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Un étudiant de Tianjin installe une bannière appelant à la fin de la discrimination envers les séropositifs et les sidéens. |
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Des volontaires dans la prévention et l'information sur le sida exhibent leurs rubans rouges lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre. |
Cai Ling, 41 ans, peut maintenant parler ouvertement de sa vie. Mais il y a dix ans, cette femme atteinte du VIH s'en gardait bien et cachait son état.
« Je vois un changement progressif dans la façon dont les gens nous regardent, mon fils et moi », dit la préposée à l'entretien d'un centre commercial de Beijing. « Mais il y a dix ans, ou même cinq, j'aurais préféré mourir plutôt que de laisser mon entourage savoir que j'étais séropositive. »
Cai vient d'une petite ville de la province centrale du Henan. Elle est arrivée à Beijing il y a deux ans avec son fils, maintenant âgé de 15 ans.
En 2000, son mari a subi une intervention chirurgicale pendant laquelle on lui a transfusé du sang contaminé. En 2002, il trouvait la mort suivant cette infection.
Comme elle vivait dans un petit village de 500 habitants tout au plus, Cai était rejetée par les autres et n'avait même pas le droit d'aller chercher de l'eau au puits public.
Trois ans plus tard, lorsqu'elle inscrivit son fils à l'école primaire, le principal renvoya l'enfant à la maison. On lui dit que les autres parents retireraient leurs enfants de l'école si son fils était autorisé à la fréquenter.
« J'étais tellement sans défense et désespérée alors », dit-elle. « J'ai vu plusieurs fois à la télévision le premier ministre Wen Jiabao serrer la main de personnes vivant avec le VIH/sida. Il a même confectionné des jiaozi et diné avec eux. Cela signifiait qu'on pouvait fréquenter des gens atteints de VIH/sida. Alors, pourquoi ne pouvions-nous pas avoir une vie normale ? » En effet, pourquoi ?
Hauts et bas
En 2006, Cai fit la connaissance d'une femme de Famille d'amour, une organisation fondée par des personnes vivant avec le VIH/sida pour s'entraider. Cai et son fils reçurent de l'aide pour déménager un an plus tard, et elle trouva un emploi dans une usine de fabrication de boites ; sa vie prit alors une autre direction. Surtout, son fils put fréquenter l'école primaire locale.
« Nous sommes restés trois ans dans la région. Ce fut la meilleure période de ma vie depuis que j'avais découvert être séropositive, car nous pouvions mener une vie tranquille là », dit-elle.
En 2006, la Chine émit des mesures pour exempter les personnes vivant avec le VIH/sida de payer les examens réguliers, les médicaments et les traitements. Les orphelins du sida étaient dispensés des frais scolaires. Cette mesure a transformé la vie de dizaines de milliers de personnes vivant avec le VIH/sida, comme Cai.
Malgré son salaire de seulement 1 500 yuans ($244) par mois, Cai a droit à des examens réguliers et au traitement. De plus, elle est éligible à une subvention gouvernementale annuelle de 6 000 yuans ($977) pour ses besoins quotidiens, une autre mesure de soutien aux familles pauvres victimes du sida.
Mais les choses devaient changer encore pour Cai. Elle fit la connaissance d'un compagnon de travail originaire du même village qu'elle, qui révéla son état de santé et la força à quitter son emploi à l'usine.
Selon Cai, l'attitude des gens face aux personnes vivant avec le VIH/sida a changé progressivement depuis 2006, « peut-être parce qu'ils connaissent mieux la maladie », dit-elle. « Mais j'ai décidé de déménager encore parce que je ne pouvais pas supporter que les gens nous surveillent. Les personnes vivant avec le VIH/sida ont aussi besoin de vivre dans la dignité. »
Cai s'est adressée à la Fondation ruban rouge de Chine (China Red Ribbon Foundation), une autre organisation d'aide aux personnes vivant avec le VIH/sida. Avec l'aide de cette fondation, elle s'est installée à Beijing avec son fils. Elle a trouvé un emploi dans un centre commercial, et a pu inscrire son fils dans une école secondaire pour enfants de travailleurs migrants.
« Maintenant, de plus en plus de gens nous tolèrent, dit-elle, mais certains sont encore nerveux en notre présence. » Cependant, Cai peut les comprendre.
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