Bien que les Sud-Africains se préparaient au décès de Nelson Mandela depuis déjà quelques années, lorsque ce dernier a rendu son dernier souffle le 5 décembre 2013, ils furent fortement attristés.
Malgré le fait que Mandela, largement connu sous son nom de clan Madiba, n'avait joué aucun rôle dans la vie publique depuis qu'il avait démissionné de la présidence en 1999, il a toujours été considéré comme la personne assurant une certaine unité en Afrique du Sud. En temps de crise et face aux défis continus posés par les protestations des travailleurs, la corruption, le manque de prestations de services et la criminalité, on posait toujours la question : « Que ferait Mandela? ». Mandela est devenu un personnage plus grand que nature et son statut a surpassé celui d'un simple mortel. Et avec une vie remplie par la douleur, la souffrance et la liberté, il est probablement devenu la personne la plus connue dans le monde – universellement aimé et respecté, aussi bien par les gens ordinaires et les célébrités que par les chefs d'État. Pourtant, il évitait grandement d'attirer l'attention, reconnaissant seulement qu'il avait joué son rôle dans le démantèlement de l'apartheid dans le cadre d'un collectif. L'histoire montrera qu'il a guidé ce collectif et a jeté les bases du pays – la bonne personne, au bon endroit, au bon moment.
Mandela a veillé consciencieusement à ce que les craintes des Sud-Africains blancs au moment du changement de gouvernement en 1994 apparaissent sans fondement. Il a parcouru le pays de long en large pour prendre le thé avec les femmes des anciens dirigeants de l'apartheid, faire la paix avec ses geôliers, apaiser les agriculteurs et porter le Springbok, l'emblème du rugby blanc. Si ces actions semblent triviales, elles ont en fait joué un rôle très important dans le processus de paix.
Critiqué par certains pour avoir fait trop de concessions envers les Sud-Africains blancs au moment où le pays changeait de mains, Mandela a en réalité fait ce qui devait être fait après sa sortie de prison en 1990. Sa cohésion a permis d'éviter une guerre civile sanglante lorsque le pays fut proche de l'implosion.
Mandela nous a légué un héritage multifacette, mais les deux principaux exemples qu'il laisse derrière lui sont la capacité de pardonner aux autres et, en tant que dirigeant, savoir quand se retirer et passer la main. Voici une leçon particulièrement importante en Afrique, où de nombreux dirigeants estiment que rester au pouvoir indéfiniment constitue un droit inaliénable.
À l'avenir, l'Afrique du Sud privée de Mandela doit continuer sur la voie du progrès, en dépit des critiques constantes contre un gouvernement embourbé dans des allégations de corruption. Au moment où le pays se prépare pour les élections, les Sud-Africains doivent s'imprégner des principes de Mandela. La flamme émanant de l'homme devenu la boussole morale d'une nation et le guide du pays dans sa dangereuse transition de l'apartheid à une démocratie pacifique doit perdurer dans le cœur de tous les Sud-Africains et des peuples du monde entier.
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