Un récent rapport de la Banque mondiale, « Africa's Pulse », présente des perspective très optimistes pour 2012. Ayant connu une moyenne annuelle de 4,9 % en 2011, l'Afrique sub-saharienne est vouée à un futur économique radieux, selon ce rapport. Parmi les économies se développant rapidement en 2011, on trouve des pays richement pourvus en ressources naturelles, comme le Ghana, le Mozambique et le Nigeria, aussi bien que des pays pauvres en matières premières, comme le Rwanda ou l'Éthiopie, qui réalisent tous des taux de croissance supérieurs à 7 % en 2011. La croissance du continent devrait passer à 5,2 % en 2012 et 5,6 % en 2013, ce qui signifie que certaines des économies les plus rapides du monde se trouvent en Afrique.
Malgré cet optimisme, l'Afrique est confrontée à une série de risques. L'un de ces risques susceptibles d'affecter l'Afrique sub-saharienne, la chute des prix des matières premières, est rendu probable par des prévisions de croissance ralentie pour la Chine. Les matières premières représentent plus de 70 % des exportations sub-sahariennes de marchandises et restent un facteur profond d'inquiétude.
Alors qu'un grand nombre de personnes sont enthousiastes à propos des prévisions d'« Africa's Pulse », certaines voix critiques au sein de la Banque mondiale ont déclaré que ce rapport était un subterfuge qui fournissait des données trompeuses sur la croissance économique de certains pays d'Afrique incapables de nourrir leur population, mais qui vendent de vastes parcelles de terre à des compagnies étrangères qui y font pousser des cultures qui iront nourrir les populations des pays en développement. En somme, certains estiment que les rapports économiques optimistes légitiment la saisie de terre sur le continent.
La sécurité alimentaire est un défi majeur pour le développement économique de l'Afrique. La région du Sahel en Afrique de l'Ouest, par exemple, est confrontée à une pénurie d'eau inquiétante. Le rapport de la Banque mondiale estime que des précipitations moins importantes, une faible distribution et des déplacements de population dus à des conflits mettent en péril 13 à 15 millions de personnes au Niger, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et en Mauritanie. Les chiffres de mars de la FAO montrent que le pourcentage des personnes menacées par la faim s'élève entre 10 % à 35 % de la population de ces pays. La situation alimentaire critique est aggravée par des prévisions de faibles précipitations pour la Corne de l'Afrique en 2012, ce qui ne va pas améliorer la situation de famine de cette région. Il ne peut y avoir de croissance économique sans sécurité alimentaire.
De plus, les millions de migrants qui ont fui les zones de conflit exercent une pression écrasante sur le continent dans son entier. Le conflit actuel au Mali, où un grand nombre de personnes ont quitté leurs foyers pour gagner le sud du pays ou le Burkina Faso et la Mauritanie, renforce la tension sur le marché et les infrastructures alimentaires.
Au final, comme toujours, les plus gros obstacles pour l'économie africaine sont une gouvernance faible et des troubles politiques, attestés par une récente série de coups d'État. Alors que les risques extérieurs sont les plus préjudiciables, en particulier la crise de la dette de l'Eurozone et un resserrement des politiques intérieures dans certains grands pays en développement, qui ont provoqué une baisse des exportations africaines fin 2011, le problème de l'instabilité politique sur le continent est une source importante de nuisance, puisqu'elle a des conséquences sur l'investissement, le commerce de marchandises et le tourisme. Il y a néanmoins un signe encourageant dans la position inflexible adoptée par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest sur les conflits actuels de la région.
Obiageli K. Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique, explique que le dynamisme tangible du continent, alimenté par la croissance économique, l'innovation technologique et l'ouverture d'esprit des jeunes Africains, la rend confiante quant à la capacité du continent à relever ces défis. L'optimisme est contagieux et est toujours une bonne chose, que ce soit dans la vie personnelle, en politique ou en économie, mais il doit être tempéré par la réalité.
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