Retour aux sources
Les travailleurs urbains semblent progressivement changer leur mode de vie et apparaissent de plus en plus séduits par l'idée d'un rythme de vie plus lent.
« Lorsque vous passez votre temps à tourbillonner en quête d'une vie meilleure, cette vie meilleure ne peut être que chimère », affirment les défenseurs d'un mode de vie lent sur Douban.com, l'une des plus larges communautés Internet de Chine.
Il y a trois ans, à Tianjin, des jeunes gens ont décidé de créer un club de « slow living », un concept signifiant vivre en prenant son temps, qu'ils ont voulu comme une échappatoire à l'agitation de la vie citadine.
« Ces dernières années, j'entends constamment des gens autour de moi me dire qu'ils sont occupés, fatigués et stressés ; je vois des gens se démener pour rembourser leur appartement, leur voiture ou leur crédit à la consommation », remarque Yang Yue, l'un des fondateurs du club, lors d'une interview accordée au quotidien Tianjin Daily.
Le club est situé dans un parc d'innovation, sur les bords du fleuve Haihe, traversant Tianjin d'ouest en est. Le club essaie d'entrer en contact avec les jeunes employés au travers de sites de réseaux sociaux comme Douban.com ou QQ.com. Ces jeunes se retrouvent alors pour des séances de cinéma, de lecture, pour des voyages, faire de la photo, cuisiner ou juste discuter.
Ma Yongmei, également fondatrice, observe que le club accueille de nouveaux membres tous les week-ends. « Tous sont à la recherche d'un mode de vie plus simple », dit-elle.
« Prendre le temps de vivre transformerait votre vie », affirmait Hong Zhaoguang, conseiller principal au ministère de la Santé et vice-président de l'Association pour la santé des personnes âgées, lors d'une récente interview avec Beijing Television Station.
« "Prendre le temps de vivre", ne veut pas dire être fainéant ou flemmard, précise Hong. Cela implique essentiellement un retour vers un mode de vie plus naturel et plus harmonieux. »
Hong suggère notamment aux gens de ne pas ramener de travail chez eux, de ne pas faire d'heures supplémentaires et de ne pas regarder leur email ou passer des appels professionnels pendant le week-end.
À la place, il leur conseille de consacrer du temps à l'exercice physique, à la cuisine, à la lecture, au jardinage ou simplement de se relaxer, toutes ces activités favorisant la longévité.
Manger sur le pouce n'est pas non plus une pratique saine
Récemment, un sondage conduit par le magazine pékinois Life Times et le portail Internet Sohu.com a montré que les gens ne prenaient pas vraiment le temps de manger. Sur les 2 743 personnes ayant répondu, 43,31 % ont déclaré qu'elles ne consacraient parfois que cinq minutes à leur repas. Lorsqu'on leur demande pourquoi, 29,02 % mettent en cause leur mode de vie effréné.
Ma Guansheng, directeur adjoint de l'Institut sur la diététique et la sécurité alimentaire au Centre de contrôle et prévention des maladies de Chine, explique que le Guide diététique à l'attention des Chinois, réalisé par des nutritionnistes recommande aux gens de consacrer au moins 15 à 20 minutes à leur petit déjeuner et environ une demi-heure au déjeuner et dîner.
Manger lentement et mâcher davantage les aliments est bon pour la santé. Les experts avancent en effet que cela stimule la sécrétion de salive et de sucs gastriques, ce qui rend le repas plus facile à digérer. Cela favorise également la perte de poids et la réduction du stress.
« Le rythme de vie citadin déforme notre vie et notre environnement. Nous devons lutter contre un tel rythme, en commençant par prendre le temps de manger », déclare Zhao Zeming, un membre de la Slow Food Organization au Hangzhou Daily, un quotidien de la province du Zhejiang. « Le Slow Food c'est-à-dire prendre le temps de manger, était auparavant une tradition, c'est aujourd'hui devenu une mode », observe-t-il.
Ville lente
Cittaslow International, littéralement « Slow City » a été fondée en Toscane, en Italie, en 1999. C'est une organisation rattachée à celle de la Slow Food. Cittaslow résiste à la précipitation et à l'homogénéisation fréquemment observée dans les autres villes. Elle célèbre la diversité des cultures et spécialités d'une ville.
L'escargot est utilisé comme emblème par Cittaslow pour dési-gner les villes soutenant l'initiative. À ce jour, on dénombre 135 villes accréditées dans 24 pays à travers le monde.
Fin 2010, Yaxi, dans le district de Gaochun, situé dans la province du Jiangsu dans l'est de la Chine, a été désigné comme « ville lente » par Cittaslow. C'est la première de Chine à recevoir ce titre.
La petite ville, avec une population de tout juste 20 000 habitants possède 49 km² de champs de thé biologique, d'herbes chinoises et d'orchidées.
« Lorsqu'Angelo Vassallo, le vice-président de Cittaslow s'est rendu à Yaxi pour la première fois, il a été grandement impressionné par les ressources naturelles et culturelles locales », déclare Zuo Nian sheng, rédacteur en chef du journal local, Gaochun Today.
La plupart des villes chinoises, avec leur grande population, ne peuvent prétendre à ce titre, ne respectant pas un seul des critères de Cittaslow. « Les critères sont actuellement très stricts, aucune ville de plus de 50 000 résidents ne peut être qualifiée de "ville lente" », explique le président de Cittaslow, Pier Giorgio Oliveti.
Wang Hongtao, habitant de Yaxi, a confié au China Daily que son index du bonheur était sans doute bien plus élevé que celui des résidents de Beijing ou Shanghai.
Ce qui est probablement vrai. En octobre dernier, la chaîne China Central Television (CCTV) a donné un classement des villes chi-noises dont les habitants étaient les plus heureux et de nombreuses villes importantes, mais effervescentes comme Guangzhou ou Shenzhen ne figuraient pas sur la liste.
Le classement de CCTV est basé sur un sondage effectué auprès des résidents de 104 villes et 300 districts de tout le pays. En tout, 88 000 questionnaires ont été remplis. |