Une défaite victorieuse
Les femmes africaines ont fait la une des journaux cette année, avec la ministre sud-africaine des Affaires intérieures, Nkosazama Dhlamini-Zuma, faisant campagne pour le poste de présidente de l'Union africaine, Joyce Banda propulsée au poste de présidente du Malawi, et maintenant la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala pressentie pour la direction de la Banque mondiale.
Alors que Okonjo-Iweala a finalement été doublée par un spécialiste coréo-américain de la santé, Jim Yong Kim, sa candidature a été la toute première tentative pour contrecarrer la mainmise américaine sur la présidence de la Banque mondiale.
L'actuel président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a annoncé qu'il se retirerait en juin, ouvrant la voie pour la ministre nigériane des Finances, qui était soutenue par l'Angola, le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Brésil. Elle a fait campagne sur le thème de la réorientation nécessaire de la Banque mondiale et a désigné comme priorité la création d'emploi pour les jeunes.
Les ministres africains des Finances ont soutenu activement cette économiste et diplomate respectée, et alors que l'Afrique du Sud a poussé les BRICS à l'appuyer, la Russie a préféré le candidat du président Obama, Jim Yong Kim.
Depuis 1946, la Banque mondiale a toujours été dirigée par un Américain, au prétexte que les États-Unis sont les plus importants actionnaires de la banque. Cet accord fait partie d'un arrangement suranné qui veut que les États-Unis prennent la Banque mondiale tandis que les Européens sont choisis pour diriger le Fonds monétaire international.
Mais, étant donné que l'existence même de la Banque mondiale et son budget colossal sont destinés à améliorer la condition des pays pauvres ou en développement, beaucoup des « clients » de cette banque se sont plaints par le passé que l'institution faisait peu pour les aider dans leur développement économique. Les pays pauvres estiment qu'il serait préférable d'avoir à la tête de l'institution quelqu'un qui fait partie de leur monde et qui sache ce qui est nécessaire sur le terrain.
Mais il était dit que ce ne serait pas pour cette fois. Bien entendu, il y a des questions politiques en jeu dans cette élection. Les pays donateurs de la Banque mondiale, dont l'encours de crédit a atteint 258 milliards de dollars en 2011, seraient sans aucun doute plus confiants si l'un d'entre eux était à la barre.
Okonjo-Iweala avait comme atout pour l'élection d'avoir été longtemps une administratrice déléguée de la Banque mondiale, connaissant la configuration du terrain à l'intérieur de l'organisation et capabled'être opérationnelle dès le départ en cas d'élection.
Avant l'annonce du candidat choisi, le cercle dirigeant de la principale institution mondiale pour le développement était en butte à une pression croissante des pays en développement, qui lançaient des accusations de népotisme dans manière de sélectionner le président.
Alors qu'Okonjo-Iweala avait déclaré qu'elle faisait confiances aux principes méritocratiques dont se targuent la Banque mondiale et les parties prenantes, il y avait peu de doute sur le choix de Kim, même s'il se distingue du lot des banquiers et diplomates américains généralement choisis pour diriger l'institution forte de 187 membres. Okonjo-Iweala a reconnu devant les médias peu avant l'annonce du vainqueur que ce dernier serait élu « en fonction du poids et de l'influence politiques, et c'est pourquoi les Etats-Unis l'emporteront ».
Malgré ce revers, au moment où les pays émergents et les pays en développement contribuent davantage à la croissance que par le passé, la réussite principale du Nigeria et de l'Afrique dans cette campagne est de présenter une candidate méritante d'un pays en développement.
Cette affaire a permis au monde entier de prendre conscience du problème. On peut gager que lors de la prochaine élection, les États-Unis auront des difficultés à garder la place en utilisant son influence politique.
« Je ne serai plus jamais la même », confie Okonjo-Iweala
« Nous avons donc gagné une grande victoire. »
LE RÉDACTEUR EN CHEF |