Quand le Sud-Soudan est devenu le plus jeune pays du monde en juillet 2011, beaucoup d'espoirs reposaient sur lui et sur son voisin du nord.
Pourtant, le Soudan et le Sud-Soudan continue de se déchirer à propos des problèmes liés à la sécession, en particulier autour des questions des revenus pétroliers, de la citoyenneté et du tracé exact des frontières, qui continuent à alimenter les tensions entre les deux États.
La superstar hollywoodienne George Clooney, qui a mené une campagne contre la guerre au Darfour et a attiré l'attention du monde sur la région, a été arrêté en mars devant l'ambassade du Soudan aux États-Unis alors qu'il protestait contre l'urgence humanitaire croissante au Soudan, qui menace la vie de plus de 400 000 personnes.
Ces personnes sont les victimes de conflits ethniques dans les états du Sud-Kordofan (à la frontière du Darfour et du Sud-Soudan) et du Nil Bleu. Le gouvernement soudanais de Khartoum a refusé d'autoriser l'accès de ces deux états aux équipes d'aide, arguant qu'il s'agissait d'une couverture pour fournir des armes aux rebelles. Et ce en dépit d'une proposition conjointe de l'ONU, de l'UA et de la Ligue arabe d'apporter de l'aide aux personnes dans le besoin.
L'ONU estime que dans les derniers mois environ 417 000 personnes ont dû quitter leur foyer, dont plus de 80 000 ont rejoint le Sud-Soudan. La renaissance du conflit au Darfour, une guerre de sept ans qui s'est terminé en 2010, détériore les relations entre le Soudan et le Tchad (à l'ouest). La région s'est également été engagée dans un conflit économique. Le Sud-Soudan, très enclavé, a fermé la majorité de ses puits de pétrole au motif que son voisin du nord le lui vole et lui fait payer trop cher l'utilisation des oléoducs. Le Sud-Soudan a trouvé une alternative dans le nouveau projet d'oléoduc à travers le Kenya pour transporter le brut jusqu'au nouveau port, en projet, de Lamu.
Alors que le pétrole fournit la quasi-totalité des revenus du Sud-Soudan, le pays joue un jeu dangereux en fermant ses puits, car les investisseurs ne seront probablement pas prêts à prêter dans de telles conditions. Les riches terres agricoles du pays sont loin d'être mises en valeur et le jeune pays n'a pas d'autres choix que de chercher de l'aide à l'extérieur, notamment pour la nourriture.
Désespéré de résoudre ce scénario catastrophique, le sommet présidentiel entre le dirigeant soudanais Omar el-Béchir et son homologue sud-soudanais Salva Kiir à Juba risquait d'être parasité par une large variété de groupes d'intérêts. Une des objections les plus recevables à la venue de Béchir au Sud-Soudan est venue d'une coalition de mouvements de la société civile, qui a mis en avant le fait que Béchir était recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, d'après la définition donnée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Cette coalition a déclaré qu'en tant que 193ème État de l'ONU, leur pays était obligé d'arrêter Béchir. Néanmoins, le négociateur en chef du Sud-Soudan, Pagan Amum, a mis en avant que le pays n'étant pas membre de la CPI, l'arrestation de Béchir était vouée à l'échec.
Il y a neuf mois, les termes d'égalité, d'État de droit et de démocratie était dans l'air. Cet optimiste était né de la fin du conflit le plus ancien du continent africain, qui avait duré cinq décennies, et de la croyance qu'après tant de conflits pour l'unité ethnique, les différentes composantes de la population pourraient vivre ensemble malgré leurs différences.
Ainsi que l'ont démontré les événements, cette croyance ne s'est pas encore matérialisée. Cependant, et avec toute la volonté politique possible, les communautés du Soudan et du Sud-Soudan doivent en dernier ressort devenir maîtres de leur destin. Il ne faut pas que l'étape de juillet 2011 ait été atteinte en vain.
LE RÉDACTEUR EN CHEF |