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Un pompier tente d'attraper une élève « piégée » pour la mettre en lieu sûr, dans le cadre d'un exercice de lutte incendie, dans la province du Hebei |
Être pompier est un métier rempli de dangers et de sacrifices. La mort récente de deux jeunes pompiers dans l'incendie d'un immeuble de Shanghai a choqué et ému le pays.
Le 1er mai, Qian Lingyun et Liu Jie, âgés respectivement de 23 et 20 ans, essayaient de maîtriser un incendie au 13e étage d'un immeuble résidentiel lorsque leur destin a pris un tour sinistre. Un passant a capturé l'instant dramatique où les deux jeunes pompiers ont été projetés du balcon de l'appartement en feu.
Leur décès a été un coup dur pour le service de lutte contre l'incendie de Shanghai, qui avait déjà perdu deux jeunes de 18 et 23 ans le 4 février dernier, lorsqu'un entrepôt en feu s'est effondré sur eux.
Selon les chiffres du ministère de la Sécurité publique, 144 pompiers des forces de la police armée sont décédés dans l'exercice de leurs fonctions entre 2008 et 2012. Un reportage du magazine Police du peuple datant de 2013 affirmait que l'âge moyen des pompiers décédés était de 24 ans, le plus jeune n'étant âgé que de 18 ans. En comparaison, sur les 25 pompiers de carrière morts en service aux États-Unis en 2013, cinq seulement avaient moins de 30 ans, et 5 exerçaient ce métier depuis moins de 5 ans.
Ma Tingguang, professeur assistant de prévention des incendies et de technologies de sécurité à l'Université de l'État d'Oklahoma, a estimé que la mort des deux jeunes pompiers de Shanghai aurait pu être évitée s'ils avaient été mieux préparés au risque de refoulement, une explosion causée par l'arrivée soudaine d'oxygène dans une zone en feu, qui peut se produire lorsque l'on brise une fenêtre ou que l'on ouvre une porte sur un espace clos.
Il a ajouté que ce drame mettait en évidence un problème majeur des forces de lutte contre l'incendie en Chine : la majorité des pompiers chinois sont des soldats des forces armées de la police, qui consacrent leurs deux années de service militaire à l'apprentissage de la lutte contre les incendies et le sauvetage en cas de catastrophes naturelles. Seuls quelques-uns sont ensuite promus à des postes d'officiers et poursuivent une carrière longue dans ce domaine. La plupart des pompiers en Chine sont jeunes et inexpérimentés, ce qui explique en partie le fort taux de décès.
Jin Weiping, directeur du centre d'incendie de Yuncheng, dans la province du Shanxi, a expliqué au magazine bihebdomadaire de l'Agence Xinhua Banyuetan, que la plupart des pompiers de sa caserne ont à peine une vingtaine d'années, sont peu expérimentés et n'ont qu'une connaissance limitée des règles de protection à respecter. « Beaucoup d'entre eux acquièrent de l'expérience pendant leur service militaire. La courte carrière des pompiers en Chine n'est pas adaptée aux défis croissants qui requièrent un personnel expérimenté », a-t-il regretté.
Gao Ming, directeur des services du feu de Jinan, dans la province orientale du Shandong, a noté qu'en raison de l'apprentissage accéléré des pompiers, certains commandants ne sont pas assez qualifiés ; les membres des forces contre l'incendie en général, et particulièrement les jeunes pompiers, ne sont pas assez conscients des grands dangers auxquels ils sont confrontés.
M. Gao a indiqué que les lignes directrices et techniques de formation mettent davantage l'accent sur les secours que sur la sécurité des pompiers eux-mêmes. La conséquence de cela est que les jeunes pompiers perdent parfois leur sang-froid en situation critique. « Certains ne réalisent qu'ils vont atteindre leur limite physique que lorsqu'il est trop tard. De nombreux incidents tragiques se produisent pour cette raison », a-t-il souligné.
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