Pendant la récente visite d'Hillary Clinton dans sept pays africains, la fougueuse secrétaire d'État américaine n'a pu s'empêcher de ravir les médias occidentaux en lançant une pique en direction de la Chine.
Prenant la parole au Sénégal, elle a déclaré que Washington recherchait un « partenariat qui ajoute de la valeur, plutôt qu'un qui en extrait », ajoutant que les jours où les étrangers prenaient les richesses de l'Afrique pour eux-mêmes devraient s'arrêter. De manière évidente, le marteau de Clinton était brandi pour enfoncer un coin entre la Chine et l'Afrique et restreindre l'influence croissante de la Chine sur le continent en la taxant d'exploitation.
Les preuves manquent qui indiquent que les Africains se sentent eux-mêmes exploités. Dans une enquête du Pew Research Center menée en 2007, dans dix pays d'Afrique sub-saharienne, les avis favorables à l'égard de la Chine étaient deux fois plus nombreux que les jugements critiques. Au Mali et en Côte d'Ivoire, plus de 92 % des sondés exprimaient des avis favorables sur la Chine, et au Sénégal et au Kenya, 81 % voyaient la Chine d'un bon œil. La croissance chinoise était considérée comme un phénomène positif au Ghana, au Nigeria, en Ethiopie et en Ouganda.
Il y a beaucoup à dire sur le fait que les milliards d'aide apportés à l'Afrique par l'Occident sont difficiles à surveiller une fois qu'ils disparaissent dans les trous noirs de la corruption. Par une ironie perverse, cette aide a probablement joué un rôle important pour soutenir les dictateurs africains par le passé, de la même manière qu'elle arrive rarement dans les mains de ceux qui en ont besoin. L'Afrique a longtemps affirmé qu'elle voulait du commerce et de l'investissement plutôt que de l'aumône pour améliorer l'existence de ses habitants. La politique chinoise d'engagement, d'investissement et de commerce apporte précisément cela. L'investissement apporte les infrastructures qui permettent d'ouvrir la voie au développement et à la création d'emploi.
Dans le sillage de la cinquième conférence ministérielle du FOCAC, qui a eu lieu en juillet dernier à Beijing et où la Chine s'est engagée à faire un prêt de 20 milliards de dollars aux pays africains, le voyage de Clinton a mis à jour l'absence de stratégie américaine efficace pour contrer la puissance politique et commerciale croissante de la Chine en Afrique.
Comprenant que la Chine a besoin de maintenir un niveau de croissance important, l'Afrique insiste désormais sur les relations commerciales mutuelles et réalistes. Prenant la parole lors du FOCAC, le président sud-africain Jacob Zuma a illustré le futur des relations sino-africaines par un discours sans ambages. Il a rappelé avec fermeté que le modèle actuel de commerce de matières premières contre l'effacement de la dette et l'investissement n'est pas durable, et doit se transformer en un modèle où l'Afrique exporte des produits finis et non finis vers le marché chinois.
Cela montre que l'Afrique cesse de croire naïvement que les intérêts chinois sont purement altruistes. À l'âge d'Internet et des technologies mobiles, les Africains ont davantage conscience de l'injustice et de l'exploitation, et des décisions peuvent être prises par le peuple et les dirigeants en connaissance de cause. Bien sûr, il faut des enquêtes objectives à l'égard des investisseurs qui violent les droits de l'homme, des abus environnementaux et des cas de corruption, mais si l'on interroge les faits, la plupart des abus dont souffrent les Africains sont le fait des leurs dirigeants et ne peuvent être attribués aux autres.
Les commentaires de Clinton montrent que les États-Unis veulent rattraper le temps perdu en Afrique et protéger leurs propres intérêts. L'Afrique a évolué suffisamment pour décider quels sont ses intérêts et avec qui elle doit choisir de faire des affaires. Et c'est une très bonne chose.
LE RÉDACTEUR EN CHEF |