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Maître Di Guoyong |
Depuis plus de vingt ans, Maître Di Guoyong enseigne tous les jours les arts martiaux au parc Zizhuyuan à Beijing. Mais cette figure bien connue dans les cercles d'arts martiaux à Beijing est également l'introducteur du wushu au Cameroun. Récemment, Di Guoyong a accepté de raconter à CHINAFRIQUE son expérience d'enseigner les arts martiaux chinois au Cameroun
Depuis combien de temps pratiquez-vous les arts martiaux ?
J'ai commencé les arts martiaux à l'âge de quinze ans, il y a maintenant près de cinquante ans. Au début j'ai commencé à apprendre la boxe de Shaolin pour des raisons de santé, puis j'ai poursuivi par l'apprentissage du xingyi quan et du bagua zhang (ces deux styles sont souvent rangés dans la catégorie des boxes « internes »).
A quelle occasion vous êtes vous rendus au Cameroun ?
Je suis resté au Cameroun en 1988 et 1989, sur l'invitation d'une société de travaux publics dépendant du ministère chinois des Chemins de Fer. Les Camerounais s'entraînant aux arts martiaux voulaient apprendre les arts martiaux chinois, mais à l'époque il y avait seulement un cuisinier chinois qui connaissait un peu les arts martiaux, mais il reconnaissait lui-même qu'il n'était qu'un amateur. On a donc fait appel à moi pour donner des cours.
Quelle était alors la situation des arts martiaux au Cameroun ? Comment enseigniez-vous à vos élèves ?
A l'époque, le Cameroun ne connaissait que les arts martiaux japonais : aikido, karaté, judo, mais comme ils avaient vu les films de Bruce Lee, les Camerounais admiraient les arts martiaux chinois. Dans la rue, quand ils apercevaient un Chinois, les enfants venaient vers lui et criaient : « chinois ! kung-fu ! ». Je suis la première personne à avoir introduit les arts martiaux chinois dans ce pays. J'enseignais au club Kamikaze et j'ai décidé de répartir les cours en trois classes : la boxe Shaolin pour les enfants et les adolescents, la self-defense pour les adultes, et le taijiquan pour les personnes plus âgées. Mes élèves s'entraînaient très sérieusement. J'ai souvent remarqué par la suite que les Africains étaient très sportifs.
N'était-ce pas difficile d'enseigner à des personnes qui ne parlaient pas votre langue ?
Au début, il y avait un interprète qui m'accompagnait tout le temps, par la suite, j'ai commencé à apprendre un peu de français pour mes cours. Mais il y a aussi des termes chinois que mes élèves finissaient par comprendre, et qu'il n'était pas nécessaire de traduire.
Pour vous, quel sens donnez-vous à l'enseignement des arts martiaux chinois ?
Il ne s'agit pas seulement de sport. Derrière la pratique physique, il y a tout un système de pensée sur l'être humain qui est directement héritée de la philosophie et de la médecine traditionnelle chinoise. C'est aussi parfois un frein à la transmission, car tout le monde n'étudie pas ce qu'il y a à l'intérieur, sans compter la barrière de la langue. |