La décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'autoriser le président kényan Uhuru Kenyatta ne pas assister à tous ses procès en novembre, sur des accusations de crimes contre l'humanité, est un signe que la CPI ne cherche pas le changement de régime au Kenya comme de nombreux observateurs l'avaient imaginé. Kenyatta ne sera pas tenu d'assister aux séances d'ouverture et de fermeture de son procès et aux auditions des victimes. Ce dernier estimait qu'assister à tous le procès à La Haye allait l'empêcher de gouverner son pays.
La décision de la CPI fait suite au sommet de l'UA organisé à la hâte à Addis-Abeb, où le corps africain a critiqué la CPI de partialité envers les dirigeants africains, en particulier parce que Kenyatta est le premier chef d'État en exercice à subir son procès devant la CPI. Kenyatta et son adjoint William Ruto sont accusés d'avoir déclenché les violences au Kenya après les élections de 2007, au cours desquelles environ 1 200 personnes avaient été tuées. Le procès de Ruto a commencé en septembre et son exemption d'assister à l'ensemble du procès est en appel.
Le cas de Kenyatta a fait beaucoup parler. Au sommet de l'UA qui a cherché à examiner la relation de l'Afrique avec la CPI, l'UA a demandé à ce que les chefs d'État en exercice ne soient pas inculpés par la CPI, pour garantir « la souveraineté, la stabilité et la paix ».
L'ironie de l'affaire est que sur 122 États membres de la CPI, 34 sont africains, et tous ont promis l'égalité de traitement pour les personnes dans les cas de responsabilité pénale pour les crimes internationaux.
Les dirigeants africains estiment que si la CPI est essentielle pour juger les crimes internationaux contre l'humanité, elle devrait également juger les superpuissances qui envahissent arbitrairement des nations plus faibles. Cherchant à équilibrer les choses, le président de la commission de l'UA Nkosazana Dlamini Zuma a déclaré au sommet : « Il est essentiel que nous restions dans le cadre juridique du Statut de Rome ». Ses mots indiquent qu'un retrait massif des membres africains de la CPI est peu probable.
Actuellement, la CPI étudie huit cas, tous en Afrique : Ouganda, RDC, République centrafricaine, Darfour, Kenya, Libye, Côte d' Ivoire et Mali. Alors que l'Afrique appelle à ce que le continent soit traité équitablement, la réticence des États membres africains à coopérer avec la CPI mettrait en péril sa capacité à essayer effectivement ces cas. Mais sans cas africains elle ne travaille pas et son avenir est remis en cause.
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