Qui sont vos modèles ?
Steve Jobs, co-fondateur d'Apple, est mondialement reconnu en tant que pionnier de la haute-technologie. Pourtant, il reconnaissait lui-même: « je serais prêt à vendre toute ma technologie pour passer un après-midi avec Socrate ». Jobs considérait le philosophe grec Socrate comme son modèle. En conséquence, Michel Mabois, écrivain indépendant et conseiller marketing pour la République démocratique du Congo, et Wu Jingjing, secrétaire de direction à l'entreprise IGRS Engineering Lab, nous confient qui sont leurs modèles.
Mon arrière-grand-père, un véritable héros
J'ai grandi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, une métropole immense et agitée qui ne dort jamais.
J'ai fait l'expérience de la vie des grandes villes, pourvues des boutiques, des appareils et de tous les équipements de la vie moderne. Mes parents, qui sont professeurs d'université, ont essayé de donner à ma soeur et à moi-même la même vie qu'ils avaient vécu quand ils étaient étudiants à Paris. Il voulait améliorer notre vie grâce à l'enseignement et à un haut niveau de vie.
Je me suis souvent demandé ce qui les rendait si altruistes. Mais je n'avais pas besoin de chercher beaucoup, puisque la présence et la dignité de mon arrière-grand-père répondaient à ma question.
Avoir un arrière-grand-père est réellement une nouveauté en Afrique, puisque les maladies et les conditions de vie rendent la vieillesse difficile sur le continent. C'est pourquoi je pensais être l'enfant le plus chanceux au monde.
J'appelais mon arrière-grand-père 'Pakan', le nom d'un vieux sage dans un conte. Sa naissance n'avait pas été enregistrée, mais nous pensons qu'il est né autour de 1900, car quand les missionnaires belges ont fait irruption dans son village pour christianiser ses habitants, ils ont estimé qu'il avait 15 ans.
Marié à 16 ans, il faisait des heures supplémentaires dans des mines et des plantations pour pouvoir envoyer ses huit enfants à l'école de la mission catholique située à 20 km. Il travaillait jour et nuit pour leur assurer ce dont il avait manqué pendant son enfance.
Mon grand-père était le huitième enfant. Il a étudié à l'université en Belgique, grâce à une bourse. Malheureusement, il est mort peu de temps après la naissance de mon père, donc Pakan se chargea de son éducation.
Bien qu'il n'ait jamais reçu d'éducation formelle et qu'il resta illettré toute sa vie, sa sagesse faisait l'admiration de mon père et de mon grand-père. Il parlait parfaitement quatre langues africaines et le français.
Même après ses 90 ans, il est resté sain d'esprit et parlait sagement. Je ne pense pas qu'il se rendait compte de l'influence qu'il avait sur moi. Il a été le témoin de la modernisation de l'Afrique, lorsque les dirigeants étrangers ont imposé des changements dans sa culture et sa religion.
Pakan a été la plus grande influence pour moi. J'étais effrayé à l'idée de quitter Kinshasa pour Beijing, et j'étais prêt à abandonner ce rêve. Mais j'ai entendu sa voix calme et sereine qui me parlait à l'intérieur de ma tête : « Souviens-toi ce que nous avons sacrifié, tu dois aller de l'avant et améliorer ta vie, mon enfant. »
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