Créée en 1996 par les Mauritiens Anna Patten et Sanedhip Bhimjee, l'Académie des arts a gagné en renommée, grâce notamment à la création d'un style de danse baptisé Katha'zz.
Mixant inspirations contemporaines avec le traditionnel Kathak, l'Académie crée de la poésie visuelle, parcourant le monde pour la faire découvrir au public. En septembre dernier, à l'occasion de la venue du président de l'île et de sa délégation, l'Académie des arts a présenté au public chinois l'essence de la culture mauricienne. Le chorégraphe, danseur, décorateur Bhimjee s'est entretenu avec CHINAFRIQUE depuis chez lui, évoquant son pays natal, Katha'zz et ses liens étroits avec la musique folklorique chinoise.
Comment décririez-vous l'Académie des arts ?
L'Académie des arts vise à satisfaire les désirs des Mauriciens et des personnes originaires de la région de l'Océan Indien, à leur offrir un espace fertile où ils peuvent exprimer leur personnalité à travers diverses formes artistiques. Elle a pour ambition de devenir un lieu favorisant l'apprentissage et le développement de la personnalité par l'expression artistique et d'offrir des services de qualité aux artistes locaux. L'Académie des arts est une vitrine de l'âme mauricienne.
Quelles sont les influences derrière Katha'zz, le style de danse que vous avez créé ?
Katha'zz incarne une symbiose parfaite entre la culture et l'esprit du creuset ethnique qu'est la société mauricienne. C'est un style mêlant le chant indien, espagnol, asiatique, africain et européen, exprimé en langage créole mauricien. S'appuyant sur la tradition du Kathak, une poésie visuelle se crée sur fond de jazz, de blues et d'airs d'opéra. [Le bouddhisme japonais] apporte son influence très zen, où la musique devient eau, le mouvement devient pétale et les couleurs deviennent lotus. Katha'zz est un mélange unique de toutes ces influences.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la culture mauricienne ?
Maurice offre un environnement culturel authentique. En tant que Mauriciens, nous n'apprenons pas les cultures indiennes, chinoises ou africaines, nous grandissons avec. Ces différentes cultures font partie de l'héritage de chaque Mauricien. Nous l'exprimons tous d'une façon unique, ce que l'on peut percevoir dans nos spectacles. L'authenticité de notre approche, mêlant différentes cultures que nous considérons comme composantes intégrales de notre culture, est ce qui nous différencie des autres pays d'Afrique.
Qu'est-ce qui vous a poussé à venir en Chine ? Pourriez-vous nous parler du spectacle que vous avez monté sur la musique folklorique chinoise Fleur de jasmin, lors de l'Exposition universelle 2010 à Shanghai ?
Nous sommes très sensibles à la musique et à la danse chinoise. Nous aimons nous imprégner de différents environnements et cultures desquels nous tirons notre inspiration.
C'est un privilège de pouvoir associer notre danse à la musique folklorique d'un pays. Nous avons choisi cette chanson, car elle est particulièrement émouvante ; de plus, les mouvements gracieux du Kathak étaient en parfaite harmonie avec la douceur de la mélodie. C'était un spectacle magique.
Vous avez présenté à Beijing un spectacle de danse et de poésie baptisé Un océan de couleurs.
Quelle fut votre inspiration et quel message souhaitiez-vous faire passer au public chinois ?
Nous puisons notre inspiration là où nous vivons, entourés de l'océan. Un océan de couleurs est également le reflet de notre origine multiculturelle et de notre quête de la perfection. C'est la raison d'être de l'Académie des arts. Ce que nous avons ramené de Chine c'est de l'amour, beaucoup d'amour. |