Les réseaux sociaux font fureur depuis une décennie, changeant à jamais la façon dont les gens se mettent en relation les uns avec les autres. Des sites comme LinkedIn, Douban, Weibo, Google Buzz et Tumblr (et quelques autres encore) ont transformé la façon dont nous interagissons, puisque nos vies deviennent de plus en plus liées à l'ordinateur et à Internet. Zhang Wenli, rédactrice aux presses de l'Université de Beijing, et Pride Phiri, consultant en technologie de l'information originaire du Zimbabwe et vivant en Chine depuis deux ans, discutent de l'impact personnel de la vie en ligne.
Cinq ans avec Douban
Zhang Wenli
En décembre 2005, je me suis enregistrée sur Douban, la plus grande communauté en ligne de Chine pour les passionnés de livres, de films et de musique. Ce site n'avait vu le jour que depuis neuf mois à ce moment-là, mais l'on pouvait déjà y trouver beaucoup de livres et de critiques littéraires. Pour un rat de bibliothèque comme moi, c'était juste irrésistible.
À l'époque, je n'utilisais pas souvent Douban. J'étais alors étudiante et j'avais beaucoup de cours à suivre. Mais les choses ont changé début 2008, quand j'ai commençé à travailler comme rédactrice pour une maison d'édition. Douban était désormais devenu partie intégrante de ma vie.
De nos jours, la première chose que je fais le matin sur l'ordinateur est d'ouvrir une session sur le site pour voir quels livres, films, musiques ou événements mes amis internautes me recommandent. J'utilise même mon téléphone portable pour me connecter lors que je prends l'autobus ou le métro. En fait, j'écoute la radio sur Douban au moment où j'écris cet article.
La vie s'accélère aujourd'hui en Chine, en particulier dans les grandes villes. Les gens ont ainsi moins de temps pour communiquer dans la vie réelle. Pourtant, je me suis fait beaucoup d'amis sur Douban durant les cinq dernières années. Mon amie la plus proche en ligne habite dans la ville de Hangzhou, dans la province du Zhejiang dans l'Est du pays. Nous avons fait connaissance grâce à nos commentaires, puis nous avons commencé à discuter sur Messenger (messagerie instantanée) et Douban. Quand elle est venue à Beijing, nous nous sommes rencontrées lors d'un repas au cours duquel nous avons discuté de façon approfondie.
Dans le cadre de mon travail, j'ai créé pour mon entreprise une page sur Douban où je mets à jour fréquemment des informations sur nos nouvelles publications, discute avec les lecteurs en ligne et traite leurs commentaires. Bien qu'il ait été difficile de séparer ma vie professionnelle de ma vie personnelle, Douban joue désormais un rôle aussi important dans les deux.
En juillet dernier, j'ai assisté à une conférence donnée à Beijing par un spécialiste reconnu de la peinture chinoise ancienne et de la calligraphie. À cette occasion, j'ai rencontré une éditrice. Nous n'avons pas parlé ce jour-là mais nous nous sommes retrouvés sur Douban par la suite. Plus tard, j'ai changé de travail et à ma grande surprise j'ai découvert que c'était ma nouvelle collègue. Nous sommes devenues de bonnes amies. Comme je l'ai écrit dans mon journal intime, « certaines personnes ont l'impression de se connaître de puis toujours dès la première rencontre ».
Le plaisir de la vie en ligne
Pride Phiri
Ma première expérience liée aux réseaux sociaux remonte à ma première année d'université. Je n'avais jamais été sur Internet ni vraiment utilisé un ordinateur. Les machines archaïques de mon école secondaire n'étaient bonnes que pour quelques parties de solitaire, mais guère plus. Ayant grandi au Zimbabwe au tournant du siècle, à l'époque où même les téléphones cellulaires étaient rares, l'Internet était simplement quelque chose dont j'avais entendu parler mais qui n'entrait pas dans la vie quotidienne.
Conçu par des étudiants diplômés, le réseau de mon université a été créé pour la mise en commun de fichiers, notamment d'épisodes de séries américaines, qui étaient à la mode dans toute l'Afrique. Toutefois, il possédait certaines caractéristiques de base d'un réseau social comme les profils d'utilisateur et la possibilité de chatter avec d'autres étudiants. J'ai été immédiatement séduit, et pas seulement parce que j'étais étudiant en informatique.
Au cours de ma deuxième année d'université, Hi 5 est venu. Avec le succès de Facebook, il semble qu'on ne se rappelle pas de ce pionnier des réseaux sociaux, mais je m'en souviens très bien. Hi 5 m'a introduit à ce que nous tenons pour acquis aujourd'hui. Partager mes photos et les détails futiles de ma vie quotidienne est devenu une deuxième nature. Je me demandais comment j'avais vécu 20 ans sans pouvoir faire ma propre promotion et me mettre en avant auprès du monde entier.
Cela ne veut pas dire que les réseaux sociaux ne sont pas utiles. L'arrivée de Facebook représente un progrès pour les médias, que j'apprécie particulièrement. Avec 500 amis en ligne, j'utilise Facebook pour comprendre les gens que je rencontre à Beijing. Il m'aide à me mettre en relation avec des personnes de cultures différentes. Twitter, pour sa part, est l'endroit où je passe la plupart de mon temps. Je suis étonné par sa simplicité, et avec mon expérience en informatique j'utilise les possibilités qu'il offre en matière de business. |