Les tensions en Égypte continuent, dans la lignée des manifestations exigeant le retrait du président Morsi pour abus de pouvoir, conduisant à l'armée à évincer le premier président démocratiquement élu du pays dans un coup d'État militaire le 3 juillet. Début août, des affrontements ont opposé les partisans du président islamiste Morsi avec les forces de police du pays causant plus de 1 000 morts, des islamistes et leurs sympathisants pour la plupart. La décision du tribunal de libérer l'ancien président Hosni Moubarak a par ailleurs attisé la colère du public.
Dans la foulée de la répression des manifestations contre le gouvernement démocratiquement élu, un mois d'état d'urgence a été déclaré dans les grandes villes du pays, mais le couvre-feu du crépuscule à l'aube a été largement ignoré par les manifestants. Le retour des militaires sur la scène politique apporte un sentiment de déjà-vu pour les Égyptiens.
L'état actuel des affaires est le résultat de 12 mois d'évolution du mécontentement vis à vis de la mauvaise gestion politique et économique du gouvernement. De toute évidence, l'armée égyptienne ne peut pas assurer la transition démocratique, car elle représente chez le peuple un groupe décidé à sauvegarder ses privilèges au détriment du processus démocratique. Consciente de ce problème, l'armée a déjà promis une élection présidentielle anticipée dans une période de transition, après l'éviction de Morsi, mais des interrogations restent sur l'intégration possible des Frères musulmans dans le futur cadre politique du pays.
Une interdiction des Frères musulmans en raison des violences pourrait à nouveau faire rentrer le groupe dans la clandestinité, ce qui déstabiliserait encore plus la plus grande nation arabe, qui contrôle le canal de Suez, stratégiquement vital, et possède un traité de paix avec Israël. Le conflit en Égypte influence fortement les montants de l'aide, le tourisme et les prêts en provenance de l'UE et les 1,3 milliard de dollars annuels en aide militaire des États-Unis. Il est intéressant de noter que l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle allait compléter l'aide si les États-Unis coupaient leur soutien militaire.
Le meurtre de manifestants est le signe le plus récent que l'Égypte dégringole en territoire inconnu. Les partisans et les opposants à Morsi ne sont pas prêts à reculer, et il ne semble y avoir aucune solution politique dans l'avenir immédiat pour les Égyptiens. Une réconciliation nationale est nécessaire pour guérir les nombreuses années de méfiance et de ressentiment. Celui qui dirigera l'Égypte devrait être suffisamment solide pour faire de ce rapprochement une priorité.
LE RÉDACTEUR EN CHEF |