Chérissant le rêve de permettre à chaque famille africaine d'avoir accès à la télévision numérique, de pouvoir la regarder et de jouir de ses bienfaits, Pang Xinxing, le patron de StarTimes, est arrivé en Afrique en 2002 avec une mission.

L'objectif de cet ancien ingénieur électronique fait un premier bond en avant en 2007, lorsqu'il obtient la première licence d'exploitation pour la télévision numérique au Rwanda. L'année suivante, StarTimes commence son premier service de télévision numérique terrestre. L'entreprise de Pang Xinxing a été fondée en 1988 et est basée à Beijing. C'est aujourd'hui l'opérateur connaissant la plus forte croissance sur le continent africain, avec près de 7 millions d'abonnés et des services dans 16 pays d'Afrique.

Mais cette aventure n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Peu de temps après son premier succès en Afrique, la crise financière internationale éclate et les entreprises occidentales commencent à retirer leurs investissements du continent. Pang Xinxing décide alors d'aller à l'encontre de la tendance et initie un programme d'expansion massive. Il investit l'ensemble du capital de la société destiné à ses activités en Afrique et parvient à traverser la crise. Aujourd'hui, StarTimes possède trois réseaux, couvre 900 millions de personnes dans 45 pays d'Afrique subsaharienne et diffuse ses programmes sur plus de 430 chaînes, dont 38 qui lui appartiennent et qu'elle gère. Son investissement en Afrique atteint les 500 millions de dollars.

Pour attirer encore plus de téléspectateurs africains, StarTimes possède une équipe de traduction et de sous-titrage capable de traduire les programmes de télévision chinoise en anglais et en français, mais également en swahili et en haoussa. Les feuilletons et les films chinois montrent aux téléspectateurs africains une terre éloignée et exotique, et sont remarquablement bien reçus. Le siège africain de StarTimes se trouve à Nairobi, couvre 26 000 m² et abrite ses équipes de traduction et de sous-titrage. Il sera opérationnel en 2017.

Grâce à son expérience de travail avec ses partenaires africains, Pang Xinxing a réalisé que la Chine et l'Afrique n'avaient pas de conflits fondamentaux d'intérêts. Même si elles se situent à des étapes différentes de développement, elles partagent les mêmes objectifs et les mêmes intérêts. C'est la raison pour laquelle la coopération gagnant-gagnant possède un fort potentiel.

Alors que son rêve africain se réalise, StarTimes est en train de se transformer en géant de la communication, dont les activités incluent également la production et la distribution de programmes de télévision.

À la veille du Sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine, Pang Xinxing nous décrit la façon, dont la stratégie de développement de StarTimes aide l'Afrique à se numériser.

Extraits de son interview :

CHINAFRIQUE : Aux niveaux des États, la coopération sino-africaine se caractérise par les principes du gagnant-gagnant et du développement conjoint. Quels principes suivez-vous dans votre activité sur le continent ?

Pang Xinxing : La numérisation de la radio et de la télévision est cruciale pour le développement social et l'enrichissement de la vie culturelle de la population. StarTimes s'est dédiée à cette cause.

Nous avons aidé les pays africains à populariser la télévision numérique avec une approche de partenariat public-privé. Les gouvernements locaux, les populations et les médias ont encensé notre action. Au Nigeria, StarTimes fut classée opérateur de télévision numérique payante le plus populaire pendant trois années d'affilées. En Ouganda, elle fut récompensée comme investisseur le plus populaire et comme meilleur opérateur de télévision numérique. Nous avons reçu un prix du gouvernement de Tanzanie pour avoir contribué à faire de ce pays la première nation africaine à passer de la télévision analogique à la télévision numérique.

Nous avons d'autres réalisations innovantes en Afrique, comme la mise en place d'un système de service après-vente réputé pour les appareils électroménagers. Grâce à nous, nos concurrents doivent améliorer leurs services et diminuer leurs tarifs. « Permettre à chaque famille africaine d'avoir accès à la télévision numérique, de pouvoir la regarder et de jouir de ses bienfaits » n'est pas seulement un slogan, mais une vision partagée par chaque employé de StarTimes. Une grande entreprise est une entreprise qui favorise le progrès social et crée de la valeur pour la société. Il n'y a que ce type de compagnie qui peut survivre.

D'où viennent les contenus de vos programmes ?

Le contenu est la clé pour les opérateurs de télévision numérique, StarTimes a donc augmenté ses investissements dans le contenu. Les Africains adorent le sport et sont de vrais fans de football. En Afrique, sept de nos chaînes StarTimes sont dédiées au sport. Nous achetons également les droits de retransmission exclusive pour certains grands matchs internationaux de football, comme la Bundesliga et la Série A pour l'Afrique subsaharienne. Actuellement, nous envisageons d'acheter des matchs de Super League de la Fédération Chinoise de Football et de faire connaître les footballeurs africains aux clubs de football chinois. Cela permettrait de stimuler les échanges entre la Chine et l'Afrique et d'étendre l'influence de la Super League chinoise sur ce continent.

