Le Brésil a attiré l'attention du monde en juillet à cause des compétitions de la Coupe du monde de la FIFA qui s'y déroulaient. Aussitôt terminé, l'évènement sportif a cédé la place à la rencontre, à Fortaleza, des chefs d'État membres des BRICS. Si le Brésil n'a pas donné le rendement attendu sur le terrain de football, le 6e sommet des membres des BRICS a connu, lui, un grand succès.
La grande nouvelle de Fortaleza a été l'accord sur la désignation du siège de la Nouvelle Banque de développement (NBD) des BRICS, et l'établissement du CRA (Contingent Reserve Arrangement) fixé à 100 milliards de dollars, somme dans laquelle les membres du groupe pourront puiser en cas d'urgence financière. La NBD, qui devrait être fonctionnelle dans deux ans, a d'abord été annoncée au 4e sommet des BRICS à New Delhi en 2012. C'est la première grande réalisation des BRICS depuis la fondation du groupe en 2009, et le premier essai pratique de pays en développement pour créer une alternative financière, commerciale, monétaire, et de développement au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et au statut dominant du dollar des États-Unis. Après des débats ardus, c'est Shanghai qui a été choisie comme quartier général, et l'Inde placée pour cinq ans à la présidence rotative.
La NBD a tout ce qu'il faut pour devenir une importante source de financement des infrastructures nécessaires en Afrique. Le ministre des Finances d'Afrique du Sud, Nhlanhla Nene, a dit que la beauté des BRICS réside dans l'intérêt collectif des cinq pays pour la NBD.
Nene a dit qu'un centre régional de la banque serait établi à Johannesburg au profit de l'Afrique du Sud et du continent africain. « L'Afrique du Sud est fière d'accueillir l'établissement de la banque et confiante dans le potentiel de cette institution en faveur du continent. »
En Chine, Chen Bo, un économiste de l'université de Finance et Économie de Shanghai, était aussi optimiste. Chen dit que la banque profitera à Shanghai car les prêts intergouvernementaux apporteront davantage de transactions commerciales. Sous cet aspect, des mesures favorables qui seront lancées dans la Zone de libre commerce de Shanghai aideront à créer un milieu d'affaires accueillant.
La NBD est un vieux rêve des BRICS. Elle fournit un bassin nécessaire à la coopération économique et prouve que les BRICS ne sont pas seulement une parole en l'air. La banque verra aussi à renforcer la confiance de l'investissement dans les économies émergentes. Ces économies signalent que malgré les conséquences de la crise économique mondiale, elles peuvent réussir par la coopération. De cette façon, l'opinion que les BRICS puissent difficilement être une force internationale sur laquelle on peut compter, à cause de son inaptitude à lier les intérêts communs, a été surmontée par le désir des membres de réagir au système financier international dominé par l'Occident.
La NBD pourrait-elle constituer une menace pour la Banque mondiale, et le CRA pour le FMI ? Peut-être, mais pas dans un proche avenir. Le FMI a bien accueilli l'idée des BRICS de développer une nouvelle banque, et s'est déclaré prêt à travailler avec leurs dirigeants. Ce qui a peut-être davantage d'importance est que la NBD offre aux BRICS un point de ralliement qui pourrait rapprocher politiquement ses membres.
LE RÉDACTEUR EN CHEF |