Beaucoup a été dit sur l'entrée de l'Afrique du Sud dans le groupe des Bric. Les détracteurs de cette initiative expliquent que le pays entre dans une catégorie bien au-dessus de la sienne. L'une des critiques les plus virulentes a été formulée par Jim O'Neill, président de Goldman Sachs Asset Management, qui est à l'origine du terme Bric prononcé pour la première fois en 2001.
O'Neill a clairement déclaré que l'Afrique du Sud avait été invitée à entrer dans ce groupe pour des raisons politiques et non économiques. Selon lui, la population active de l'Afrique du Sud étant trop restreinte, le Nigéria constituait un meilleur choix comme nouveau membre des Bric. La population totale de l'Afrique du Sud est de 50 millions tandis que celle du Nigéria représente le triple avec 150 millions de personnes.
D'autres analystes déplorent la façon dont l'Afrique du Sud est entrée dans le groupe, ayant dû faire pression au lieu d'être invitée, ce qui pourrait faire d'elle un élément subalterne par rapport à la Russie, au Brésil, à la Chine et à l'Inde plutôt qu'un membre égal.
Mais il est un fait certain, c'est qu'avant que la Chine ne lance son invitation à l'Afrique du Sud, elle a sérieusement étudié sa décision et consulté les autres membres des Bric.
L'Afrique du Sud est la porte d'entrée du marché commercial africain, elle enregistre un niveau relativement bas de corruption et bénéficie d'une image de marque positive après avoir accueilli avec succès la Coupe du monde de football.
C'est un pays politiquement stable et doté d'une infrastructure sociale saine. Ces facteurs ont sans aucun doute été des éléments décisifs ayant fait pencher la balance en sa faveur au moment de décider de son entrée dans les Bric.
Il est également bien connu que l'Afrique du Sud est l'économie la plus importante du continent africain et fait déjà partie du G20, en dépit de chiffres sur la croissance révélant quelques difficultés à se relever après la crise financière mondiale, à accroître la productivité et à trouver des solutions pour diminuer les chiffres du chômage.
C'est d'ailleurs ce qui fait dire à de nombreuses personnes que cette initiative est une démarche politique. Parmi elles se trouve Martyn Davies, président-directeur général de Frontier Advisory Services. Selon lui, cette décision politiquement astucieuse est ce dont l'Afrique du Sud a besoin pour faire passer le pays du deuxième groupe au premier groupe des nations émergentes.
« Ceci est plus une question d'image, une tentative de montrer l'Afrique comme le marché naissant qu'elle est, plutôt que comme celui qui est systématiquement ignoré lorsque le terme Bric est évoqué », explique Davies.
Selon lui, l'Afrique du Sud pourra plus facilement gagner son siège à la table des pays économiquement respectés si elle est en mesure d'intégrer la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), un bloc régional de 15 États réunissant une population de 250 millions de personnes.
Des pays comme l'Indonésie, le Mexique, la République de Corée et le Vietnam devançaient tous l'Afrique du Sud pour ce qui était du choix du nouveau membre des Bric.
« Ce qu'ils n'ont pas c'est une économie reposant sur 250 millions de personnes en Afrique. Si nous parvenons à présenter aux Bric notre région comme un marché intégré, alors ce sera parfait », observe Davies.
L'économie subsaharienne dans sa globalité est passée de 322 milliards de dollars en 2000 à 931 milliards de dollars en 2008, selon les données du Fonds monétaire international. Un signe fort indiquant que si elle est unie, cette région représente un acteur incontournable.
L'Afrique du Sud mérite-t-elle une place à la table des BRIC ?
Ce qui est sûr c'est que l'Afrique mérite d'être représentée au côté des autres nations émergentes et apparemment, l'Afrique du Sud est son meilleur ambassadeur.
La forme que prendra cette mission de représentation sera sans doute l'une des priorités affichées de l'agenda du président sud-africain Jacob Zuma, lorsque celui-ci participera au troisième sommet des dirigeants des Bric qui se tiendra en Chine cette année.
LE RÉDACTEUR EN CHEF
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