MATRIARCHE: Première statue chinoise de déesse
Pendant des années, le minerai de fer a été exploité dans la zone Niuheliang, à quelques kilomètres de la ville de Chaoyang, dans le nord-est de la province chinoise du Laoning. Le minerai de fer à haute teneur de la mine a fait de Lingyuan Iron and Steel Group une des plus importantes entreprises locales. Mais maintenant, celle-ci est contrainte de chercher ailleurs d'autres gisements de minerai. Niuheliang, une région rurale du sud-ouest de Chaoyang, est l'objet d'une campagne visant à restaurer l'environnement et partager sa culture magnifique avec le monde.
Niuheliang est l'un des principaux sites de la culture Hongshan, une culture néolithique du nord de la Chine, s'étendant de la vallée de la rivière Wuerjimulun à Chifeng, région autonome de la Mongolie intérieure au nord, à Chaoyang, Lingyuan et la partie nord de la province du Hebei au sud, et s'étend vers l'est jusqu'aux villes de Tongliao et de Jinzhou. Datant de près de 6 000 ans, la culture Hongshan est l'une des civilisations les plus anciennes et les plus avancées découvertes à ce jour en Chine, représentée par la statue de la Déesse, des tombeaux aux colonnes de pierre et des poteries de couleur.
Selon Su Bingqi, un célèbre archéologue chinois, la découverte des reliques culturelles de Hongshan fait reculer la naissance de la civilisation chinoise de 1 000 ans, et fait du bassin de la rivière Liaohe, d'où est originaire la culture Hongshan, l'un des berceaux de la civilisation chinoise (les autres étant le fleuve Jaune et le Yangtsé).
Protection du patrimoine culturel
En 2002, 21 ans après la découverte des reliques de Hongshan, une décision importante a été prise: inscrire la culture de Hongshan au patrimoine culturel mondial. Au lieu de se lancer dans une promotion de grande envergure, le gouvernement a commencé par l'aspect le plus élémentaire, mais fondamental : l'amélioration de l'environnement écologique. Comme la mine de fer était située dans les 58 km2 de la zone protégée, où les vestiges culturels sont nombreux, elle a été immédiatement fermée. La fermeture de la mine a causé d'énormes pertes financières, mais a restauré l'environnement et permis de protéger les trésors.
Meng Zhaoguang, ancien directeur du bureau de la culture de la ville de Chaoyang, était membre du comité directeur à cette époque. Selon lui, la valeur fondamentale du patrimoine culturel dépasse la culture elle-même. « Nous ne devrions pas seulement découvrir la valeur des vestiges culturels. L'environnement qui coexistait avec cette culture doit être protégé aussi », déclare-t-il à CHINAFRIQUE.
Fort de cette conviction, le gouvernement a investi un total de 300 millions de yuans (46 millions de dollars) dans l'amélioration de l'environnement. En 2005, les cinq entreprises et les 72 foyers de la zone protégée ont été relogés. En 2008, l'amélioration de l'environnement était achevée et deux projets ont été officiellement lancés: la demande d'inscription au patrimoine culturel mondial et la construction du parc national de Niuheliang, qui devrait être ouvert au public en 2012.
Protéger les reliques était une tâche à plein temps. Pour Lu Zhenguo, membre du personnel du bureau d'administration des reliques culturelles de Niuheliang, la protection culturelle est devenue le quotidien. « Nous patrouillons la zone des vestiges tous les jours», confie Lu à CHINAFRIQUE, une tâche énorme compte tenu de sa superficie de 58 km2.
«Le gouvernement [de la province] a attaché une grande importance et a investi de grosses sommes d'argent pour la protection culturelle, ce qui a eu des conséquences importantes», explique M.Meng. Et ça ne concerne pas simplement Niuheliang. Selon M.Meng, d'autres reliques culturelles ont également été protégées. L'année dernière, le gouvernement a alloué 50 millions de yuans (7,7 millions de dollars) pour la rénovation des pagodes de la dynastie des Liao (916-1125) dans toute la province.
Grâce au soutien du gouvernement, le parc national de Niuheliang sera bientôt ouvert au public. Il comptera plus de 30 sites historiques, dont 16 seront ouverts au public. Selon M.Meng, seuls quelques-uns d'entre eux présenteront les reliques réelles, comme le site 1, où la première statue chinoise de la Grande Déesse a été mise au jour. D'autres sites resteront enfouis, et on montrera des reproductions au public.
M.Meng explique que ceci se justifie pour des raisons liées à la protection: « Notre technologie n'est pas suffisamment avancée pour protéger toutes les reliques. Il est préférable de les laisser aux générations futures. »
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