La violence des récentes attaques des fondamentalistes islamiques contre l'ambassade américaine au Caire et le consulat américain à Benghazi, en Libye, a rappelé avec force la nature du ressentiment anti-américain au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les attaques ont causé la mort de l'ambassadeur américain Chris Stevens et de trois autres employés du consulat américain.
Cette violence s'est déclenchée suite à la diffusion d'un court métrage tourné aux États-Unis, dont un extrait a été mis en ligne sur Youtube et qui est perçu comme une « insulte » au prophète Mahomet. Mais ces événements mettent en lumière un problème beaucoup plus profond, lié aux tensions actuelles dans la région.
Si le président américain Obama et la secrétaire d'État Hillary Clinton ont clairement exprimé leur condamnation de cette vidéo et de sa violence, affirmant qu'elle n'était nullement encouragée ou produite par l'administration actuelle, cela n'a en rien apaisé l'indignation sur le terrain.
Les raisons fondamentales à cette violence vont au delà de la diffusion de la vidéo. La colère actuelle concerne le soutien américain à Israël, qui se traduit par un système de deux poids deux mesures, contre l'application des résolutions de l'ONU envers Israël et pour celles en faveur des intérêts américains, mais également l'assujettissement des Palestiniens et la guerre en Irak déclenchée par le mensonge des armes de destruction massive. Tous ces éléments concourent à la situation actuelle.
Les Arabes sont déçus car, sur le terrain, la politique américaine ne semble pas avoir changé de manière significative depuis l'ère Bush. Un ressentiment persiste envers Barack Obama et son indifférence face à la détresse des Palestiniens. De nombreux observateurs estiment ainsi que l'attentat contre le consulat américain à la date anniversaire du 9/11 est beaucoup trop bien orchestré pour n'être qu'une coïncidence.
Les forces américaines et l'OTAN, qui ont ensemble « libéré la Libye de la tyrannie de Kadhafi », s'attendaient à une certaine reconnaissance pour leurs efforts. Ces derniers sont au contraire l'objet de violences et d'assassinats. La ville de Benghazi en particulier, où l'OTAN s'est efforcée d'empêcher le massacre des habitants, est maintenant en proie aux manifestations anti-américaines.
Il est évident que même si des contre-manifestations sont organisées à Tripoli pour témoigner de l'indignation face à l'assassinat de l'ambassadeur américain, l'intervention de l'OTAN n'a toutefois rien fait pour remédier au ressentiment actuel, de condamnation de l'arrogance et de l'ignominie de l'Occident et des autorités américaines en particulier, qui introduisent dans le monde arabe leur culture et leur politique.
Alors que les démonstrations de violence se propagent à Khartoum et à Tunis, un autre aspect de l'actuel sentiment anti-américain s'illustre en Afrique du Nord. Le continent développe en effet sa propre économie et politique. L'ingérence dans ses affaires par les États-Unis se fait donc avec heurts. À l'opposé, la Chine, qui choisit de suivre une politique de non-ingérence dans les affaires des autres États souverains et traite les partenaires commerciaux et politiques sur un pied d'égalité, est beaucoup mieux acceptée, bénéficiant ainsi aux deux parties.
Beaucoup dans le monde arabe considèrent encore les États-Unis comme un endroit idéal pour étudier, vivre ou voyager, mais cette image positive est constamment remise en cause par la politique étrangère américaine, ressentie comme une injustice et nuisant à leurs intérêts sur leur propre territoire. Les valeurs phares que l'Amérique prétend représenter, notamment la liberté, sont éclipsés par une politique étrangère qui donne au pays une image négative et empoisonnée.
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