajoutant que l'objectif est de promouvoir l'idée d'un mode de vie écologique, et d'utiliser le restaurant comme une plateforme d'expérimentation pour mettre en œuvre des idées innovantes.
Il encourage les jeunes clients, en particulier ceux de la génération née dans les années 1990, à promouvoir ses plats sur les réseaux sociaux comme les microblogs et WeChat. Toute personne faisant passer sa publicité dans son cercle d'amis sur WeChat est récompensée d'une tasse de thé pilé de Changde.
« J'ai appris tout cela à l'école », souligne Zhang. « Aujourd'hui, j'utilise ces connaissances pour gérer mon entreprise, en suivant les règles du marché et en faisant des affaires dans le respect de la loi. »
Trouver la demande
Avec l'augmentation rapide des inscriptions à l'université depuis 14 ans, le nombre de diplômés a quadruplé en Chine, ce qui fait de 2014 l'année la plus difficile pour trouver un emploi.
Selon le ministère chinois du Travail et de la Sécurité sociale (MTSS), 7,27 millions de jeunes diplômés entreront sur le marché du travail à l'été 2014, soit 280 000 de plus qu'en 2013, un record pour la Chine.
Devant cette concurrence accrue, Zhang estime que les jeunes diplômés devraient revoir leur vision de l'emploi et cesser de limiter leurs choix de carrière à des domaines bien définis. Selon lui, les jeunes qui sortent de l'université doivent commencer par faire les petites choses qui se trouvent à leur portée.
« Beijing a plus besoin d'un bol authentique de nouilles de riz au bœuf de ma ville natale que d'un autre avocat financier. Nous voulons prouver que les emplois ne sont pas divisés en catégories et grades, et qu'en étant dévoué, on peut pleinement gagner le respect de la société », souligne-t-il.
Xin Changxing, vice-ministre du MTSS, a salué l'esprit entrepreneurial de Zhang Tianyi et encouragé les jeunes diplômés à lancer leur propre entreprise si le marché de l'emploi est saturé. Il a rappelé que seulement 1 % des étudiants chinois décident de devenir entrepreneurs à la sortie de l'université.
Le gouvernement chinois a récemment mis en place un programme de trois ans visant à aider plus de 800 000 jeunes diplômés comme Zhang à se lancer en affaires, en améliorant les politiques et les services d'assistance.
Cependant, Zhang trouve que le soutien apporté aux jeunes diplômés qui veulent lancer leur propre entreprise reste bien trop faible. « Les conditions pour obtenir une réduction d'impôt sont difficiles à remplir, et j'espère que les procédures dans ce domaine seront simplifiées pour que la politique soit plus applicable », a-t-il noté.
Aujourd'hui, des incubateurs d'entreprises dans certaines universités se concentrent sur la création de startups de haute technologie. Zhang souhaite un soutien renforcé aux entreprises commerciales créées par des diplômés de cursus littéraires dans les années à venir.
« Les universités ont peu de professionnels en mesure de donner des conseils d'entrepreneuriat aux étudiants, de leur expliquer les politiques en place et de les guider. J'espère que des cours seront ouverts pour préparer les étudiants à l'ouverture d'une entreprise », conclut-il.
liujian@chinafrica.cn |