Des options
différentes
L'UE pourrait apprendre des
pays en développement à gérer sa dette et à stimuler sa croissance.
C'est l'opinion du ministre nigérian des Finances, Ngozi
Okonjo-Iweala, faisant référence à la crise de la dette dans la
zone euro et à l'impact qu'elle a sur le continent africain. Son
homologue sud-africain, Pravin Gordhan, est du même avis. Gordhan a
déclaré récemment à la BBC que ces effets désastreux sur les
économies africaines sont grandement liés au fait que les pays
européens sont les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique,
et que l'Europe est à présent l'épicentre de la tourmente
financière. L'Afrique du Sud a vu récemment sa notation dégradée
par l'agence de notation Fitch, alors que Moody's a revu les
prévisions économiques du pays à la baisse, deux décisions qui sont
considérées comme liées à la crise de la dette dans la zone
euro.
Les raisons qui expliquent
l'impact de la crise de la dette sur l'Afrique sont nombreuses. Le
nombre important d'Africains travaillant dans la zone euro qui
envoient de l'argent à leur famille en devise étrangère, ou encore
les liens profonds de l'Europe avec ses anciennes colonies, sont
autant d'éléments qui ont joué un rôle dans l'impact de la crise de
la dette sur l'Afrique.
Néanmoins, la raison
fondamentale réside dans le fait que la plupart des exportations
africaines se frayent un chemin jusqu'aux rivages européens, avec
une part non négligeable d'investissement étranger. Avec des liens
commerciaux si forts, les conséquences globales sur les
exportations africaines sont énormes.
Quand on regarde région par
région, l'Afrique du Nord est la partie du continent la plus
dépendante du commerce avec la zone euro, suivie par l'Afrique de
l'Ouest, l'Afrique australe, l'Afrique centrale et l'Afrique de
l'Est. Des pays comme la Tunisie et la Libye ont toujours envoyé
presque les trois quarts de leurs exportations vers
l'Europe.
Les pays de la zone monétaire
ouest-africaine (WAMZ) ont des liens commerciaux et monétaires
profonds avec les marchés européens. Malgré la menace d'une chute
de la demande européenne, ce qui sauve la zone CFA (composée de 14
pays sub-sahariens, des Comores et de la France) est qu'elle pourra
peut-être bénéficier de la crise de la zone euro à cause de
l'indexation du France CFA sur un euro en berne. Cela pourrait
permettre aux principales exportations de cette région, comme le
pétrole brut, le cacao, le café ou l'arachide, de devenir plus
compétitives sur le marché mondial.
En cohérence avec cette
perspective optimiste est l'émergence des Africains achetant
désormais autant de produits fabriqués en Afrique du Sud, le moteur
économique du continent, qu'en Europe. Si la demande des pays
africains en croissance, comme le Ghana et le Nigeria, peut
favoriser l'« acheter africain », ce que le continent
perd d'un côté, il le regagne d'un autre.
Les indicateurs économiques
montrent que l'Afrique a appris à maintenir sa dette à un niveau
viable et que sa gestion macro-économique est stable. Ce sont les
leçons qu'Okonjo-Iweala estime avantageuses pour le monde
développé.
L'Europe doit être consciente
de la vitalité du monde en développement quand elle prend des
décisions qui ont des conséquences sur le monde entier.
Pour l'Afrique, la leçon est de
diversifier son économie pour éviter de mettre tous ses oeufs dans
le panier européen, et d'étendre les liens commerciaux entre les
pays africains. Le continent a besoin d'une direction forte aux
niveaux régional, national et industriel pour que cette évolution
positive se poursuive en 2012.
LE RÉDACTEUR EN CHEF
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