Charles Kayonga, ambassadeur du Rwanda en Chine
Lt. Gen. Charles Kayonga
Le 4 juillet dernier marquait le 20ème anniversaire de la Journée de Libération du Rwanda. Au cours des 20 dernières années, des réalisations remarquables ont eu lieu en matière de développement économique et social. Les observateurs estiment que la politique de réconciliation adoptée par le gouvernement après la fin du génocide en 1994 est la clé de cette réussite, et un exemple pour d'autres pays africains dans le contexte de lutte pour l'intégration régionale et la prospérité sur le continent.
Lors de la célébration du 20ème anniversaire de la Journée de Libération qui s'est tenue à Beijing le 7 juillet 2014, Charles Kayonga, ambassadeur du Rwanda en Chine, a confié à CHINAFRIQUE son point de vue sur la réconciliation, la réforme économique et la stratégie du pays au XXIème siècle.
CHINAFRIQUE : Quelle est l'importance de la politique de réconciliation pour le Rwanda, et l'Afrique dans son ensemble, dans le cadre du processus d'intégration ?
Charles Kayonga : Le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda est survenu suite à trois décennies de politique caractérisée par la division, la haine et la mauvaise gestion. Le génocide a amplifié la haine ethnique et la colère car une société de victimes et de coupables a vu le jour. Si rien n'avait été fait, le génocide aurait pu facilement conduire à un cercle de la violence et reléguer notre pays à un statut d'État failli. La politique de réconciliation était donc importante pour réintégrer la société et prévenir une polarisation perpétuelle.
Cette politique est importante pour l'Afrique car les pays africains ont souffert du même problème de mauvaise gestion après l'indépendance, et notamment de guerres divisant la population.
Le Rwanda est aujourd'hui l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique. Que peuvent apprendre les autres pays africains du Rwanda?
La croissance économique au Rwanda est avant tout basée sur la réussite dans l'établissement de la paix et de la sécurité, rendue possible par les politiques inclusives et la réconciliation. Après la fin du génocide contre les Tutsis en 1994, la nouvelle équipe dirigeante a immédiatement formé le gouvernement d'union nationale, qui comprenait à la fois les membres du parti vainqueur et ceux de l'opposition, et même [ceux] de l'ancien gouvernement, à condition qu'ils n'aient pas pris part au génocide. Certains membres des anciennes forces gouvernementales furent même intégrés dans la nouvelle armée nationale. Une fois la paix assurée, le gouvernement a continué à poursuivre des politiques économiques saines, y compris la mise en œuvre des programmes visant à éradiquer la pauvreté et promouvoir l'autonomisation des jeunes et des femmes. Les pays africains peuvent tirer les leçons d'une politique de bonne gouvernance axée sur les citoyens.
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