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Un jeune garçon montre ses talents dans un club de football à Beijing |
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L'arbitre chinois Lu Jun est condamné à la prison pour corruptionLes points clés du plan de réforme du football |
Si les fans de football devaient désigner un pays susceptible de gagner la Coupe du monde de la FIFA, ils ne choisiraient sans doute pas la Chine. Le pays le plus peuplé du monde ne s'est qualifié qu'une fois pour la Coupe du monde. C'était en 2002, et l'équipe chinoise était revenue bredouille après avoir perdu trois matchs en République de Corée.
Mais un plan national ambitieux veut désormais redonner espoir au football chinois. Le 16 mars, le Conseil des affaires d'État a publié un Plan d'ensemble pour la réforme et le développement du football chinois, une stratégie détaillée couvrant tous les aspects de ce sport - depuis les clubs et ligues professionnels jusqu'aux équipes nationales et au développement local du football.
Les objectifs à moyen terme sont notamment que l'équipe féminine retrouve sa place parmi les meilleures du monde et que l'équipe masculine devienne l'une des meilleures équipes d'Asie, tandis que l'un des objectifs à plus long terme est d'accueillir la Coupe du monde en Chine.
Le plan est entré en vigueur fin avril, avec la création du groupe de direction de la réforme du football en Chine, dirigé par Mme Liu Yandong, vice-Premier ministre chinois.
Intérêt présidentiel
« Le football est l'un des sports les plus populaires au monde, mais le niveau chinois est resté très bas, ce qui exaspère les fans de football », affirme Cai Zhenhua, président de l'Association chinoise de Football (ACF). « Les dirigeants nationaux attachent aussi une grande importance à la réforme du football ».
Avant que le plan ne soit rendu public, le président chinois Xi Jinping, fervent amateur de football, a présidé, le 27 février, une réunion du groupe de direction pour la réforme globale pour discuter du développement du football chinois.
Selon Cai, le football chinois nécessite un développement de long terme et une participation massive du public, afin de faire naître une culture du football.
« Il s'agit de la plus grande réforme dans l'histoire du football chinois, et elle est vraiment nécessaire », affirme Ma Dexing, un commentateur de football, dans le quotidien Global Times.
« Notre prochaine mission est de mettre en œuvre ces mesures afin que le secteur du football chinois puisse se développer selon l'esprit de compétition sportive et les règles du marché ».
Litanie d'erreurs
Ce n'est pas la première fois que la Chine essaie de réformer son secteur du football. La dernière réforme a eu lieu plus de 20 ans auparavant. En 1992, l'ancien dirigeant chinois Deng Xiaoping a participé à une réunion sur la réforme du football à Beijing, qui a conduit à lancer les premières ligues de football professionnelles deux ans plus tard. Dans les années qui ont suivi, le football chinois s'est développé rapidement. En 1999, l'équipe féminine nationale a fini deuxième à la Coupe du monde féminine de la FIFA, perdant aux penaltys face aux États-Unis. En 2002, l'équipe masculine s'est qualifiée pour la première fois à la Coupe du monde de football.
Selon Cai, la réforme destinée à promouvoir le football professionnel au début des années 1990 a galvanisé le football chinois. Mais des problèmes sont ensuite apparus, avec une mauvaise compréhension du secteur par les dirigeants de l'ACF, une poursuite de profits à court terme et un manque de professionnalisme dans le management. Cela a gravement handicapé le développement du football et a eu pour conséquence de fréquents scandales de fraude, de matchs arrangés et de paris.
À partir de 2009, la Chine a pris des mesures pour réprimer la corruption dans le domaine du football. « Après cette date, le niveau chinois en football s'est élevé, mais il est resté en retrait par rapport au reste du monde », explique Cai. « La réforme actuelle est donc nécessaire ».
Attirer les jeunes
L'un des objectifs à moyen terme est d'encourager les jeunes à jouer au football.
Le manque de joueurs est en effet un problème majeur. Avec une population de plus de 1,3 milliard, la Chine comptait seulement 8 000 joueurs de football licenciés en 2014, tandis qu'un petit pays comme les Pays-Bas compte 2 millions de joueurs licenciés sur 17 millions d'habitants.
Le plan encourage plus de personnes, notamment des adolescents, à jouer au football. Le jeu est ainsi encouragé sur les campus. En mars, les Presses de l'Éducation du Peuple ont publié le premier manuel de football chinois pour les étudiants de primaire et de collège, et plusieurs villes ont instauré des cours de football obligatoires.
Le plan de réforme s'adresse également aux gouvernements régionaux pour populariser le football dans l'enseignement primaire, secondaire et supérieur. Le but est d'augmenter le nombre d'écoles primaires et de collèges connus pour le football de 5 000 à 20 000 d'ici 2020 puis 50 000 en 2025. La Chine compte sur un nombre de 5 millions de personnes impliquées dans le développement du football.
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