Les Chinois ont eu de très bons résultats en natation, au plongeon, en gymnastique et en tennis de table. Il y a un fort potentiel pour les échanges sportifs des deux côtés. StarTimes fera entrer graduellement ces événements dans ses chaînes africaines et lancera plus de campagnes hors ligne, afin que le sport devienne un nouveau pont permettant de renforcer l'amitié entre la Chine et l'Afrique.

En plus de la traduction et du sous-titrage de programmes télévisés, de feuilletons et de films chinois, nous sommes en train de nous pencher sur l'introduction de programmes africains en Chine, afin d'approfondir la compréhension culturelle des deux côtés.

Quelle est la stratégie de développement de StarTimes sur les cinq prochaines années ?

Notre stratégie de développement s'inscrit dans le développement de la société africaine, particulièrement avec l'industrie de l'information. L'Union internationale des Télécommunications (UIT) - une agence des Nations Unies - avait requis de ses membres de passer de la télévision analogique à la télévision numérique avant le 17 juin 2015. Mais du fait des inégalités du développement économique entre ses membres, la date limite avait été repoussée à 2020 pour l'Afrique. C'est la raison pour laquelle, la tâche principale de StarTimes sur les cinq prochaines années consiste à promouvoir la numérisation de la radio et de la télévision en Afrique. Nous continuerons à nous efforcer de proposer des services de télévision numérique abordables à travers le continent, augmentant le nombre de nos abonnées de 30 millions. Dans cinq ans, nous serons l'opérateur de télévision numérique avec le plus d'abonnés en Afrique.

Nous renforcerons également la production de contenus en traduisant et en sous-titrant de plus en plus de programmes chinois, ainsi qu'en lançant des chaînes exclusives pour les programmes chinois dans de nombreuses langues locales. Nous apporterons un soutien et nous investirons dans les entreprises locales, pour produire des programmes de télévision africains. Nous ouvrirons des chaînes de radio et de télévision, qui appartiendront à StarTimes et que nous gérerons, et nous introduirons des programmes et des films de renommée internationale dans nos chaînes, pour en enrichir le contenu.

Enfin, nous envisageons de lancer une campagne « Smart family » combinant la technologie de l'internet et de la télévision numérique, afin de proposer un service toujours meilleur.

StarTimes est réputée pour attacher une grande importance à l'adaptation et à la formation de ses employés locaux. Comment cela se passe-t-il en Afrique ?

StarTimes compte plus de 4 000 emplois, dont 3 000 sont basés en Afrique. Parmi les équipes présentes sur place, 94 % sont recrutées localement et nous avons aujourd'hui deux vice-présidents africains. Les employés locaux dans les branches africaines peuvent tenir différentes positions, des techniciens seniors et des équipes dirigeantes, aux travailleurs ordinaires. Le nombre d'employés locaux n'a cessé d'augmenter d'année en année.

Nous formons constamment les employés africains dans notre siège à Beijing. Peu importe la couleur de peau, dès que vous entrez chez StarTimes, vous êtes un membre de la famille. Nous sommes tous égaux, nous nous respectons les uns les autres et formons une famille heureuse et harmonieuse.

Quelle est la responsabilité sociale de l'entreprise StarTimes ?

Depuis 2011, StarTimes organise chaque année en juin le Séminaire de Développement de la Télévision numérique africaine, afin de discuter de la marche à suivre dans la numérisation à travers le continent. De plus en plus de pays et de hauts fonctionnaires participent à cet événement. Cette année, 130 délégués venus de 35 pays avaient répondu présent.

La télévision numérique devrait être accessible à tous, riche ou pauvre. En dehors des zones urbaines, notre service de télévision numérique est également disponible dans des zones plus isolées, grâce à la télédiffusion directe par satellite. Nous ne faisons pas seulement ça pour le profit.

Nous avons également fait don de téléviseurs et de décodeurs numériques aux écoles locales et aux orphelinats. Lorsqu'Ebola est survenu, nous avons produit des annonces non-commerciales pour sensibiliser la population sur la façon d'éviter la contamination et pour appeler au calme. Nos efforts ont été très bien reçus, particulièrement en Guinée. Nous ne faisons pas tout cela pour le spectacle, mais parce que c'est ce qu'une entreprise doit faire. L'existence d'une entreprise n'a de sens que lorsqu'elle bénéficie à la société.