L'année 2015 marque le 70e anniversaire de la victoire de la Guerre mondiale contre le fascisme, le 70e anniversaire de l'ONU, ainsi que la fin des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Issue de la Seconde Guerre mondiale, l'ONU travaille notamment autour de deux axes : d'une part, le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et d'autre part, le développement et la réduction de la pauvreté. Confronté à de sérieux défis en matière de paix et de développement, le continent noir constitue la principale scène d'opération de l'Organisation. Étant l'un des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine joue également un rôle remarquable dans ce domaine.
Maintenir la paix et la sécurité en Afrique
La fin de la Guerre froide dans les années 1990 a engendré un grand mouvement pour la démocratie multipartite en Afrique. Tout en contribuant à la transition démocratique, ce mouvement a cependant provoqué le tribalisme ou l'ultranationalisme dans plusieurs pays africains, entraînant des troubles politiques, des coups d'État, des guerres civiles et des conflits tribaux de grande envergure. Ce phénomène a attiré l'attention de la communauté internationale. Pour aider les pays africains à mettre fin à ces conflits, l'ONU a engagé une série d'opérations de maintien de la paix, apportant une contribution particulière et non négligeable à la paix et à la sécurité dans le continent noir.
Sur la liste des opérations achevées de maintien de la paix des Nations unies après la Guerre froide, plus de la moitié se sont engagées en Afrique, comme la mission d'observation des Nations unies en Angola, la première et la deuxième opération des Nations unies en Somalie, la mission d'observation des Nations unies Ouganda-Rwanda, etc. Parmi les 15 opérations en cours de maintien de la paix conduites par l'ONU, on en compte 7 en Afrique, notamment l'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire, la mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine (UA) au Darfour, etc. Le nombre de Casques bleues envoyés en Afrique a atteint 7 000, représentant 70 % du total de la force de maintien de la paix de l'ONU déployée dans le monde entier.
Bien que dans certains pays africains comme la Somalie et le Rwanda, les résultats des opérations de maintien de la paix des Nations unies n'aient pas été satisfaisants, celles-ci ont joué en général un rôle éminent dans la stabilité et la sécurité en Afrique au lendemain de la Guerre froide.
Les actions chinoises sous mandat de l'ONU
La Chine a adhéré au Comité spécial des opérations de maintien de la paix de l'ONU en 1988. En 1990, elle a envoyé pour la première fois des observateurs militaires au Moyen-Orient, marquant la première participation de l'Armée Populaire de Libération de Chine aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. Depuis 1990 jusqu'à aujourd'hui, la Chine a déployé 3 000 militaires et civils dans 15 opérations de maintien de la paix de l'Organisation en Afrique. Des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine est le premier contributeur en termes de personnel militaire engagé dans ces opérations. Par ailleurs, en 2011-2012, elle a contribué pour 3,93 % au budget des opérations de maintien de la paix des Nations unies, devenant le septième pays contributeur.
Avec l'accélération de la piraterie autour de la corne de l'Afrique, fin 2008, le gouvernement chinois, avec l'autorisation des Nations unies, a envoyé sa première flotte d'escorte dans le golfe d'Aden et au large de la Somalie pour garantir la sécurité des navires transportant du matériel humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et d'autres organisations internationales. Depuis le 26 décembre 2008, la marine chinoise a escorté plus de 3 400 navires chinois et étrangers et a secouru 22 fois 33 navires chinois et étrangers attaqués par les pirates, contribuant à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie.
En outre, sur le plan multilatéral, la Chine a envoyé un ambassadeur auprès de l'UA et a entrepris des actions de coopération avec celle-ci en matière de maintien de la paix et de la sécurité. À titre d'exemple, en 2011, elle a offert à l'UA 900 000 dollars et 600 000 dollars en espèces pour soutenir respectivement sa construction des capacités et ses opérations de maintien de la paix en Somalie.
Contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement économique en Afrique
Au cours des 70 dernières années, grâce à ses institutions spécialisées comme le PAM, l'OMS et l'ONUAA, l'ONU a entrepris divers programmes en Afrique en matière de réduction de la pauvreté et de développement économique, et a obtenu des résultats fructueux en la matière.
En septembre 2000, les dirigeants mondiaux ont convenu de s'efforcer de réaliser d'ici 2015 huit objectifs recouvrant de grands enjeux humanitaires : la réduction de l'extrême pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l'accès à l'éducation, l'égalité des sexes, et l'application du développement durable. Les OMD sont définis à partir de cet engagement. Il s'agit du premier programme conjointement élaboré par les pays membres de l'ONU pour le développement. Aujourd'hui, l'ONU travaille avec les gouvernements, la société civile et différents partenaires pour exploiter la dynamique dégagée par les OMD et poursuivre le Programme de développement pour l'après-2015, centré sur le développement durable et inclusif et composé de 17 objectifs de développement.
Ces dix dernières années, les pays sub-sahariens ont enregistré une croissance annuelle d'environ 6 %, devenant l'une des régions connaissant le taux de croissance le plus élevé du monde. La Chine, grâce à ses échanges commerciaux, ses investissements, ses projets sous contrat forfaitaire et ses aides vis-à-vis des pays africains, a joué un rôle essentiel dans cette croissance. Avec le renforcement des relations économiques et commerciales sino-africaines, les pays africains ont vu leurs capacités à choisir leur propre voie de développement se consolider, leur création d'emplois et leurs recettes fiscales s'accroître, leurs travailleurs qualifiés se multiplier et leur technologie se développer. Comme l'indique un expert connu pour ses recherches en matière de relations sino-africaines, M. Martyn Davies, le développement africain et l'intensité de l'engagement chinois envers l'Afrique présentent une corrélation positive et une relation symbiotique.
Dans son discours prononcé lors du Forum économique mondial sur l'Afrique tenu en mai 2014, le Premier ministre chinois Li Keqiang a affirmé que le renforcement de la coopération sino-africaine contribuait à l'augmentation du bien-être des deux peuples et à la croissance équilibrée de l'économie mondiale. À travers la coopération ouverte et mutuellement bénéfique avec l'Afrique, la Chine a aidé environ un tiers de la population mondiale à bénéficier de la croissance économique et à améliorer leurs conditions de vie, ce qui contribue énormément à la croissance équilibrée de l'économie mondiale et aux progrès de la communauté internationale. Cela montre également que la Chine, le plus grand pays en voie de développement, est une puissance « responsable ».
À l'occasion du 70e anniversaire de l'ONU, il faut non seulement que tous les pays membres de l'Organisation travaillent conjointement pour concrétiser le Programme de développement pour l'après-2015, mais aussi que les pays émergents comme la Chine partagent leur expérience de développement avec les pays africains afin de contribuer au développement du continent.
(L'auteure de cet article est chercheuse à l'Institut Charhar et directrice de l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie chinoise des sciences sociales)