
La Chine et l'Afrique partagent une amitié qui remonte au début des années 1950, ancrée dans la compréhension mutuelle à l'égard de la lutte respective pour la libération natio-nale et l'indépendance. Forgée par la coopération économique et commerciale dans les années 1980, et surtout par l'établissement du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) en 2000, une plate-forme stratégique pour le renforcement de la coopération, les relations des deux parties ont atteint une phase critique. Tous les gens se demandent maintenant si la compréhension mutuelle entre la Chine et l'Afrique est suffisante pour soutenir leur relation à l'avenir?
Pour aider à trouver des réponses à cette question, des chercheurs africains présents à la première session du Forum de coopération des think tanks Chine-Afrique (CATTF) ont suggéré que les entreprises chinoises installées en Afrique connaissent davantage la culture africaine, et s'intègrent à la communauté locale afin de réduire la contradiction causée par la différence culturelle.
La première session du CATTF s'est tenue à Hangzhou dans la province du Zhejiang du 27 au 29 octobre dernier. Plus de 300 chercheurs reconnus, des hauts fonctionnaires, des entrepreneurs de Chine et de 27 pays africains et des organisations régionales africaines y ont assisté. La plupart des participants ont estimé que la coopération sino-africaine est en retard dans les domaines humains et culturels et d'échanges des think tanks, et que le manque de compréhension provient des deux côtés. Pourtant, ces domaines sont importants pour approfondir les relations sino-africaines.
Améliorer la compréhension
« Vive l'amitié Chine-Afrique » est un slogan familier aux Chinois qui ont grandi dans les années 1950. Ils ne peuvent pas comprendre les conflits entre les Chinois et les Africains de nos jours et se demandent souvent : « Pourquoi nos frères africains kidnappent les Chinois? »
« Parce que l'Afrique n'est plus le même continent qu'on a connu à l'époque de Mao, » répond He Wenping. Elle est la directrice de l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine. « L'Afrique est en déve-loppement. Elle connaît des transformations dans son paysage politique, telles que la démocratisation et l'émergence de la société civile. Nous avons besoin de comprendre les changements politiques et idéologiques en Afrique, leurs changements de perspective et d'agencement du pouvoir politique en Afrique », a-t-elle dit.
« Comme l'Afrique est composée de plus de 50 pays, ils partagent des similitudes, mais aussi des différences dans les structures politiques et sociales. C'est seulement en comprenant tous ces changements, que la Chine pourra coopérer et communiquer avec l'Afrique. Améliorer la compréhension mutuelle est le thème éternel et la condition préalable pour faire avancer leur relation », elle a ajouté.
Selon Ebrima Sall, le secrétaire exécutif du Conseil pour le développement relevant de l'Académie de recherche des sciences sociales en Afrique (Council for the Development of Social Science Research in Africa, CODESRIA), lors d'une conférence organisée par le CODESRIA, en mars de cette année à Nairobi au Kenya, l'un des participants, le professeur Mohamed Salih, a présenté les documents sur les relations Chine-Afrique, en montrant que sur 900 publications plus ou moins récentes, seulement 7 % ont été produites en Afrique. Le reste (93 %) a été produit en dehors de l'Afrique, et principalement par des non-Africains. « Les connaissances sur la Chine qui existe en Afrique est très limitée. Le Forum de think tanks nous donne une bonne occasion pour les échanges », a déclaré Sall à CHINAFRIQUE.
Pour les personnes qui s'engagent dans les relations Chine-Afrique, leurs idées semblent plus pratiques. « C'est la première fois que je suis venu en Chine et n'en sait pas beaucoup sur ce pays. Mais je suis intéressé à connaître tout sur elle. Je veux savoir comment les Chinois travaillent et vivent, comment la Chine développe son économie, comment les pays africains peuvent s'inspirer des expériences de la Chine », a déclaré Ekpdofassi Sabin Loumejinon, rédacteur en chef du journal LA NATION du Bénin, qui est venu en Chine pour couvrir cet événement.
Liu Hao, directeur général adjoint du Département de coopération internationale de la Banque de développement de Chine, a travaillé en Afrique pendant neuf ans et a visité 35 pays africains. Mais il sent qu'il n'en sait toujours pas beaucoup sur l'Afrique et voudrait en savoir plus. « La Chine devrait approfondir la compréhension de l'Afrique, y compris la forme de gouvernement, les lois, la culture et les langues. À mon avis, le goulot d'étranglement et les défis de notre coopération future résident dans la compréhension mutuelle, l'efficacité de travail, et les constructions d'infrastructures des pays africains », a expliqué Liu.
Liu espère que plus de chercheurs africains viendront en Chine pour se renseigner sur le pays. « La Chine a 1,4 milliard d'habitants, tandis que l'Afrique en compte 1 milliard. Les échanges humaines et culturels doivent aller main dans la main avec la coopération politique et économique, afin d'appuyer le développement sain des relations Chine-Afrique », a-t-il dit.
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