Avec la tenue prochaine du Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) à Johannesburg, les attentes vont bon train pour incorporer ce qui fut aux antipodes des opinions qui circulaient auparavant, à savoir que l'engagement commercial entre la Chine et l'Afrique serait « non viable ». Lors de la cérémonie d'ouverture de la 5ème Conférence ministérielle du FCSA en 2012, le Président sud-africain Jacob Zuma s'est exprimé sur la relation commerciale disproportionnée entre l'Afrique et la Chine. Il a fait ces remarques dans un contexte où les exportations de l'Afrique vers la Chine concernent traditionnellement les ressources naturelles et les avantages qu'elles procurent ne se font pas concrètement ressentir sur le continent.
Trois années plus tard, le Sommet de Johannesburg est une occasion historique, non seulement parce qu'il s'agit du premier à se tenir sur le sol africain, mais aussi parce qu'il est temps pour les dirigeants africains et les autres délégués d'adopter une position audacieuse et de s'assurer que l'ordre du jour qui sera discuté lors du FCSA reflètera bien ce dont l'Afrique a besoin pour que l'Afrique fonctionne mieux. Ces besoins incluent l'approfondissement de la coopération dans les domaines du développement des infrastructures, de l'annulation de la dette, de l'industrialisation, de la promotion des investissements, de l'accroissement de l'accès aux marchés, de l'agriculture, des sciences et technologies, de la santé, de l'éducation et des échanges culturels entre individus, des domaines qui peuvent tous bénéficier de l'expertise de la Chine.
Parmi ces besoins, nul autre n'est sans doute plus pressant que le développement des infrastructures. Lors de sa visite en Afrique en mars 2013, le Président chinois Xi Jinping a accru l'engagement financier à l'égard du continent à 20 milliards de dollars, alloués de 2013 à 2015. Cela a fait naître un espoir quant à la prochaine ligne de crédits qui sera annoncée lors du Sommet pour la période à venir. Ce qui apparaît maintenant comme crucial, ce sont les modalités d'utilisation de ces financements pour servir au mieux les intérêts de l'Afrique. Depuis qu'il a pris ses fonctions, M. Xi a mis l'accent à maintes reprises sur le développement des infrastructures en Afrique et les observateurs considèrent que la Chine est encouragée à revoir sa focalisation sur les ressources naturelles. L'Afrique a besoin d'une structure de transports efficace et les projets des « Trois réseaux » que la Chine a récemment promus, à savoir le réseau ferré à grande vitesse, le réseau autoroutier et le réseau aérien régional, tels qu'ils ont été formulés par le Premier ministre Li Keqiang, sont vitaux à cet égard.
La ministre des Relations internationales et de la Coopération d'Afrique du Sud Maite Emily Nkoana-Mashabane a déclaré qu'il était prévu que le Sommet de Johannesburg fasse passer les relations Afrique-Chine à un nouveau niveau qui donnera une impulsion à l'agenda de développement de l'Afrique. Une partie significative concerne l'« Agenda 2063 » de l'Union africaine, une feuille de route ambitieuse du continent qui vise à donner plus de responsabilités aux femmes, à fortement accroître l'industrialisation et le développement économique du continent. Avec l'impulsion donnée par l'Union africaine, les deux parties pourront en bénéficier si l'organisation qui parle pour le continent prend l'initiative du dialogue avec la Chine et donne une nouvelle dimension au FCSA. De cette façon, l'Afrique sera capable de répondre de manière plus stratégique aux opportunités nombreuses que la Chine peut lui offrir.
Maite Emily Nkoana-Mashabane a fait savoir que pendant le Sommet devraient être adoptés la Déclaration de Johannesburg et le Plan d'Action de Johannesburg, qui souligneront les mesures spécifiques destinées à consolider le partenariat mutuel croissant entre l'Afrique et la Chine. La politique de la Chine à l'égard de l'Afrique au cours des trois prochaines années sera sans aucun doute déterminée par les engagements pris lors du Sommet. Le thème du FCSA sera « L'Afrique et la Chine progressent ensemble : une coopération gagnant-gagnant pour un développement commun ». L'Afrique doit voir que ses propositions pour le FCSA sont ancrées dans les besoins pour son propre développement pour que le slogan « gagnant-gagnant » soit le résultat de ce Sommet historique.
LE RÉDACTEUR EN CHEF
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