Des agissements méprisables
Les images d'enfants mourant de faim mettent
toujours mal à l'aise. A la lecture d'un reportage expliquant
comment l'aide alimentaire est détournée et vendue sur le marché en
Somalie, je me suis senti à la fois affligé, écœuré et indigné. Un
reportage d'Associated Press rapportait que la nourriture parvenait
aux camps de réfugiés puis était confisquée sous la menace de
violence et vendue contre profit.
De plus, ce reportage met en cause la
crédibilité des agences responsables de l'aide alimentaire. Il y a
dans le monde entier beaucoup de gens désireux d'apporter leur
aide, mais que vont-elles penser en lisant ce reportage ?
Peut-on continuer à apporter son aide si l'on apprend que celle-ci
est volée de la bouche des personnes affamées ?
« En venant en aide aux personnes souffrant de
la famine, vous engraissez les groupes de pouvoir qui font des
affaires avec la catastrophe », a déclaré Joakim Gundel, directeur
de Katuni Consult, une société de Nairobi chargée d'évaluer l'aide
alimentaire en Somalie. « Vous sauvez aujourd'hui des
personnes pour qu'elles meurent demain. »
J'en appelle à ceux qui sont au pouvoir pour qu'ils
mettent un terme au détournement de l'aide alimentaire par ces
bandits, car c'est bien ce qu'ils sont. Ces gens – là ne méritent
aucune pitié.
Jacob Aldridge, Afrique du Sud
Nous voulons étudier
Merci pour votre magazine d'information. J'ai pu le
lire grâce à un ami qui travaille au gouvernement. Je voudrais vous
écrire sur la tragédie de mon pays. Pour dire les choses
simplement, le Swaziland est ruiné. Nous n'avons pas d'argent pour
faire marcher le pays et fournir les services élémentaires. Le pire
est que les écoles ne fonctionnent pas et que les enfants ne
peuvent pas apprendre. La situation est telle que la seule
université du pays est fermée pour cette année académique. Les
responsables de l'université ont déclaré qu'elle serait fermée pour
un temps indéfini. Nous sommes inquiets pour notre futur. Sachant
ce qui s'est passé dans le reste de l'Afrique, nous savons que nous
ne sommes rien sans enseignement. Notre voisin sud-africain a
proposé de nous aider en nous prêtant 342 millions de dollars. Cela
m'a redonné de l'espoir et j'espère qu'une partie de cette somme
permettra aux écoles et à l'université de rouvrir. Mais nous avons
appris que les agences gouvernementales se disputaient pour savoir
à qui iraient l'argent, et les créanciers estiment qu'ils doivent
être payés avant les établissements scolaires. C'est incroyable.
Pourrons-nous trouver un compromis permettant aux enfants de
retourner étudier pour notre futur ? Pour noircir encore le
tableau, nous apprenons que notre roi mène grand train pendant
cette période difficile. Merci d'accepter ma lettre, j'attends avec
impatience votre prochain numéro.
Abigail Kunene, Swaziland
Train rapide
Dans votre numéro d'août, vous avez publié un
article sur le TGV chinois et sur la manière dont la Chine utilise
le transport ferroviaire pour atteindre et développer des régions
situées le long de la voie ferrée. Pour avoir voyagé en Chine dans
ces TGV, je peux dire que j'espère que le continent africain sera
doté de tels moyens de transport dans le futur. Pendant les années
1970, la Chine a construit les 1 860 km de la fameuse ligne
Tanzanie-Zambie, et j'espère qu'il y aura d'autres investissements
ferroviaires dans le futur sur le continent, car souvent des
ressources ne peuvent atteindre le marché en temps voulu à cause du
manque de routes et de trains. J'ai lu récemment que le TGV
chinois, qui ne va pas seulement vite mais qui a également été
construit rapidement, a rencontré des problèmes liés à la sécurité,
suite à l'accident tragique qui a eu lieu à Wenzhou. Le fameux
proverbe « vitesse n'est pas précipitation » mérite
peut-être d'être médité, car un développement rapide rencontre
inévitablement des questions de sécurité. Nous sommes convaincus
néanmoins que la Chine règlera ces problèmes de sécurité et
poursuivra son spectaculaire développement.
Eunice Kubeka, Zimbabwe
Lire ou ne pas lire
J'ai apprécié votre reportage du mois de juillet à
propos de la lecture en Afrique. Je pense que ce qui nous fait
défaut, c'est l'habitude de lire. Quand les Africains lisent, ce
sont en général des romans à l'eau de rose, des magazines de potins
ou des bandes dessinées. Les éditeurs doivent revoir la
présentation de leurs produits pour attirer les jeunes, qui
préfèrent les fêtes et la musique. L'Internet n'aide pas : les
jeunes passent plus de temps à surfer sur des sites sans intérêt et
n'apprennent rien du tout. La solution est de rendre les livres
moins chers et de les diffuser, et de publier des livres sur des
sujets intéressants auxquels les gens peuvent s'identifier.
Bernard Kwaku, Ghana
Jacob Aldridge,
Afrique du Sud
Peut-on continuer à apporter son aide si l'on
apprend que celle-ci est volée de la bouche des personnes
affamées ?
|