Le sixième sommet international de l'entrepreneuriat (SIE), qui s'est tenu fin juillet 2015 à Nairobi, au Kenya, a réuni sous un même toit des entrepreneurs, des patrons d'entreprise, des fonctionnaires gouvernementaux, des investisseurs, et un invité d'honneur, Barack Obama. C'était sa quatrième visite en Afrique et sa première au Kenya, d'où une partie de sa famille est originaire, depuis qu'il a été élu président en 2009. La présence d'Obama dans cette « centrale électrique » de l'Afrique de l'Est devrait accroître la confiance internationale envers le vaste potentiel de l'économie kenyane.

C'était la première fois que le SIE se tenait en Afrique sub-saharienne, depuis l'annonce de sa création lors d'un discours de Barack Obama au Caire en 2009. Le sommet annuel du SIE s'était ensuite tenu successivement à Washington D.C., à Istanbul, à Dubaï, à Kuala Lumpur et à Marrakech.

Le SIE est une initiative de Barack Obama pour associer les investisseurs et les pays d'accueil afin de mettre en avant les compétences, les produits et la capacité d'innovation des entrepreneurs et soutenir l'écosystème d'entrepreneuriat. Le sommet de Nairobi s'est attaché en particulier à générer des investissements pour les femmes et les jeunes, dont on s'aperçoit de plus en plus qu'ils détiennent la clé du futur de l'économie mondial.

En offrant aux participants un accès direct aux marchés internationaux, le SIE est une plate-forme majeure pour renforcer le potentiel des investisseurs africains dans le monde et pour trouver des solutions pragmatiques face à la pauvreté et au chômage. L'année dernière, plus de 6 000 petits patrons d'entreprise, conseillers d'hommes politiques et investisseurs y ont participé. Lors du sommet de 2014 au Maroc, plus de 4 milliards de dollars, venant principalement des États-Unis, ont été investis dans des start-ups.

Les observateurs estiment que le voyage d'Obama au Kenya permettra au pays et à la région de bénéficier des investissements américains. Le Kenya est considéré comme l'épicentre de la croissance régionale, dans une région qui a embrassé l'esprit entrepreneurial. La preuve en est du progrès qu'a fait le Kenya pour devenir le leader mondial dans les technologies mobiles (en particulier en termes de transfert d'argent mobile), ou encore son hub d'innovation, un open espace pour la communauté technologique.

Outre le potentiel entrepreneurial, le SIE constitue, à n'en pas douter, un excellent moyen pour les États-Unis d'étendre leur politique développementale et étrangère, dans le droit fil du Sommet des leaders américains et africains qui s'est tenu en août 2014 à Washington, et où 51 leaders africains ont rencontré Obama pour mieux « investir dans la nouvelle génération ».

Le SIE, tout comme les autres initiatives américaines sur le continent, peuvent également constituer un moyen de limiter la présence chinoise en Afrique, qui continue de croître à travers des initiatives comme le Forum sur la Coopération sino-africaine. Les États-Unis et la Chine poursuivent leurs propres intérêts en promouvant la paix et le développement sur un continent où tous deux investissent massivement. En tant que puissances responsables, bien qu'en compétition, la Chine et les États-Unis bénéficieront tous deux de la stabilité et du développement économique de l'Afrique. Cela passe par des opportunités commerciales partagées et un investissement croissant, ainsi qu'un renforcement de la coopération pour toutes les parties concernées. En promouvant le rôle des entrepreneurs, le SIE est une manière positive et efficace d'y parvenir.