Après un important financement de l'ordre de 4 milliards de dollars dans les secteurs du pétrole et de la voirie au Tchad, les investissements chinois dans ce pays sahélien seront bientôt parmi les plus élevés en Afrique. La région du Sahel a longtemps vu les huit pays qui la constituent souffrir d'instabilité politique, de la sécheresse et du manque de nourriture. Mais l'économie du Tchad connaît une croissance annuelle de 5 % depuis cinq ans.
Le pétrole et l'agriculture sont le moteur de l'économie nationale, et la Chine a investi massivement dans la prospection pétrolifère du pays, en particulier dans la construction d'oléoducs.
Les investissements chinois devraient atteindre 6 milliards de dollars à la fin de l'année 2015, selon Harris Mule, ancien doyen de l'Université de Kenyatta, économiste du développement et analyste politique.
« Le Tchad a longtemps été touché par l'instabilité politique mais il y a maintenant de l'espoir. Ce pays du Sahel, au PNB de 16 milliards de dollars, a connu une croissance économique ces dernières années, ce qui le rend très attractif pour les investisseurs », explique Mule à CHINAFRIQUE. Les réserves en pétrole devraient avoir une durée de vie d'au moins 400 ans.
Les entreprises chinoises ont également investi dans l'industrie du fer et de l'acier, impactant positivement le marché de l'emploi tchadien.
« Le principal obstacle au développement économique a longtemps été une instabilité politique constante », poursuit Mule. « Depuis 1960, après avoir obtenu de la France son indépendance, ce pays de 11 millions d'habitants a été frappé par des guerres civiles et des invasions. Mais cela appartient maintenant au passé. D'après ce que nous savons de la situation actuelle, des réformes sont en cours et le pays est sur le chemin de la stabilité. »
Un gazoduc est actuellement en construction dans le sud du Tchad. Lorsqu'il sera achevé, le Projet de développement pétrolifère et de gazoduc Tchad – Cameroun pourra transporter 1,5 million de barils de pétrole vers le Cameroun, sur une distance de plus de 1 070 km. Il s'agit de l'un des nombreux projets actuellement menés par la Chine au Tchad.
Les deux pays ont signé un accord pour construire un nouvel aéroport international au nord de la capitale N'Djamena. Le géant asiatique est également engagé dans la construction de routes qui s'étendront sur plus de 5 000 km. Selon Mule, « onze hôpitaux de grande envergure seront également construits pour faire face à la crise sanitaire qui sévit dans le pays. »
Un accord récemment signé entre le gouvernement chinois et le Tchad implique le partage des droits d'exploitation d'un grand projet de prospection de pétrole et de gaz dans le sud du Tchad, près de la frontière soudanaise. Dans le cadre de ce projet seront construites de nouvelles routes, des canalisations et un réseau électrique, selon le ministère des Affaires étrangères tchadien.
Les Tchadiens sont eux aussi optimistes. « Il y a beaucoup d'espoir » affirme Franco Harris, qui habite au sud du Tchad. « Une croissance économique de 6 % est attendue d'ici la fin de l'année. »
Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. « De nouvelles lois doivent être passées pour permettre à la croissance de se poursuivre, et la Constitution doit être revue afin d'engager des réformes politiques. Pour l'instant, les responsables politiques travaillent sur ces questions », ajoute-t-il.
Selon Mule, le nombre de touristes chinois au Tchad devrait augmenter au cours des trois prochaines années car le secteur privé tchadien projette de construire plusieurs complexes touristiques. Certaines entreprises chinoises projettent également, dans les quatre années à venir, d'investir des fonds dans la construction d'hôtels dont la valeur est estimée à près d'un milliard de dollars.
(Reportage du Tchad) |