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Zhang Maoqing (devant à gauche) montre aux professeurs de l'Institut ATVET d'Alage comment faire pousser le millet |
Importer des technologies étrangères avancées est l'un de meilleurs moyens d'améliorer la production agricole d'un pays. C'est ce que fait l'Ethiopie en coopérant avec la Chine. En 2001, les deux gouvernements ont lancé le Programme chinois de formation et d'éducation agricoles techniques et professionnelles (ATVET) en Ethiopie et depuis lors, plus de 100 techniciens et experts agricoles chinois ont travaillé dans ce pays de la Corne de l'Afrique pour former des enseignants et des étudiants. Zhang Maoqing, qui a enseigné pendant neuf ans dans l'Institut ATVET Alage, au sud de la capitale Addis Abbeba, a partagé son opinion sur le programme et sur le développement agricole en Ethiopie avec le reporter de CHINAFRIQUE Ni Yanshuo.
CHINAFRIQUE : Quels défis rencontre l'Ethiopie dans le développement de son agriculture ? Quelles technologies sont importantes pour le pays ?
Zhang Maoqing : La première difficulté est la faiblesse des infrastructures agricoles éthiopiennes. Il n'y a une irrigation efficace que sur 10 % des terres agricoles. Ailleurs, les agriculteurs dépendent de la pluie.
En outre, les produits agricoles (variétés de plantes améliorées, engrais et pesticides) sont inadéquats. Alors que l'industrie nationale se développe, les engrais et les pesticides sont toujours majoritairement importés et coûtent deux ou trois fois plus cher qu'en Chine. Aussi les fermiers éthiopiens ne peuvent pas les acheter.
Une autre difficulté est la lente popularisation des nouvelles technologies. En raison du manque de matériel scolaire, les techniciens agricoles n'ont pas ce qu'il faut pour promouvoir les technologies modernes.
La désertification, due au manque de protection et à la surexploitation des terres agricoles, complique encore les choses.
Je pense que l'Ethiopie devrait développer son agriculture à travers une planification scientifique, protéger ses terres agricoles, promouvoir les technologies agricoles avancées et améliorer les compétences des agriculteurs. Les technologies d'irrigation, les fertilisants, l'extermination des nuisibles et le traitement des produits agricoles devraient être promus à large échelle.
En quoi consiste votre travail ?
Avant de venir en Ethiopie, j'ai travaillé pour le bureau d'agriculture de Shaoshan dans la province du Hunan, faisant du développement agricole intégré, traitant les cultures contre les maladies et les nuisibles, et faisant du travail d'éducation. Mon travail est similaire pour ce programme, mais il se concentre essentiellement sur l'éducation et la démonstration des technologies agricoles.
Lors de mon séjour, j'ai aussi participé à l'écriture de manuels scolaires. Par exemple, j'ai écrit des manuels sur la protection et la production de cultures céréalières et légumières, ainsi que du matériel pédagogique sur la fertilisation et la transformation du thé. Tous ces manuels sont partagés avec les professeurs locaux, afin qu'ils puissent améliorer leur niveau théorique.
J'enseigne également aux étudiants (éthiopiens) et j'entraîne des professeurs d'agriculture locaux, en m'appuyant sur ce matériel pédagogique.
Enfin, je promeus et fais la démonstration de technologies permettant un meilleur rendement dans la production de millet, de tournesol, de maïs et de sorghum chinois dans les instituts ATVET d'Alage, Asella, Sodo et Dilla.
Comment trouvez-vous le programme ATVET ? Comment permet-il de promouvoir la coopération agricole entre la Chine et l'Ethiopie ?
Le programme est très important car il permet d'introduire des technologies chinoises avancées et adaptées à l'Ethiopie. La situation actuelle en Ethiopie est semblable à celle de la Chine avant les réformes et l'ouverture dans les années 1970.
Nous avons démontré et promu l'usage de technologies agricoles qui sont largement utilisées en Chine depuis plusieurs années, comme des variétés améliorées de maïs, ou encore la couverture des terres agricoles par du plastique (un procédé permettant d'éliminer les mauvaises herbes et de conserver l'eau), les herbicides, et la prévention intégrée des nuisibles. Ces technologies peuvent aider l'agriculture intensive de l'Ethiopie.
Le programme peut également aider les professeurs et les étudiants d'instituts professionnels à améliorer leur niveau théorique et technique. Les étudiants des instituts agricoles sont les acteurs essentiels des centres de formation aux technologies agricoles pour les agriculteurs. Ils peuvent promouvoir et utiliser les technologies agricoles avancées et permettre ainsi aux agriculteurs d'améliorer leurs conditions de vie. |