Un beau physique et un emploi stable pourraient bien ne plus suffire sur le marché de plus en plus concurrentiel du mariage en Chine. Aujourd'hui, de plus en plus d'hommes se sentent obligés d'être propriétaires avant de pouvoir mettre genou à terre et faire leur demande en mariage à leur belle. La hausse des prix de l'immobilier n'arrange pas les choses et conduit certains hommes à renoncer purement et simplement à se marier. L'écrivain Penny Kamanga explique ce qu'il en est au Malawi, où la propriété prend aussi une importance nouvelle, tandis que Zhang Xiang, éditrice à Xinhuanet.com livre sa vision des choses sur ce qu'il en est actuellement à Beijing.
Le tiercé gagnant
Penny Kamanga
Pendant très longtemps au Malawi, la seule façon de trouver une femme était de posséder le tiercé gagnant : l'argent, la voiture et le téléphone portable. Désormais s'ajoute un quatrième élément : un logement décent.
Si ce tiercé est connu de tous les hommes, ces derniers doivent savoir qu'aujourd'hui, la première question qu'une femme se pose est : « Possède-t-il un appartement que je vais pouvoir décorer à mon goût ? » Une enquête récente demandait ainsi aux hommes ce qu'ils achèteraient en premier s'ils disposaient d'un million de kwacha (monnaie locale au Malawi). C'était une question-piège, car l'étude concluait que si un homme choisissait d'acheter une voiture au lieu d'une maison, il n'était pas considéré comme financièrement stable. Les femmes ont adoré cette enquête.
Accéder à la propriété est important, car la population du Malawi est en pleine croissance. Les gens souhaitent plus que tout posséder une maison. Les propriétaires sont devenus très désagréables et augmentent souvent les loyers à l'improviste. S'ils n'aiment pas votre style de vie, ils n'hésitent pas à vous enfumer pour vous faire partir. Dès que vous possédez une terre ou une belle maison, vous devenez un bon parti et il devient de suite plus facile de trouver une femme.
De mon côté, j'ai fortement ressenti cette pression de devoir posséder une maison. Il est difficile de faire un choix entre l'achat d'une voiture et la construction d'une maison, mais si conduire une belle voiture signifie devoir supporter les caprices d'un propriétaire, alors je suis prête à dire qu'être riche, aujourd'hui, c'est être propriétaire.
J'ai toujours su que l'idéal serait d'épouser quelqu'un possédant une maison et de me débarrasser ainsi de mes soucis de propriétaires désagréables et imprévisibles. Mais « propriétaire » n'est pas le premier. Je veux d'abord et avant tout un homme qui soit honnête, aimant et dévoué. Ensuite, quelqu'un qui soit ambitieux, quelqu'un qui, à la question de savoir ce qu'il ferait avec un million de kwacha, choisirait en priorité d'acheter une maison. Je serai alors assurée qu'il est stable et peut prendre soin de moi.
En bas de ma liste se trouve la beauté. Le fait est qu'il y a beaucoup d'hommes beaux, mais les hommes qui sont beaux ne sont pas toujours très attachés à leur épouse. Finalement, mon tiercé gagnant est une maison, une voiture et de l'argent. Le fait d'avoir un téléphone portable n'est pas une priorité.
Épouser un homme, pas une maison
Zhang Xiang
J'avais l'habitude de penser que mon futur mari devrait obligatoirement être propriétaire.
À la fin de mes études universitaires, j'ai rencontré mon premier petit ami. Je l'aimais, mais j'aimais aussi son argent. Notre histoire d'amour n'a duré que quelques mois et mon cœur a fini en miettes.
Cela m'a ouvert les yeux. J'ai adopté une nouvelle perspective sur les relations hommes-femmes, sur la vie que je voulais vivre dans le futur. J'ai réalisé que l'argent ou une maison pouvait assurer une vie confortable, mais pas forcément rendre un cœur heureux.
Ce ne fut pas facile d'oublier l'homme qui m'avait quitté, mais cela m'a permis de devenir plus forte et plus indépendante qu'avant. Je pouvais désormais percevoir le charme et les capacités de quelqu'un qui ne pouvait pas s'offrir une maison. Avoir un titre de propriété n'est plus pour moi un élément de séduction.
Cela fait plus d'un an que j'ai rompu. J'ai rencontré d'autres personnes, d'autres hommes, mais je suis toujours célibataire. Je ne ressens plus l'urgence du mariage, je préfère prendre mon temps pour voir si je m'entends bien avec l'autre.
Pourtant, quelque chose me dérange encore.
Mes parents veulent que je me marie avec quelqu'un qui possède déjà une maison. Ils ne veulent pas me voir travailler dur pour m'acheter une maison moi-même. Je comprends totalement. Nous n'avons pas beaucoup d'économies et les prix des logements à Beijing sont bien au-delà de nos moyens. Épouser quelqu'un qui ne peut pas s'offrir une maison voudrait dire que nous devrons passer 20 ans ou plus à rembourser des prêts.
C'est pourquoi, à une époque, je refusais toujours de fréquenter des hommes qui n'étaient pas propriétaires. Épouser une personne avec une bonne situation est la voie la plus facile évitant des années d'efforts. Donc, même si j'ai changé d'avis, je ne suis pas pour autant insensible à l'opinion de mes parents. Parfois, je me mets à imaginer mon futur mariage sans maison. Cela me fait penser à la série télévisée « Le mariage nu » (un drame décrivant la vie maritale de la nouvelle génération chinoise qui n'a pas les moyens d'acheter une maison et lutte contre la hausse du coût de la vie). |