La mort d'un mineur d'or chinois âgé de 16 ans au Ghana, et l'arrestation de 90 des ses collègues, montre encore une fois la détresse des travailleurs chinois en Afrique.
Environ 1 million de citoyens chinois vivent aujourd'hui sur le continent, majoritairement des ouvriers des secteurs de la construction et de l'exploitation minière, vivant souvent dans des zones rurales. Un rapport récent de la fondation sud-africaine Brenthurst, portant sur les travailleurs et les commerçants chinois, constate que la grande majorité de ces ouvriers et de ces commerçants vivent encore dans un « cocon » étanche, ne s'intègre pas à la société africaine et fonctionne encore selon le schéma « Nous-Eux ». Bien sûr, cela donne lieu à des tensions faites de suspicion mutuelle. Le rapport montre que les travailleurs pensaient tous pouvoir trouver un meilleur cadre de vie à l'étranger que chez eux et qu'ils étaient prêts pour cela à travailler de longues heures et à endurer des difficultés considérables.
Alors que les travailleurs chinois sont de plus en plus nombreux à chercher des possibilités d'emploi et d'affaires en Afrique, toute une série d'incidents indiquent qu'un changement d'attitude est nécessaire de la part de ces nouveaux arrivants.
En août, la mine de charbon de Collum, en Zambie, détenue par des Chinois, a été le théâtre de manifestations de mineurs zambiens où un ressortissant chinois a trouvé la mort et où un autre a été sévèrement blessé. Ces mineurs protestaient en raison d'un supposé retard de la direction à mettre en place un salaire minimum. Plus d'un milliard de dollars ont été investis par des entreprises chinoises exploitant des mines de cuivre en Zambie.
Ce même mois, 37 criminels chinois présumés ont été rapatriés d'Angola pour des charges d'enlèvement, de vol et d'extorsion de leurs propres compatriotes. Cet incident montre que les travailleurs chinois en Afrique sont confrontés non seulement à des risques de sécurité en raison d'un environnement souvent instable sur le continent, mais qu'ils doivent être protégés parfois contre leur propre communauté chinoise, comme dans ce pays qui compte de plus de 250 000 personnes.
Tous ces incidents provoquent de la colère en Chine.
Que peut-on donc faire pour s'occuper des frictions croissantes impliquant des ouvriers chinois travaillant en Afrique ?
La protection armée de travailleurs chinois en Afrique a bien été évoquée, mais il s'agit d'une option irréaliste, puisqu'elle creuserait encore le fossé entre les Chinois et les Africains. D'un point de vue juridique, une loi concernant la population active chinoise au-delà des frontières de la Chine devrait être rédigée, pour faire la lumière sur le rôle des agents de recrutement, la manière dont les conflits de travail devraient être traités, et la responsabilité du gouvernement lorsque de tels incidents se produisent.
En outre la Chine doit envisager la création d'un organisme de contrôle chargé d'informer les personnes qui quittent la Chine pour travailler dans des pays étrangers sur leurs droits, leurs obligations, les contacts des ambassades et sur la manière dont leur protection peut être assurée en cas de conflit. La solution repose clairement sur l'information, la communication et l'éducation des travailleurs. S'adapter aux lois africaines et à la culture du pays d'accueil doit être la chose la plus importante dans l'esprit des travailleurs chinois à l'étranger, tout comme les travailleurs africains en Chine doivent s'adapter aux coutumes et aux lois chinoises.
Envoyer en Afrique des travailleurs insuffisamment informés peut être est une source de graves problèmes pouvant potentiellement provoquer des conflits et nous éloigne des Africains.
LE RÉDACTEUR EN CHEF |