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Plus de ressources doivent être mobilisées pour répondre aux besoins de la lutte contre Ebola sur le terrain |
Interdictions de vol
Le 19 août, le Kenya a déclaré l'interdiction temporaire des passagers en provenance des pays d'Afrique de l'Ouest touchés par la maladie, tandis que l'épidémie continue de se propager. Une unité isolée de 20 lits pour traiter les malades éventuels d'Ebola avait déjà été mise en place en avril à l'hôpital national de Kenyatta.
L'Ouganda et le Nigeria testent la plupart des passagers qui arrivent à leurs frontières.
Kevin De Cock, épidémiologiste, virologue et ancien directeur de l'OMS et du CDC au Kenya, a souligné à quel point il est important de trouver un vaccin et un remède efficace au virus Ebola, car si la maladie est ignorée par les autorités, elle pourrait causer une épidémie pire que les premières décennies du VIH il y a quarante ans.
« Aujourd'hui encore, le VIH reste une menace. Nous n'avons pas de vaccin, et les médicaments utilisés actuellement deviennent de plus en plus résistants au virus. Toutefois, par rapport à Ebola, de grandes avancées ont été réalisées au niveau international. En tant qu'experts, nous imaginons la terreur que pourrait causer le virus Ebola dans le monde entier si l'on s'en tient à des mesures de prévention inefficaces comme les interdictions de voyage », a-t-il noté.
Un vaccin non testé, le dilemme éthique
Kevin De Cock s'est rendu dans plusieurs pays récemment pour suivre la situation de l'épidémie et a évoqué la tenue d'une conférence internationale d'urgence sur le virus Ebola à Genève au début du mois d'août.
Il a rappelé que le seul médicament utilisé actuellement pour traiter Ebola est le ZMapp. Élaboré par des chercheurs américains, il s'agit davantage d'un remède expérimental. Cependant, les résultats sont prometteurs, pour l'instant. Mais selon lui, l'efficacité de ce médicament n'est que la pointe de l'iceberg, car la recherche d'un vaccin et d'un traitement complet reste loin d'être achevée.
Un panel d'experts de l'OMS a décidé que dans le contexte de l'épidémie actuelle d'Ebola, il est acceptable d'un point de vue éthique d'utiliser des traitements dont l'efficacité et les effets secondaires restent incertains, pour traiter ou prévenir la maladie.
En Afrique, et en particulier au Nigeria, des initiatives ont été mises en œuvre pour trouver un vaccin. Les États-Unis et le Royaume-Uni y travaillent également.
Le ministre kenyan de la Santé James Macharia a confirmé que le pays s'apprêtait à mettre en place des unités d'isolement supplémentaires.
« Le Kenya a un fort risque d'attraper le virus Ebola. Nous avons eu quelques cas ces dernières années donc ne pouvons pas prendre le moindre risque. Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère des Transports pour faire en sorte que le virus n'arrive pas au Kenya. Nous ne voulons pas avoir à interdire ou réduire les vols, mais si cela est nécessaire, nous devrons les suspendre jusqu'à ce que la situation s'apaise. Il s'agit d'un grave problème international et les décisions doivent être prises en commun par les pays », a-t-il déclaré.
« Nous achetons du matériel pour équiper nos hôpitaux et faire face au virus », a indiqué M. Macharia durant une conférence de presse à Nairobi.
Germano Mwabu, professeur d'économie à l'Université de Nairobi, a jugé que l'épidémie pourrait avoir un impact négatif sur l'économie, en particulier dans le domaine du tourisme, au Kenya.
« Si l'épidémie devient hors de contrôle, comme il est fort possible qu'elle le devienne, il y aura des conséquences économiques dans notre pays. Les pays occidentaux ont déjà émis des interdictions de voyage à destination du Kenya en raison du risque terroriste. Le secteur du tourisme souffrira en cas de nouvelles interdictions », a-t-il expliqué.
« En outre, si plus de personnes sont infectées et meurent, la main-d'œuvre se réduira et les entreprises enregistreront des pertes financières, car le personnel sera insuffisant. La lutte contre le virus Ebola exige un travail d'équipe », a-t-il déclaré à CHINAFRIQUE.
M. Macharia a confirmé que le gouvernement allait créer un groupe de travail pour lutter contre les épidémies telles que celle d'Ebola.
« Il s'agit d'un problème international ; la menace Ebola est réelle. C'est une maladie qui pourrait anéantir la race humaine si elle n'est pas contenue, pas seulement en Afrique de l'Est, mais dans le monde entier. C'est pourquoi les pays doivent travailler en équipe dans le cadre de l'OMS », a-t-il souligné.
Il a affirmé que le Kenya commencerait probablement à tester un vaccin avant la fin de l'année.
La panique des compagnies d'assurance
Les compagnies d'assurance santé sont à présent en état d'alerte et nombre d'entre elles comptent les sommes qu'elles devront débourser en cas d'épidémie en Afrique de l'Est. Les économistes et les médecins estiment que beaucoup d'entre elles pourraient enregistrer des pertes colossales, ce qui aggraverait l'impact sur le secteur de la santé.
« Dans ma clinique privée, un grand nombre de paiements sont assurés par les compagnies d'assurance. La plupart des patients n'avancent pas les frais, ils utilisent leur couverture médicale. J'ai environ un millier de patients chaque mois. Ils pourraient manquer d'argent, mais cela n'est pas une préoccupation pour l'instant », a observé le docteur Evan Abwao à Nairobi.
Il a aussi prévenu que certaines compagnies d'assurance pourraient se trouver en faillite si elles ne se préparent pas convenablement, mais selon lui, le corps médical est confiant et se tient prêt à répondre à une épidémie éventuelle.
Le docteur Shanaz Shariff, directeur de la santé publique au Kenya, a déclaré qu'en fonction du capital disponible, un vaccin pourrait commencer à être testé cette année au Kenya.
« Nous souhaitons travailler avec des partenaires comme le CDC. Nous avons un grand espoir de commencer les tests avant le mois de décembre, mais cela dépendra de nombreux facteurs, notamment du financement de l'initiative. Nous pensons pouvoir mener quelques collaborations sur ce vaccin, car nous avons conduit des négociations avec divers partenaires potentiels », a déclaré M. Shariff.
(Reportage effectué au Kenya)
Le risque de transmission du virus Ebola par les transports aériens est faible
Le 14 août, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réitéré sa position selon laquelle le risque de transmission du virus Ebola par les trajets aériens reste peu élevé. Le virus ne se transmet pas par voie aérienne, il ne peut être transmis que par contact direct avec les fluides corporels d'une personne atteinte de la maladie. Sur le faible risque qu'un passager d'un avion soit infecté par le virus Ebola, la probabilité que l'équipage ou d'autres passagers aient des contacts avec ses fluides corporels est minime. L'OMS déconseille donc les interdictions de voyage au départ et à destination des pays touchés.
(Source : OMS)
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