D'après une annonce de la Haute commission électorale égyptienne, 98,1 % des électeurs ont dit « Oui » à la nouvelle constitution en janvier. Si cette décision peut être considérée comme illégitime par les islamistes, elle signale que la majorité des Égyptiens soutiennent les dirigeants actuels et la future feuille de route pour l'ère post-Morsi.
Le référendum a marqué le premier vote des Égyptiens depuis l'éviction du président Mohamed Morsi par l'armée en juillet dernier, après de violentes manifestations contre son régime et l'organisation des Frères musulmans.
Traduites par une écrasante majorité de « Oui » pour une nouvelle constitution, les revendications des masses égyptiennes ont ouvert la voie à des conditions politiques et économiques améliorées qui permettront à la nouvelle équipe dirigeante d'unir le pays.
Cependant, l'intégrité du référendum a été contestée par les membres de l'opposition et les défenseurs des droits. D'après certains dires, le scrutin aurait été biaisé par le climat de peur et d'intimidation, et la campagne pour le « Non » interdite.
La nouvelle constitution renforce les trois institutions les plus importantes du pays – l'armée, la police et la justice – et donne plus de droits aux femmes. Les partis constitués sur une base « religieuse, sexuelle, ethnique ou géographique » ne sont pas autorisés, assurant la mise en touche des Frères musulmans arrivés en tête de cinq sondages entre 2011 et 2013.
L'une des observations les plus intéressantes face au résultat du référendum est la réponse en suspens de l'Union africaine (UA). Certains se demandent si l'UA maintiendra la suspension de l'Égypte, faisant valoir qu'il n'y a pas eu de changement « réel » et pas de retour à la démocratie après le coup de juillet 2013. D'autres soutiennent que l'UA pourrait voir dans le résultat du référendum un retour à un processus démocratique.
En plus d'indiquer clairement l'approbation du peuple égyptien envers la Constitution, le résultat du référendum démontre aussi l'appui de ce dernier au Chef de l'armée et ministre de la Défense égyptienne Abdel Fattah al-Sisi. Celui-ci a déclaré que « si le peuple le demande et l'armée lui donne un mandat », il se présenterait aux élections présidentielles. Le résultat justifie maintenant sa candidature aux prochaines élections présidentielles susceptibles de se dérouler parallèlement aux élections législatives, dans les six prochains mois. Il est possible que l'équipe dirigeante par intérim utilise ces résultats pour solliciter une reprise du soutien de l'Occident et la réintégration dans l'UA.
Les États-Unis ont déjà accepté de rétablir les 1,5 milliard de dollars d'aide militaire et économique à l'Égypte, à condition que le gouvernement égyptien prenne des mesures pour rétablir la démocratie.
Épuisés par les conflits, les Égyptiens ont souffert de trois ans de tourmente depuis l'éviction de l'ancien président Hosni Moubarak en janvier 2011. Leur nouvelle constitution et les élections présidentielles de 2014 laissent donc entrevoir l'espoir de bâtir une année garantissant plus de sécurité et de stabilité pour le pays.
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