Récemment, dans les grands restaurants de Beijing, les conversations de table portent toutes sur les fruits de mer. Certains pensent non seulement que les poissons provenant du Japon sont pollués, mais que les fruits de mer de la côte chinoise ne sont pas sûrs non plus.
Peut-être est-il encore trop tôt pour évaluer la gravité de l'accident nucléaire de Fukushima, mais il peut être tenu pour certain que son impact a dépassé le Japon, avec l'aide du vent du Pacifique et des courants océaniques, puisque des traces de particules radioactives ont été détectées aussi loin qu'en Floride, aux États-Unis. La catastrophe a provoqué la contamination des aliments et de l'eau de mer. L'étendue exacte des conséquences environnementales et de la contamination des réserves alimentaires reste difficile à évaluer, mais les inquiétudes des pays voisins du Japon et de la communauté internationale doivent être prises au sérieux.
Les principaux médias chinois ont commencé par faire savoir que les particules radioactives n'affecteraient pas la Chine, puis ont modifié leurs rapports précédents en disant que de faibles niveaux de radiation avaient été détectés dans toute la Chine, mais en quantité trop petite pour être nuisibles. La répétition du même discours minimisant l'impact du rayonnement, le comparant à celui d'un scanner, ne réussit pas à dissiper les doutes des gens, car il est bien connu que les dommages des radiations ne font sentir leurs effets qu'après une longue période. Un nombre croissant de personnes choisissent de ne pas acheter ou consommer de fruits de mer afin d'éviter tout dommage possible, malgré l'annonce du gouvernement d'intensifier les mesures de radioactivité sur les produits japonais.
L'inquiétude est aussi de mise en Afrique du Sud. Le débat sur l'avenir de l'énergie nucléaire en Afrique du Sud a connu un regain depuis que le Japon se bat pour éviter une fusion du réacteur, même si la centrale de Koeberg, « la seule centrale nucléaire du continent », est peu susceptible de faire face à un tremblement de terre semblable à celui à l'origine de la catastrophe au Japon. La catastrophe japonaise est survenue alors que l'Afrique du Sud prévoyait de construire trois nouvelles centrales nucléaires. Certains experts estiment que les réacteurs nucléaires sont une source d'énergie dangereuse en soi, et seront toujours vulnérables à la combinaison potentiellement mortelle de l'erreur humaine, des défauts de conception et des catastrophes naturelles.
Les fuites radioactives en cours ont forcé le Japon à augmenter le niveau d'alerte nucléaire au maximum, le même que celui de la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Tokyo Electric Power (TEPCO), qui gère l'usine de Fukushima, a relâché plus de 10 000 tonnes d'eau contaminée dans l'océan pour libérer de l'espace de stockage pour l'eau plus fortement irradiée.
La pollution radioactive engendrée par la catastrophe de Tchernobyl dans l'ex-Union soviétique a eu des effets sur de nombreux pays d'Europe occidentale pendant une longue période, ce qui prouve que les fuites nucléaires ne connaissent pas de frontière et ne seront jamais une question «nationale». Ce problème ne souffre aucune dissimulation ni aucun retard.
Les Chinois ont profondément ressenti la douleur des Japonais. Immédiatement après le tremblement de terre, la Chine a exprimé sa profonde sympathie et a offert une grande quantité d'aide au Japon. Ni les Japonais ni aucun peuple n'aimeraient voir le spectre de la fuite nucléaire planer sur leur tête pendant une longue période. Face à une telle crise, un effort mondial s'appuyant sur la technologie et la sagesse à notre disposition doit être mis en oeuvre pour résoudre le problème actuel et travailler à atténuer les catastrophes futures de nature similaire.
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