Adieu, Lady Green
C'était un jour malheureux que celui où j'ai appris la mort de Wangari Maathai. L'activiste écologique était mon héroïne ainsi que celle de millions de personnes dans le monde. Elle n'était pas seulement lauréate du Prix Nobel, mais elle menait également une vie simple et elle traitait de la même manière les gens ordinaires et les dignitaires. C'était une vraie icône africaine, et elle me rendait fière d'être Kenyane. Elle disait toujours que chacune de nos contributions individuelles, même la plus modeste, si elle était combinée avec d'autres, pouvait faire de notre pays la nation prospère que nous espérons tous. Le Professeur Wangari a laissé derrière elle un héritage précieux pour nous tous. Afin d'honorer sa mémoire, nous devons suivre son exemple et poursuivre le Green Belt Movement.
Ce mouvement a permis de planter plus de 47 millions d'arbres en Afrique orientale. Il est ahurissant de penser à tous ces arbres retournant à la terre. Le plus important c'est que cela donne aux femmes des villages les moyens de planter des arbres, de vendre des graines et de créer un revenu pour elles-mêmes. Le Green Belt Movement ne s'occupe pas seulement de l'environnement, c'est également un moyen de créer de l'emploi dans les zones rurales, un moyen de donner des capacités aux femmes qui sont toujours considérées comme inférieures aux hommes en termes de pouvoir, d'éducation, d'alimentation et dans d'autres domaines.
Le Premier ministre Kenyan a déclaré que Maathai était la championne des droits de l'homme et qu'elle avait enseigné aux gens qu'il existait un lien entre la vie humaine, les droits et l'environnement. Je me souviens de commentaires faits par son mari lors de leur divorce. Il a dit qu'elle avait une volonté de fer et qu'elle ne pouvait pas être contrôlée. C'est en effet le cas. Elle avait une vision et personne ne pouvait l'empêcher de la réaliser. C'est ce dont nous avons le plus besoin en Afrique. Elle n'était pas uniquement une environnementaliste, elle a aidé les femmes kenyanes à parvenir à l'égalité. Quand elle a gagné le Prix Nobel, c'était la première fois que cette distinction allait à une femme africaine. C'était une femme qui créait toujours des précédents. Elle va nous manquer à tous. Adieu, Lady Green.
Alison Heri, Kenya
Les héroïnes du Nobel
Nous sommes fiers des femmes et du bouleversement complet que représente le Prix Nobel de cette année. Le Président Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman ont été reconnues pour leurs efforts remarquables, d'autant plus extraordinaires dans des sociétés qui traditionnellement répriment les femmes. Cette récompense reconnaît également le mouvement mondial des femmes pour son activisme et son soutien en faveur de la paix et de la sécurité, ainsi que les groupes nationaux et locaux en Afrique et au Moyen-Orient depuis la fin des années 1990. C'est ce genre d'activisme qui a réussi à inscrire les questions d'égalité des sexes, de violences faites aux femmes et de participation active des femmes parmi les priorités de la sécurité mondiale.
Ellen Johnson Sirleaf a été une des artisans de la reconstruction du Liberia après des années de conflit. Elle est considérée comme quelqu'un de sage, gracieuse et pragmatique. L'Afrique a besoin de leaders pragmatiques qui peuvent dissiper le brouillard et s'attaquer aux problèmes. Leymah Gbowee, elle aussi libérienne est une militante pour la paix, rendue célèbre par la phrase où elle expliquait qu'elle était devenue adulte « en quelques heures » à l'âge de 17 ans en étant témoin des horreurs de la guerre. Le travail héroïque de Leymah qui, en organisant les femmes musulmanes et chrétiennes dans un mouvement, a contraint le dictateur Charles Taylor à accepter leur présence dans les discussions de paix au Ghana, était courageux et a inspiré beaucoup de monde.
Ce prix Nobel de la paix 2011 ne récompense pas seulement ces femmes extraordinaires mais attire l'attention sur toutes les héroïnes anonymes en Afrique qui œuvrent tous les jours pour briser le cercle de l'inégalité sexuelle, des sociétés répressives, et pour la résolution des conflits et la construction de la démocratie. En donnant le Prix Nobel à ces icônes, on encourage les femmes africaines à ne jamais baisser les bras et à suivre l'exemple des ces modèles pour œuvrer à l'égalité des sexes et à une société pacifique. Le comité Nobel a déclaré : « Nous ne pouvons réaliser la démocratie et la paix durable dans le monde si les femmes n'obtiennent pas les mêmes chances que les hommes d'influencer le développement à tous les niveaux de la société. »
Mirium Sendele, Zimbabwe |