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Une travailleuse locale teint un Bangdian |
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Dawa Dolker expose des tabliers Bangdian |
L'idée de conduire 3 300 kilomètres, à une altitude de plus de 4 500 mètres, pour des vacances d'été pourrait dissuader le voyageur le plus endurci. Mais c'est exactement ce que Dong Erqiang, sa femme et leur fille de 13 ans ont choisi de faire.
Conduire sur l'autoroute Qinghai-Tibet, de Beijing à la région autonome du Tibet, pour leurs vacances annuelles, a été merveilleux pour cette famille d'aventuriers. Sur le chemin, un bassin géothermal a attiré leur attention et ils s'y sont reposés après plusieurs jours sur la route.
« J'ai vu le panneau et j'ai décidé de tester ce bassin spécial. Ça valait le coup », a déclaré Dong à CHINAFRIQUE.
Quelques années auparavant, ce bassin, aujourd'hui une attraction touristique, n'était constitué que de quelques geysers loin des sentiers battus. Un berger local, Karma Samten, originaire de la ville de Luoma, dans la préfecture de Nagqu, dans le nord du Tibet, a été le premier à percevoir le potentiel de cette ressource naturelle. Sa coopérative agricole a investi 1,3 million de yuans (206 350 dollars) pour faire de cet endroit des sources chaudes ouvertes au tourisme, créant ainsi des opportunités d'emploi pour les fermiers locaux.
Outre cette initiative, la coopérative a mobilisé la population locale pour optimiser les activités d'élevage et ajouter de la valeur aux produits agricoles. Aujourd'hui, environ 130 familles du coin gagnent un bon revenu grâce à la coopérative.
La coopérative de Karma Samten est un bon exemple des moyens créatifs par lesquels les Tibétains améliorent leurs modes de vie et augmentent leurs revenus. Adaptées aux ressources et aux réalités locales, un nombre croissant de coopératives agricoles se spécialisent dans l'agriculture, l'élevage et l'artisanat. En 2014, il existait 2 937 coopératives agricoles dans la région.
Des produits à plus haute valeur ajoutée
Sur une population de 3,17 millions au Tibet, environ 75 % habitent en zone rurale, vivant essentiellement de l'agriculture et de l'élevage. À une altitude moyenne de 4 000 mètres, les prairies de la région, qui faisaient autrefois vivre la population locale, peinent à présent à générer un revenu suffisant.
« Avant, ma famille élevait environ 500 yacks et moutons. Seuls quelques-uns étaient vendus, pour un revenu annuel d'environ 10 000 yuans (1 580 dollars) », raconte Karma Samten. Après la création de la coopérative, son revenu a atteint 80 000 yuans (12 700 dollars) l'année dernière, alors que le nombre de têtes dans son élevage est tombé à 200. Il attribue l'augmentation de son revenu aux produits à plus haute valeur ajoutée dérivés de l'élevage.
Bunorbu, qui habite dans un village adjacent, raconte une histoire similaire. Avant, sa famille d'éleveurs avait du mal à trouver une bonne utilisation du lait de yack. « À part le beurre pour la table familiale ou comme cadeau, on ne se servait pas du lait de yack. Quand il y avait un surplus de production, il était gâché », raconte-t-il. Bunordu a pensé transformer le lait et le vendre à Lhasa, la capitale régionale. « Mais les petites quantités transformées par une seule famille ne pouvaient pas faire des profits suffisant pour couvrir les coûts de transformation et de transport ».
En 2006, Bunorbu a donc créé la première coopérative d'éleveurs de sa localité, qui se spécialise dans la production et la vente de produits dérivés du lait de yack, comme le beurre et le yaourt. « La coopérative aide toutes les familles membres en leur fournissant des canaux de distribution et de transport de leurs produits, et en réduisant ainsi leurs coûts et risques opérationnels », affirme Tsring, chef du Bureau agricole et pastoral de la préfecture de Nagqu.
« Nous achetons le lait de nos éleveurs à un prix plus élevé et nous leur donnons des dividendes après que leurs produits laitiers ont été vendus », explique Bunorbu. Pour l'instant, 1 933 éleveurs de 386 familles participent à la coopérative. « Rien qu'avec le lait de yack, le revenu annuel des locaux a augmenté de 1 500 yuans (238 dollars) en moyenne », affirme Tsring. « Grâce aux coopératives, les moyens de production, y compris les terres, le bétail et le travail, ont été optimisés », dit-il, ajoutant que cela permet d'atténuer le fardeau environnemental pesant sur la région.
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