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PREMIÈRE VISITE EN CHINE : Le Président chinois Hu Jintao a reçu le Président égyptien Mohamed Morsi, à Beijing, le 2 août |
Mohamed Morsi, nouveau président élu d'Égypte, s'est lancé dans une campagne diplomatique tous azimuts peu après sa prise de fonction en juin. Après l'Arabie Saoudite et l'Éthiopie, c'est la Chine qu'il a visitée en août avant de s'envoler pour l'Iran et les États-Unis. Ces déplacements à l'étranger sont le reflet de la stratégie diplomatique de l'administration Morsi, dont l'objectif est de maximiser les intérêts du pays en mettant en œuvre une politique diplomatique équilibrée.
Morsi s'est rendu en Chine le 28 août, et ce fut sa première visite en tant que président en dehors du Moyen-Orient et de l'Afrique. Les observateurs ont noté que le choix de Morsi montrait clairement la place qu'accordait l'Égypte à sa relation avec la Chine, surtout pour ce qui a trait à la promotion de la reprise économique. Dans le même temps, pour la Chine, construire une relation solide avec l'Égypte la mettra dans une position favorable pour s'engager dans le processus de paix au Moyen-Orient.
Morsi est venu en Chine avec un agenda politique, économique et diplomatique chargé.
Politiquement, il espère poursuivre l'amitié traditionnelle de son pays avec la Chine, qui remonte à 1956. Une autre raison importante à la visite de Morsi est la situation économique difficile que traverse l'Égypte.
« Tout reste à faire en Égypte à l'heure actuelle. Mais le défi principal de Morsi reste la reprise économique », explique He Wenping, chargé de recherche à l'Académie chinoise des sciences sociales (ACSS). Elle souligne que l'économie égyptienne a ralenti l'année dernière à cause de l'instabilité sociale. Le secteur touristique du pays est encore loin d'être reparti, et le taux de chômage est toujours supérieur à 20 %.
D'après He Wenping, les dernières statistiques montrent qu'environ 40 % des Égyptiens vivent sous le seuil de pauvreté défini par l'ONU. Pour maintenir les prix sous contrôle, le gouvernement égyptien a adopté une politique de subvention, qui a creusé le déficit budgétaire.
« L'Égypte a désormais besoin d'aide internationale au développement et d'investissement étranger », poursuit-elle. Le commerce entre la Chine et l'Égypte n'ayant pas trop souffert des troubles au Moyen-Orient, l'Égypte espère élargir ses exportations en Chine tout en attirant l'investissement chinois. » Le commerce bilatéral était de 8,8 milliards de dollars l'an passé, soit une augmentation de 30 % en glissement annuel, et l'Égypte souhaite que la Chine augmente l'investissement total dans le pays pour le faire passer du niveau actuel de 500 millions de dollars à 2 milliards en trois ans.
Hormis les investissements, le voyage de Morsi a également pour objectif de renforcer la communication avec la Chine concernant l'influence régionale de l'Égypte. Qu Xing, président de l'Institut chinois des études internationales (CIIS), explique que les troubles de l'an passé ont affaibli la place régnante de l'Égypte sur le monde arabe. Pour insuffler un renouveau dans tous les domaines, Morsi doit faire regagner au pays sa position décisive sur les questions chaudes de la région, notamment le conflit en Syrie. « L'Égypte peut approfondir la communication avec la Chine sur l'évolution au Moyen-Orient, mais elle peut également poser une base solide pour une coopération élargie », souligne Qu, qui rappelle l'opportunité pour la Chine de jouer un rôle constructif dans la région.
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