En tant que capitale de la deuxième économie du monde, Beijing ne manque pas d'immenses infrastructures, de gratte-ciels et d'un métro en constante expansion. Mais certains changements encore plus importants ne sont pas visibles à l'œil nu : les cheminées qui n'émettent plus de fumée, notamment.

Le mois de mars a été marqué par la fermeture de deux centrales électriques au charbon à Beijing, qui permettra de réduire l'usage du charbon de 4,6 millions de tonnes. Depuis les années 1950, quatre centrales au charbon fournissaient l'électricité et le chauffage central de Beijing. Aujourd'hui, seulement l'une d'entre elles est toujours en activité, et elle sera fermée d'ici 2017, la date limite imposée par le Plan municipal quinquennal de Beijing (2013-2017) pour réaliser une production d'énergie 100 % propre. Elles seront remplacées par quatre centrales thermiques au gaz naturel, au sud-ouest, sud-est, nord-est et nord-ouest de Beijing.

Celle du nord-ouest est opérationnelle depuis octobre dernier. Comparée à l'ancienne centrale au charbon, elle est « plus efficace et occupe une plus petite surface » pour une même capacité de production, selon son manager Zhao Jianbo. Plus important, elle permet de « réduire les émissions de dioxide de carbone, nitrogène et dioxide de sulfure - les principaux polluants de l'air - de respectivement 2,45, 15,7 et 7,42 millions de tonnes chaque année.

Dans les quatre premiers mois de 2015, Beijing a rapporté que les « jours de haute pollution » avaient diminué de 42 % par rapport à 2014. La densité des PM2,5 (particules de moins de 2,5 microns de diamètres, très nocives pour la santé) a décliné de 19 %. La diminution du chauffage au charbon est la principale cause de cette amélioration, selon Fang Li, vice-directeur du Bureau municipal de Beijing pour la Protection de l'Environnement.

« Il y a une amélioration notable par rapport à l'année dernière », affirme ce dernier. « L'année dernière, nos mesures les plus décisives pour éliminer la pollution de l'air ont vu le jour ».

L'air de Beijing a fait les gros titres des journaux ces dernières années. La densité moyenne des PM2,5 en 2014 y était deux fois plus élevée que le standard de sécurité défini par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), soit 35 microgramme par mètre cube. Le brouillard de pollution a non seulement nui à la santé des 20 millions de résidents, mais a aussi handicapé la ville dans son rôle international.

Lors de sa candidature pour accueillir les Jeux Olympiques d'hiver 2022, Beijing a promis d'améliorer la qualité de son air, pour que les standards de l'OMS soient respectés pendant les Jeux. Après cette date, des mesures complémentaires seront prises pour réduire la densité de PM2,5 jusqu'aux standards nationaux (35 microgrammes par mètre cube) d'ici 2030, « afin de résoudre pratiquement entièrement ce problème », selon le comité de candidature.

Sous cette pression, en septembre 2013, le Conseil des Affaires d'Etat a publié un Plan d'action pour l'élimination et le contrôle de la pollution de l'air, établissant un objectif de réduction de la densité de PM2,5 à Beijing et dans les environs de 25 % en 2017, pour atteindre 60 microgrammes par mètre cube. Le même mois, la Municipalité de Beijing a révélé son Plan d'action quinquennal pour l'air pur (2013-2017), qui inclut une série de mesures pour réduire la combustion du charbon, les émissions des véhicules et la pollution industrielle. Les dépenses pour parvenir à cet objectif sont estimées à 12 millions de dollars.

Mais les experts notent que le plan, tout prometteur qu'il soit, n'est pas suffisant. Beijing est entouré de montagnes à l'ouest, au nord et au nord-est, aussi la qualité de son air dépend de la direction du vent. Le vent du sud et de l'est - où se trouvent des provinces très industrialisées - apporte la pollution. Selon Fang, en 2014, un tiers de la pollution de l'air à Beijing venait de l'extérieur.

« Le progrès réalisé l'année dernière doit aussi être attribué aux efforts de nos voisins », affirme Fang. La province très polluée du Hebei, qui entoure Beijing, a mis en place des dizaines de mesures pour combattre la pollution. Par exemple, elle réduira sa capacité de production d'acier de 60 millions de tonnes entre 2013 et 2017, une réduction équivalente à 1,5 fois la production annuelle d'acier brut de l'Allemagne. La réduction de sa production de ciment et de charbon sera en outre supérieure, respectivement, aux chiffres annuels de production du Japon et du Canada. Quatre autres zones proches de Beijing - Tianjin, le Shanxi, le Shandong et la Mongolie intérieure - prendront également des mesures dans le cadre d'un mécanisme de collaboration fixé par le Gouvernement central.

Il reste cependant trop tôt pour se prononcer sur des prévisions positives, selon les observateurs. Malgré les progrès annoncés, la qualité de l'air à Beijing a respecté les standards de sécurité seulement 15 jours pendant le mois d'avril. Chaque année, Beijing voit sa population augmenter de 500 000 personnes, et voit des nouvelles constructions sur 200 millions de mètres carrés. Sa consommation d'énergie croît de 7 % par an. En outre, les 5,6 millions de véhicules enregistrés dans la capitale contribuent pour 31 % à sa pollution de l'air.

« Pour tous les pays du monde, le contrôle de la pollution de l'air est un processus graduel », affirme Zhang Dawei, directeur du Centre de contrôle environnemental de la municipalité de Beijing.

Les efforts de Beijing pour lutter contre la pollution de l'air ont commencé en 1998. Dans la décennie précédente, l'intensité moyenne des PM2,5 a fluctué entre 80 et 120 microgrammes par mètres carrés. « Comparée à la croissance du PIB, la situation ne s'est pas aggravée », indique Zhang.

Le centre de contrôle de Zhang a lancé un site internet et une application, ainsi qu'un compte sur les médias sociaux pour publier en temps réel des informations sur la qualité de l'air. « Cette lutte nécessite les efforts de tous, explique Fang. Les organisations non-gouvernementales sont les bienvenues. »

Le gouvernement s'assurera que les entreprises et les usines fournissent de manière active des informations sur leurs émissions polluantes. Il se focalisera également sur le durcissement des standards d'émission, selon Li Sufang, qui travaille à la Commission du développement et de la réforme de la municipalité de Beijing.

Beijing a maintenant commencé à élaborer le prochain Plan d'action pour l'air pur 2018-2022. Mais avant cela, il est important de s'assurer que le premier plan quinquennal a bien porté ses fruits.

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